Conformément au calendrier scolaire, les élèves des niveaux de l’enseignement secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ont repris, ce 1er octobre 2019, le chemin des classes au compte de la rentrée scolaire 2019-2020. Cette année scolaire, comme la précédente, en plus de la tension socio-économique qui monte, est aussi sous la menace sérieuse de l’insécurité.
Ce 30 septembre 2019 au cours d’une conférence de presse en prélude à cette rentrée scolaire très attendue, le ministre de l’Éducation nationale a cité parmi les difficultés auxquelles notre école est confrontée : l’insuffisance de salles de classe, de cantines scolaires, de personnel enseignant, de livres, etc.
Incertitude sur plus de 900 écoles
Aussi, il y a-t-il un besoin de formation des enseignants des écoles communautaires (5000 sur le terrain) pour être au niveau requis. Mais le plus gros défi à relever pour permettre aux enfants de bénéficier de ce droit fondamental d’une éducation de qualité reste celui de l’insécurité. En effet, selon l’UNICEF, l’agence des Nations unies chargée de l’éducation, 900 écoles étaient fermées au Mali, à cause de l’insécurité, à la fin de l’année scolaire 2018-2019, dont plus de la moitié se trouve dans la région de Mopti.
Ce chiffre a été presque confirmé par le ministre de l’Éducation nationale, le Dr Timoré Tioulenta pour qui, ‘’plus de 500 écoles risquent de rester fermées’’ dans le seul centre du pays à cause de l’insécurité. Toutefois, le ministre se veut optimiste : « l’accalmie est revenue depuis la visite du Premier ministre. Il y a des zones qui se stabilisent ».
Par contre, la situation reste volatile dans certaines localités, a-t-il reconnu. Toutefois, le ministre a rassuré que l’ouverture de ces établissements scolaires reste au cœur des préoccupations des plus hautes autorités de notre pays. « Nous allons faire le point des écoles qui n’auront pas pu ouvrir dès la première semaine. L’ouverture de ces écoles constitue une préoccupation partagée par le gouvernement qui est en train d’y travailler », a-t-il rassuré.
L’écart entre syndicat et gouvernement
Si sur la satisfaction du cahier de doléances des syndicats enseignants, le ministre s’est voulu rassurant, il n’en demeure pas moins que des préoccupations demeurent. Sur ‘’9 points d’accord, 6 ont connu un niveau de mise en œuvre satisfaisant pendant que les autres sont en cours d’exécution’’, s’est-il réjoui.
Toutefois, à quelques jours de la rentrée scolaire, les syndicats signataires du 15 octobre 2016 ont animé une conférence de presse ce samedi 28 septembre 2019 à la Maison de l’enseignant.
Il s’agissait pour les enseignants de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur le point d’exécution du procès-verbal de conciliation signé le 18 Mai 2019 entre le Gouvernement et les syndicats signataires.
Le point d’achoppement entre enseignants et gouvernement concerne l’interprétation de la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire de l’Enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale conformément à la majoration intervenue sur la grille du statut général. En effet, suite à l’accord signé entre le gouvernement, le CNPM et l’UNTM, une augmentation de 20% sur la grille a été accordée aux fonctionnaires régis par le statut général. Les enseignants exigent leur prise en compte dans cet acquis syndical. Car, la loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, dispose en son article 39 précise : « TOUTE MAJORATION DES RÉMUNÉRATIONS DES FONCTIONNAIRES RELEVANT DU STATUT GÉNÉRAL S’APPLIQUE DE PLEIN DROIT AU PERSONNEL ENSEIGNANT DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE, DE L’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL ET DE L’ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE ET SPÉCIALE.»
Levée de boucliers
Pour atteindre cet objectif et éviter à notre pays la situation de l’année scolaire 2018-2019, les syndicats de l’éducation ont privilégié, depuis peu, une démarche scientifique et pédagogique en adressant au ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique deux (2) correspondances respectivement, le 30 mai 2019 et le 19 juillet 2019 pour attirer son attention sur la question. Ces deux correspondances ont été répondues timidement en nous mettant à l’attente.
Aussi, les syndicats dans leur quête de solution à l’amiable ont adressé deux (2) correspondances au Premier ministre :
• Une première, le 06 septembre 2019 pour demander l’application de l’article 39 de la loi portant statut du personnel enseignant.
• Une seconde, le 16 septembre 2019, pour demander une audience.
Toutes ces correspondances sont restées sans suite, dit-on.
Ce point de revendication, et l’insécurité grandissante constituent des menaces sérieuses pour la nouvelle année scolaire.
État des lieux peu rassurant
Pour rappel, de 280 écoles fermées au Mali en 2015, l’on est passé en 2016-2017, à plus de 500 écoles, selon le Bulletin de OCHA, l’Agence des Nations unies pour la coordination humanitaire, avec près de 150 000 enfants déscolarisés ou non scolarisés du fait des fermetures d’écoles. Ces augmentations les plus significatives du nombre d’écoles fermées sont dues en général à la reprise des combats entre groupes armés ainsi qu’au climat de violence et de peur liée aux actes terroristes enregistrés dans certaines localités du centre et du nord du pays.
En 2018-2019, la situation est devenue encore plus préoccupante avec au moins 750 écoles fermées au Nord et au Centre du pays et environ 2 millions d’enfants privés d’éducation.
‘’Au moins 750 écoles ont été fermées dans l’ensemble du pays. Presque six ans depuis le début de la crise dans le Nord, et cela continue d’avoir un impact sur les enfants, notamment sur l’éducation (…) plus d’un million d’enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés”, a déclaré la cheffe de l’UNICEF au Mali, Lucia Elimi.
Pour répondre aux besoins des enfants au Mali, l’ONU avait réclamé 22 millions de dollars début janvier, sur lesquels seulement 6%, soit 1,3 million, avaient pu être débloqués. Au cours des derniers mois, les acteurs du secteur de l’éducation, dans les régions de Mopti et Ségou, ont rapporté un nombre croissant de cas d’individus armés ayant proféré des menaces et demandé la fermeture d’établissements scolaires ainsi que d’actes de banditisme contre des enseignants ou des écoles, selon une source de l’organisation onusienne. En plus des localités du centre, l’incursion de jihadistes dans le cercle de Kolokani, à quelques encablures de Bamako, a été signalée par les réseaux sociaux.
Accalmie précaire
Ainsi, l’accalmie annoncée avec les dernières visites du Premier ministre dans les régions du centre du Mali, en juillet dernier, reste précaire et n’incite guère à l’optimisme. Et pour cause, ce lundi 30 septembre 2019, l’armée malienne vient d’enregistrer de lourde perte suite à une double attaque de présumés jihadistes à Mondoro et à Boulkessi. Si c’est une position des FAMa qui était visée à Mondoro, dans la localité de Boulikessi, c’est une position du bataillon malien de la force conjointe G5 qui a été visée.
Selon nos informations, le Bilan provisoire de ces attaques était lourd : en plus des pertes en vies humaines et de blessés, les assaillants ont pu emporter, selon des sources non officielles : 04 pick-up équipés, plusieurs caisses de munitions et des armes. Le camp est complètement détruit suite à l’attaque.
La meilleure manière d’inciter les enseignants et les élèves à aller en classe, c’est la présence de l’armée sur place et sa position de force par rapport à l’ennemi.
Par Sidi DAO
Source: Info-Matin