Des milliers de manifestants sont sortis dans les rues de la ville de Djenné, hier, lundi 23 août dernier, pour dénoncer la recrudescence de l’insécurité dans le cercle et même au-delà, dans toute la région de Mopti. C’est ainsi que tout le long du trajet, ils ont scandé des slogans favorables à une plus grande implication de l’Armée pour barrer la route à l’avancée des terroristes.
Depuis un certain temps, le cercle de Djenné, dans la région de Mopti, a sombré dans un cycle de violence indescriptible. Régulièrement, des affrontements meurtriers opposent chasseurs traditionnels (Dozo) à des éléments de la Katiba Macina d’Ançar Dine. Très souvent, ce sont ces derniers qui prennent le dessus, obligeant les populations locales à se soumettre à leur volonté ou à quitter leur terroir.
On se souvient que, le 16 août dernier, près de 17 éléments de la confrérie Dozo ont été tués par des terroristes de la Katiba Macina d’Ançar Dine. Ces derniers ont même fait circuler sur les réseaux sociaux des vidéos des affrontements survenus près de la localité de Marébougou, dans le cercle de Djenné, montrant des cadavres de plusieurs chefs de la confrérie Dozo abattus ainsi que la saisie de plusieurs biens leur appartenant, comme les armes, les munitions, des téléphones portables, entre autres. Ces affrontements avaient aussi fait une dizaine de blessés et environ 60 portés disparus dans les rangs des chasseurs traditionnels.
Le 20 août, c’était au tour des localités de Saré-Maré et Simaye, toujours dans le cercle de Djenné, d’être le théâtre d’affrontements entre chasseurs traditionnels (Dozo) et terroristes de la Katiba Macina. Le bilan fait état d’au moins une dizaine de morts dans les rangs des chasseurs traditionnels. Lesquels ont aussi abandonné une dizaine de motos, des armes, des munitions et d’autres matériels au profit des terroristes.
Selon une source bien introduite, les affrontements, opposant les deux camps, ont déjà fait plus d’une centaine de morts et occasionné des vols de milliers de têtes de bétails, depuis le mois d’avril. Et les populations disent être très inquiètes de cette crise sécuritaire qui a connu une recrudescence exécrable ces derniers temps. A cette situation s’ajoute aussi le déplacement de près de 300 ménages, abandonnant tout derrière eux.
Il convient de rappeler qu’à ce jour, le Mali compte plus de 386.000 déplacés internes. La région la plus touchée par ces mouvements de populations est surtout celle de Mopti, qui compte 157.415 personnes déplacées internes. Suivent les régions de Gao (91.811) Tombouctou (57.850) Ségou (39.795) et Ménaka (19.916).
On saisit ainsi mieux la situation sécuritaire très précaire qui prévaut dans la cinquième région administrative du Mali. Ici, plusieurs localités n’ont d’autres choix que de subir le diktat des terroristes pour bénéficier d’un minimum de liberté de mouvement. Toute forme de protestation ou le refus systématique de soumission entraine un embargo sur certaines localités du Centre où l’Etat peine à faire son retour effectif.
Cette situation a engendré une insécurité généralisée dans la région de Mopti, où, malgré la poursuite des opérations militaires, les groupes armés continuent de démontrer une capacité accrue à frapper des cibles civiles et militaires, ainsi que les forces de maintien de la paix. Sans compter l’exploitation par les terroristes des rivalités locales, la concurrence pour les ressources et la violence inter communautaire. S’y ajoutent des problèmes liés à l’anarchie et au banditisme que la région connait déjà depuis de nombreuses années.
Ce sont là, entre autres, les raisons de cette manifestation, organisée, hier lundi 23 août 2021, par les populations de Djenné. Dans les jours à venir, il n’est pas exclu d’autres manifestations mobilisant encore plus de monde à Djenné et même dans d’autres cercles de la région de Mopti, qui ne connait aucun répit.
M.D
Source: l’Indépendant