C’était dans la salle de conférence du Centre Gabriel Cissé de la cité des « Balanzans » de Ségou sous la présidence du Ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, avec à ses côtés, la nouvelle présidente de l’APBEF, Mme Coumba Sidibé Touré, non moins Directrice Générale d’Ecobank Mali, en présence des différents patrons des banques privées du Mali et d’un parterre de directeurs de Publication de journaux et de radios libres du Mali.
La huitième édition de la rencontre de l’Association des Professionnels des banques et Etablissements Financiers du Mali (APBEF) et la presse privée (journaux et radios privés), s’est tenue à Ségou le 16 mars dernier sous la houlette du Dr Boubou Cissé, Ministre de l’Economie et des Finances, en présence du gouverneur de la quatrième région, du maire de la ville, d’autres invités ainsi que des Directeurs de journaux et de radios privés venus de toutes les régions du pays.
Les thèmes de l’édition de Ségou étaient : « « Cybercriminalité : Menaces du 21ème siècle pour les banques ? » et « Quel impact des médias dans l’amélioration du taux de bancarisation au Mali ? », bien adaptés à l’actualité nationale et internationale.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par quatre interventions que sont : – le Mot de bienvenue du Maire de la commune urbaine de Ségou Nouhoum Diarra, l’intervention de la présidente de l’APBEF Touré Coumba Sidibé, celle représentant de la Maison de la presse Alexis Calambri. C’est le discours du ministre de l’Economie et des Finances le Dr. Boubou Cissé qui a bouclé la série des interventions.
Et dès l’entame de ses propos, la présidente de l’APBEF, Mme Coumba Sidibé Touré, a adressé ses vifs remerciements au Ministre de l’économie et des finances qui a accepté de rehausser pour la troisième fois consécutive les présents travaux par sa présence. C’est un geste de haute portée que les banques et établissements financiers ont apprécié.
Le représentant de la Maison de la Presse, M. Alexis Kalambiry, Directeur de Publication « Les Echos », dans son allocution a félicité la nouvelle présidente de l’APBEF avant de saluer les efforts du président sortant Moussa Alassane Diallo.
Par ailleurs, l’orateur a fustigé certains agissements en notre sein (articles de presse violents la déontologie du métier) et qui ne font pas la fierté de la presse. C’est pourquoi il appelle nos confrères à plus de professionnalisme. « Cela concoure à la pérennisation de ce partenariat Banque presse », a –t-il dit.
Un partenariat qui a déjà 8 ans aujourd’hui.
Si les sept précédentes éditions qui ont traité généralement les thèmes relatifs au financement et à la relance économique, la huitième a dérogé à la règle. En ce 21ème siècle, l’ère numérique a atteint sa vitesse de croisière. Et les défis à relever sont énormes. C’est pour quoi un des thèmes choisi est : « Cybercriminalité : Menaces du 21ème siècle pour la banque ? ». Le thème a constitué l’ossature de l’intervention de la présidente de l’APBEF qui insistera en ce sens « que les banques sont les cibles privilégiées des hackers » a-t-elle précisé. Pour elle,« le phénomène est désormais une vraie réalité à laquelle, ensemble, nous (APBEF/presse privée) devons faire face ».
L’occasion était propice de rappeler la cyberattaque commise sur la Banque Centrale du Bengladesh en février 2016, où 81 millions de dollars américains ont été transféré de façon frauduleuse vers une banque située en philippines.
Le Ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, dans son discours d’ouverture, a évoqué la singularité et la pertinence de cette rencontre à travers la pertinence des idées et des débats qui sont sans tabou. « La problématique de la cybercriminalité ne doit laisser personne indifférente », a dit le patron des finances du Mali. D’où cet appel du Ministre qui appelle à la vigilance pour la gestion des risques.
Le chef du département a saisi l’occasion pour donner quelques chiffres après l’analyse des principaux indicateurs. Selon lui, la croissance du PIB : 5,3% a été de en 2017 tandisque la prévision pour l’année 2018 est de 5% ; le Taux de l’inflation : 1,0% en 2017 contre 1,4% en 2018 ; Solde budgétaire global : 3,9% du PIB, un niveau relativement faible par rapport aux pays de l’UEMOA. Et légèrement en dessous du déficit de 4,3% envisagé initialement ; la Dette publique : 31,8% du PIBen 2017 contre 30,4% en 2016.
C’est fort de ce qui précède que le Ministre de l’Economie et des Finances a réitéré la disponibilité de l’Etat à soutenir la lutte contre la cybercriminalité. Pour ce faire, il a rappelé certaines lois votées dans ce sens. Notamment celle adoptée en 2016 sur la cybercriminalité, la mise en place d’un pôle judiciaire spécialisé sur la question et la création d’une brigade spécialisée de lutte contre la cybercriminalité.
Après les discours d’ouverture de la rencontre, place était aux exposés sur les deux thèmes suscités.
Le thème sur la Cybercriminalité : Menaces du 21ème siècle pour les banques ? », a été développé par M. Niama Loua Bereté , Directeur de la société Information Security Management Corporation ((ISMA-CORP).
Le conférencier a tout d’abord défini la cybercriminalité comme l’ensemble des infractions pénales qui sont commises via les réseaux informatiques, notamment, sur le réseau Internet. Selon lui, l’un des exemples les plus médiatisés est le “phishing” ou “hameçonnage” qui consiste à réaliser une copie du site internet d’une banque afin de récupérer les coordonnées bancaires des internautes.
Le conférencier a fait ensuite l’état des lieux des attaques cybercriminelles au Mali et dans le monde.
Pour le Mali dit-il, il est revenu sur l’attaque dont a fait l’objet le système informatique de quatre (04) banques maliennes par un réseau de cybercriminels avec à sa tête un jeune ivoirien.
Le mode opératoire des criminels, a précisé le spécialiste, consistait à disposer des données (Nom, prénom, numéro de téléphone, adresse, signature, numéro de compte, photo) de clients fortunés et de certaines entreprises de toutes les banques touchées. C’est en fonction de ces données, a-t-il expliqué, que le hacker avec l’aide de ses complices confectionnait de faux chéquiers correspondants à leurs coordonnées.
Cette action a coûté des dizaines de millions de francs CFA de préjudices causés par ce réseau.
Au plan mondial, le conférencier a indiqué que plus d’une centaine de pays ont été touchés par la vague des attaques cybercriminelles ayant réellement affecté le bon fonctionnement non seulement de grandes entreprises françaises et espagnoles par exemples, et même des hôpitaux.
Selon les estimations données par le directeur d’ISMACORP, la cybercriminalité coûterait à l’économie mondiale annuellement la somme de 500 milliards de dollars, soit plus que le Produit Intérieur Brut de l’Afrique du Sud (350.6 milliards de dollars) et un peu moins que celui du Nigeria (521.8 milliards de dollars), la première économie du continent.
Aux dires du conférencier, le nombre de nouveaux virus a augmenté de 36% l’an dernier pour atteindre plus de 430 millions. Ce qui vient s’ajouter à plus des 280 millions créés l’année précédente.
Au chapitre des bonnes pratiques, M. BERETE recommande aux décideurs d’appréhender la Cyber sécurité comme un problème de gestion des risques à l’échelle de la banque et pas la considérer seulement comme une question informatique
Ils doivent, (s’adressant aux banquiers et aux hommes de médias) aussi comprendre les implications juridiques des cyber-risques pour le contexte spécifique de leur établissement. Il recommande également aux entreprises d’avoir accès à des conseils spécialisés et à l’expertise en matière de Cyber sécurité. Les entreprises doivent aussi fixer régulièrement un temps suffisant sur l’ordre du jour des réunions de la Direction et du Conseil d’administration pour discuter de la gestion des cyber-risques.
Pour terminer, l’expert en cybercriminalité a donné quelques conseils pratiques à observer afin de faire face aux multiples menaces.
Quant au thème : « Quel impact des médias dans l’amélioration du taux de bancarisation au Mali ? », il a été développé par le président de la Maison de Presse Dramane Aliou KONE, assisté de Alexis KALAMBRY.
Dans son intervention, le président de la Maison de la Presse a regretté le faible taux de bancarisation dans notre pays qui se chiffre à un peu plus de 14%. Avec ce chiffre, le Mali est en retard par rapport aux pays voisins comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui ont réussi la prouesse de doubler leur taux de bancarisation en dix ans.
L’embellie observée dans ces pays, selon M. KONE, s’explique par l’adoption d’un véritable programme de sensibilisation et de communication à l’endroit des populations pour briser les tabous et autres idées reçues sur la banque. A cela s’ajoute la formation des journalistes sur l’information financière.
Pour sa part, M. Alexis KALAMBRY, a souligné la nécessité d’améliorer la communication dans les banques. L’existence d’un service de communication dans les banques, a-t-il dit, est une étape au-delà de laquelle il faut aller. La deuxième étape, dira-t-il, doit consister en l’implication des responsables de communication depuis l’élaboration des programmes afin qu’ils s’en approprient véritablement en vue d’affiner une stratégie de communication. Il a également appelé les journalistes à plus de prudence dans la livraison de certaines informations qui pourraient être de nature à faire peur aux clients.
Cette journée de travail a été émaillée de débats contradictoires et même houleux souvent, mais francs pour que ce partenariat Banque-presse privée soit gagnant-gagnant.
C’est à ce travail que la nouvelle présidente de l’APBEF, veut s’atteler.
Des recommandations ont été formulées allant dans le sens de l’amélioration du partenariat APBEF/Presse privée. En tout cas, un vrai hommage a été rendu à M. Moussa Alassane Diallo, président de l’APBEF et DG de la BNDA qui est parti à la retraite.
Bokari Dicko, envoyé spécial
Par Mali Demain