Maîtres d’œuvre de la révision constitutionnelle prévue pour le dimanche 9 juillet prochain, le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités, Tiéman Hubert Coulibaly et celui des Droits de l’homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, ont sonné le tocsin de la mobilisation pour que le maximum de Maliens puisse sortir et manifester leur vote. C’est ainsi qu’ils ont rencontré le vendredi 9 juin 2017 au département de l’Administration territoriale, les communicateurs traditionnels, les Assemblées permanentes des chambres d’Agriculture et des Chambres de métiers, la Chambre de commerce et d’Industrie du Mali et les artistes.
En recevant les communicateurs traditionnels, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly leur a expliqué l’historique et les motivations de la révision constitutionnelle. Aux dires du ministre Tiéman, c’est le président Alpha Oumar Konaré qui a été le premier à prendre des initiatives pour cette révision constitutionnelle. Mais il butera au refus des politiques. Arrivé au pouvoir, Amadou Toumani aussi tentera cette révision constitutionnelle. Mais il chutera entre temps avec les événements de 2012. C’est ainsi que le président Ibrahim Boubacar Kéita a pris le flambeau pour faire aboutir cette révision constitutionnelle. “Pour la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, cette révision constitutionnelle est devenue une nécessité. Elle ne se fait pas pour IBK. Elle ne se fait pas pour qu’IBK devienne un monarque. Sans cette révision constitutionnelle, il n’y aura pas de paix au Mali. Dans cette révision de la Constitution, il est prévu la création du Sénat qui est une recommandation de l’accord de paix. Et dans ce Sénat les autorités traditionnelles, coutumières, religieuses comme les communicateurs traditionnels peuvent être représentés”, a-t-il argumenté, avant de solliciter l’accompagnement des communicateurs traditionnels dans la sensibilisation et la mobilisation pour que le maximum de Maliens puisse sortir et aller voter le jour du référendum.
Dans son intervention, le ministre Me Kassoum Tapo indiquera qu’il a déjà rencontré les familles fondatrices de Bamako et des notabilités ainsi que des chefs coutumiers par rapport à la réforme institutionnelle. A ses dires, ces personnalités sont concernées par cette révision constitutionnelle car, elles seront représentées dans le Sénat. “Si on ne tient pas le référendum parce qu’il y a la crise, nous allons concéder aux ennemis de la paix. Nous avons voulu mettre la Charte de Kouroukanfouga, mais les députés n’ont pas voulu de cela. Vous les communicateurs, vous êtes importants parce que les rôles que vous jouez sont importants dans la vie des populations. C’est pour cette raison que nous avons tenu à vous rencontrer pour que vous puissiez nous aider à réussir le référendum qui est une nécessité pour le Mali”, a-t-il ajouté.
Le quitus des communicateurs traditionnels
Moctar Koné, le président du Récotrade (Réseau des communicateurs traditionnels) s’est dit honoré de l’appel des ministres. “S’il y a la paix au Mali, ce sont les griots qui sont les premiers à en bénéficier. Nous sommes dans notre rôle de communicateurs traditionnels. Et nous allons jouer pleinement notre rôle de communicateurs. Mais nous voulons attirer votre attention sur le fait que les propos des communicateurs traditionnels ne sont pas diffusés sur les médias publics. Nous voulons que les populations soient informées de ce que nous disons dans nos langues nationales. Nous ne voulons pas que nos propos soient censurés. Il faut donner cette possibilité aux griots d’être écoutés”, a-t-il préconisé, avant de donner la parole à Hamadoun Dagamaïssa qui a promis aux ministres de transmettre toutes les informations de mobilisation sur le référendum. “Nous allons diffuser les informations sur le référendum car les communicateurs traditionnels ont été associés à la signature de l’Accord d’Alger et de la Conférence d’entente nationale. Le référendum ne concerne pas une seule personne. Il est fait pour le peuple malien. Nous allons jouer notre partition pour réussir le référendum. Nous sommes honorés d’être associés à cette campagne référendaire. Nous demandons à tous les communicateurs traditionnels de bien véhiculer les messages donnés par les deux ministres”, a-t-il indiqué.
Après les communicateurs traditionnels, la délégation de l’Apcam (Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali) dirigée par Siriman Sacko a été reçue par les deux ministres. Et au ministre Tiéman de revenir sur les messages portant sur la révision constitutionnelle qui, à ses dires, est une nécessité pour respecter les engagements que le Mali a pris avec ses partenaires pour la mise en œuvre de l’accord de paix et pour le respect de l’architecture régionale. “L’Apcam étant un instrument de développement à travers l’agriculture doit prévaloir dans la révision constitutionnelle. Nous avons tenu à rencontrer l’Apcam pour qu’elle mobilise le maximum de Maliens afin qu’ils puissent sortir massivement et participer au référendum”, a dit Tiéman Hubert Coulibaly. En complétant son homologue, Me Kassoum Tapo dira qu’ils comptent sur l’Apcam pour faire sortir les paysans afin qu’ils participent massivement au référendum dont la période va correspondre à celle des cultures.
L’accompagnement de l’Apcam
Siriman Sacko, au nom de son président, Bakary Togola, s’est dit enchanté d’être associé à la campagne référendaire. “Nous avons entendu l’appel des deux ministres qui nous ont demandé de porter la bonne parole concernant le référendum du 9 juillet prochain. Ils nous ont expliqué les raisons qui ont amené l’Etat à organiser cette révision constitutionnelle qui est une exigence pour la paix et la stabilité du pays et le renforcement de la démocratie. Nous leur avons dit que nous avons pris bonne note de leur sollicitation, mais que nous avions émis beaucoup de réserves à notre niveau et que nous sommes les envoyés de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture et que nous allons rendre compte. Et notre président va informer tous les autres membres pour avoir leurs avis. Nos réserves étaient en rapport avec le moment du référendum qui correspond aux périodes de culture. Ensuite, nous leur avons dit que nous n’avons pas l’intégrité du territoire national. Nous avions aussi émis des réserves par rapport à la référence à Kouroukanfouga alors que nous avons le Khasso, le Mandé, le Bélédougou, le Kénédougou. Nous avions aussi des observations par rapport au Sénat. Parce que pour nous, ce Sénat va être budgétivore alors qu’on voulait que l’Assemblée nationale soit renforcée. On avait aussi fait des exigences sur une synthèse des avantages et des modifications de la Constitution pour les traduire dans nos langues nationales afin de mieux les porter dans toutes les contrées du pays.
A part l’aspect du Sénat, toutes nos observations sont prises en compte. Ils nous ont demandé de leur envoyer des représentants pour qu’ils puissent travailler avec eux. Ce que les deux ministres nous ont demandé, c’est de porter la mobilisation au niveau de tous les producteurs pour que l’ensemble soit mobilisé pour avoir un taux de participation très élevé au référendum, quel que soit le niveau d’expression des uns et des autres en oui ou en non. Notre rôle n’est pas d’influer sur le vote, mais ils ont demandé d’expliquer le bien-fondé de ce référendum aux producteurs. Donc, nous sommes dans une logique de porter l’information aux producteurs pour qu’ils sortent massivement pour voter au référendum afin de renforcer la démocratie et stabiliser le pays. Dire aux gens de voter oui ou non n’est pas notre mandat. Notre institution ne peut pas se prononcer pour la participation. Nous ne donnerons aucune consigne pour influencer le vote. Nous allons accompagner l’Etat dans la mobilisation pour le référendum. Et cela pour l’unité du pays. Nous sommes une institution, nous ne sommes pas un parti politique, nous sommes 80 % du pays, nous allons faire sortir nos membres pour qu’ils aillent massivement voter pour la démocratie, la stabilité et l’unité du pays”, nous a confié Siriman Sacko.
Les artisans dans la campagne
En face des représentants de l’Assemblée permanente des chambres des métiers (les artisans) conduits par leur président Mamadou Minkoro Traoré, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly s’est étalé sur le rôle que jouent les artisans dans la lutte contre le chômage et la pauvreté. A ses dires, les artisans contribuent fortement à l’économie nationale et à la stabilité du pays. Et l’artisanat ne peut pas se développer dans un pays instable. “A ce titre, il était important de vous rencontrer pour vous associer à la révision constitutionnelle rendue nécessaire parce qu’une disposition de l’Accord issu du processus d’Alger le recommande. Il faut faire ce référendum car les élections présidentielles doivent se tenir en 2018. La grandeur de la nation demande cela. La révision constitutionnelle n’est pas faite pour IBK. C’est pour cette raison qu’il a dit de ne pas toucher au chapitre sur le mandat. Donc, il tait nécessaire de vous rencontrer pour vous informer de l’organisation du référendum afin que vous nous aidiez dans la mobilisation pour que le maximum de Maliens puisse y prendre part en votant en leur âme et conscience. En tant que ministre de l’Administration territoriale, je suis chargé de faire en sorte que ce référendum se passe bien. C’est pour cette raison que j’ai tenu à vous rencontrer pour que vous puissiez m’accompagner dans la mobilisation”, a-t-il expliqué aux artisans.
Mamadou Minkoro Traoré a apprécié à sa juste valeur la démarche du ministre Tiéman Hubert Coulibaly. Il s’est dit honoré de cette rencontre qui a permis d’avoir des éclaircissements sur certains points sombres concernant la révision constitutionnelle. Au nom de ses adhérents, il s’est engagé à accompagner le ministre Tiéman Hubert Coulibaly.
Les 294 élus de la Ccim
dans la campagne
En recevant les opérateurs économiques de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim), le ministre Tiéman Hubert Coulibaly est revenu sur l’historique de la révision constitutionnelle. “Il faut aller à l’essentiel. Et l’essentiel aujourd’hui, c’est la crédibilité de l’Etat vis-à-vis de ses partenaires. Le prix de la paix passe par l’organisation du référendum. Nous vous demandons de vous impliquer dans la mobilisation pour que le maximum de Maliens puisse prendre part au référendum. Et je pense qu’il est possible de faire cette consultation référendaire. L’hivernage ne doit pas être un obstacle pour empêcher cette consultation”, a-t-il dit.
Au nom de la Ccim, Youssouf Bathily a remercié le ministre Tiéman Hubert Coulibaly (qui n’est pas un inconnu dans le milieu des affaires) d’avoir pensé à eux pour la campagne référendaire. Après avoir présenté son bureau, M. Bathily a promis au ministre l’accompagnement des opérateurs économiques dans la sensibilisation et la mobilisation. “Nous faisons des bénédictions pour qu’il ne pleuve pas le jour du référendum. Il faut faire cette élection. La Ccim a 294 élus. Nous ferons en sorte que ces élus s’impliquent dans la sensibilisation et la mobilisation du maximum de Maliens. Nous ne pouvons que vous soutenir dans l’organisation du référendum. Nous souhaitons que de telles initiatives se poursuivent “, a-t-il rassuré le Ministre qui a remercié la délégation de la Ccim pour l’engagement dans la réussite de cette campagne référendaire.
Les artistes dans la danse
Les artistes du Mali étaient la 5e corporation à être reçue par le ministre Tiéman Hubert Coulibaly qui a expliqué que “rien ne peut se faire sans les artistes. L’art dans toutes ses manifestations est la manifestation supérieure de l’intelligence. C’est l’artiste qui arrive à faire rire et à faire pleurer les gens en même temps. Cela est extraordinaire, émouvant”, a-t-il flatté les artistes, avant de rendre hommage à Haïra Arby, M’Baye Boubacar Diarra, Abdoulaye Diabaté et d’autres artistes présents dans la salle et qui, à ses dires, ont toujours chanté, peint la paix. Après cet hommage, il les sollicitera pour accompagner le ministère de l’Administration territoriale qui est le maître d’œuvre de cette consultation populaire. “Nous sommes obligés de faire cette révision constitutionnelle qui n’est pas faite pour IBK. Le président IBK n’a aucune ambition de s’agripper au pouvoir. La révision constitutionnelle ne veut pas dire faire une nouvelle Constitution. Si nous ne faisons pas la révision constitutionnelle, nous n’aurons pas la paix au Mali. Et sans la paix, vous les artistes, vous ne pourrez plus aller au Nord pour animer des festivals. Ce que nous cherchons, c’est que le maximum de Maliens participe à ce référendum. Ils peuvent voter oui comme ils peuvent voter non. Avec la révision constitutionnelle, il y aura le Sénat dans lequel les chefferies traditionnelles, les autorités coutumières et les artistes peuvent être représentés. Le président nomme 30 % des membres du Sénat, mais il ne peut pas le dissoudre. Et à la fin de son mandat ou de ses mandats, il laissera le Sénat avec le nouveau président élu. Ce qui veut dire que le Sénat n’est pas le Sénat du président IBK. Cette révision constitutionnelle vaut la peine pour le Mali. Et chaque Malien doit se sentir concerné par cette consultation référendaire. C’est pour cette raison que j’ai tenu à vous rencontrer pour que vous nous aidiez dans la sensibilisation, la mobilisation, pour que le maximum de Maliens participe au référendum. Nous savons que vos messages portent loin. Donc, nous comptons sur vous pour faire sortir les Maliens le jour du référendum”, a-t-il sollicité les artistes. Et M’Baye Boubacar Diarra de le remercier pour les avoir associés à cette campagne référendaire. Ils s’engageront à accompagner le Ministre.
Siaka Doumbia
Par Aujourd’hui-Mali