Le samedi 11 Mars 2023, lors de la conférence du parti ASMA-CFP ( Alliance pour la Solidarité au Mali- Convergence des Forces Patriotiques dont le président était Soumeylou Boubèye Maïga), Ras bath a tenu ces propos :
« […] Boubèye Maiga a été assassiné […] , […] malgré les messages et les communiqués d’alertes de la famille de Boubèye, de ses médecins, de ses avocats sur son état de santé et de l’urgence de son évacuation sanitaire, le CNT, organe législatif chargé de contrôler l’action gouvernementale dont celle du ministère de la justice et des droits de l’homme, n’a pas interpellé le ministre de la justice […] , […] les Militants du parti ASMA, présents au CNT avec la bénédiction de Boubèye, ont brillé par l’inaction […] , [….] les membres des partis dits du mouvement démocratique, garants des droits et libertés fondamentaux, n’ont également pas interpellé le gouvernement jusqu’à la survenance de l’irréparable : la mort de Boubèye Maïga […] »
Suite à ces propos, le chroniqueur et responsable de la communauté des rastas du Mali (CORASMA) a été interpellé le 13 mars 2023.
Dans un premier temps, le procureur du tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako, Idrissa Touré, l’a poursuivi pour simulation d’infraction. Le 28 mars 2023, le procureur Touré saisit son juge d’instruction, Sidi Maiga, avec de nouvelles charges : association de malfaiteurs, offense au chef de l’État, atteinte aux bonnes mœurs. Ce n’est pas tout, on retrouve sur le mandat remis à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) de Bamako les charges d’atteinte au crédit de l’État, propos à caractère racistes et; puis sur le mandat de renouvellement remis à la MCA de Koulikoro l’infraction d’escroquerie. Ainsi, de Mars 2023 à septembre 2023, soit 6 mois, le procureur Touré et son juge d’instruction, Sidi Maiga, n’auraient posé aucun acte d’instruction au fond.
Pire, toutes les demandes de mise en liberté ont été refusées. C’est dans ce contexte que le dossier s’est retrouvé à la Cour d’appel. Ainsi pendant 6 mois, de septembre 2023 à mars 2024, le Procureur de la Cour d’appel, Hamadoun dit Balobo Guindo, a géré le dossier qu’il a fini par transmettre au doyen des juges d’instruction du Pôle de la cybercriminalité, Moussa Diarra.
De mars 2024 au 13 juillet 2024, soit près de 5 mois, le dossier n’aurait connu aucun traitement. Car à ce jour, tout comme dans le cas des juges du tribunal de la commune IV, le Procureur du pôle de cybercriminalité, Adama Coulibaly et, le juge d’instruction Moussa Diarrra n’ont pas interrogé Ras Bath.
Selon des sources proches des avocats de Ras Bath que sont Me Bathily et Me Tapo, le Procureur, Adama Coulibaly, dit vouloir personnellement assister à l’interrogation au fond. Et, il aurait demandé au juge d’instruction, Moussa Diarra, de bien vouloir sursoir à programmer Ras Bath pour l’instant car, lui, Adama, n’est pas encore disponible. En attendant que le procureur Coulibaly soit disponible, Ras Bath croupit en prison et le 13 novembre prochain, il bouclera son vingtième mois de détention.
Certes, le temps de la justice n’est pas celui des justiciables. Toutefois, le cas de décès de deux figures emblématiques de la contestation laisse à méditer. Beaucoup d’autres leaders ont été arrêtés, jugés et condamnés alors que ces deux étaient déjà derrière les barreaux.