Dans son dernier rapport trimestriel, en date du mois de mars, le Secrétaire général de l’ONU a indiqué que la situation sécuritaire dans le nord du Mali est restée complexe, tandis qu’elle n’a cessé de se détériorer dans le Centre et dans la région de Koulikoro. » Il y a eu 267atteintes à la sécurité, qui ont fait 225 morts et 149 blessés parmi les civils, ainsi que 130 signalements d’enlèvements de civils » a déploré le Secrétaire général de l’ONU. Ce dernier rapport couvre la période de janvier à Mars 2019.
Le Secrétaire général précise dans son rapport que « le nombre le plus élevé d’attaques asymétriques a été enregistré dans le centre du Mali. Vingt-huit attaques ont eu lieu dans la région de Mopti et quatre dans la région de Ségou. Quatre attaques ont été signalées dans la région de Koulikoro, dans l’ouest du Mali. La plupart des attaques dans le centre ont visé les FAMas, dont 22 à Mopti et quatre à Ségou. Trois attaques ont été recensées dans l’ouest, à Koulikoro, dont une, le 24 février contre le camp Boubacar Sada Sy« . Il indique que les Forces de défense et de sécurité maliennes sont demeurées les principales victimes des attaques asymétriques avec 49 tués et 49 blessés. Il note que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a revendiqué 18 attaques asymétriques perpétrées pendant la période considérée, dont 11contre les FAMas, quatre contre la MINUSMA, une contre l’EUTM et deux contre des groupes armés signataires et non signataires.
La pose d’engins explosifs improvisés, en particulier le long des principaux axes de communication constituaient toujours une grave menace pour la sécurité. Il relève que dans le centre du pays » la fréquence des incidents liés à ces engins a plus que triplé, passant de 29 en 2017 à 97en 2018, et le nord a continué d’être touché par ces incidents (101en 2017et116 en 2018) « . Bien que les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA demeurent les principales cibles des attaques asymétriques, en 2018, ce sont bien les civils qui en ont le plus pâti. « 234victimes (39%) sur un total de près de 600 personnes, soit presque trois fois plus que pour toute l’année2017 » a-t-il fait remarquer.
» Les civils, victimes de violences ciblées et indirectes «
S’agissant de la protection des civils, le Secrétaire général de l’ONU a indiqué que ces derniers » continuent d’être victimes de violences ciblées et indirectes, en particulier dans le centre du pays, où les activités de groupes extrémistes violents et l’intensification des violences intercommunautaires constituent les deux principales menaces pesant sur les civils « . Les violences intercommunautaires se sont produites essentiellement entre » les Dogon et les Peuls dans les cercles de Koro et de Bankass et entre les Peuls et les Bambaras à Djenné » déplore le Secrétaire général. Avant d’ajouter : » Il y a eu 267atteintes à la sécurité, qui ont fait 225 morts et 149 blessés parmi les civils, ainsi que 130 signalements d’enlèvements de civils, alors qu’au cours de la période précédente, on avait enregistré 109 atteintes à la sécurité, qui avaient coûté la vie à 108 civils, dont un enfant, et fait 43 blessés, dont cinq enfants et une femme « .
Il estime que » l’une des attaques les plus meurtrières » s’est produite, le 1er janvier, dans le village peul de Koulogon, dans le cercle de Bankass (région de Mopti), où quelque 37civils (dont 1femme et 4enfants) ont été tués. Les autorités judiciaires nationales ont ouvert une enquête sur cette attaque et engagé des poursuites contre des suspects identifiés, avec l’appui de la MINUSMA. « C’est la première fois que les autorités judiciaires mènent une enquête approfondie sur un conflit intercommunautaire de cette ampleur dans une zone reculée, ce qui démontre la volonté des autorités judiciaires maliennes de traduire en justice les responsables de crimes liés à un conflit de cette nature » souligne le rapport.
La situation sécuritaire au nord du pays est aussi loin d’être sous protection. Suivant le rapport, il a été enregistré » une recrudescence des atteintes à la sécurité touchant des civils à Ménaka, dont 49 ont été tués et quatre blessés, lors de huit atteintes à la sécurité, contre 41 tués et 19 blessés au cours de la période précédente. Dans les régions de Ménaka et de Gao, en particulier à Ansongo, des membres présumés de l’État islamique du Grand Sahara ont attaqué des villages et des marchés et se sont heurtés à des groupes armés signataires et dissidents, dont le Groupe d’autodéfense des Touaregs Imghad et leurs alliés et le Mouvement pour le salut de l’Azawad « . Il s’y ajoute que le 19 décembre, des éléments armés radicaux ont tué six civils daoussak au marché d’Abougoulou(Ménaka). Cette attaque a été suivie d’un affrontement entre les combattants du MSA et l’État islamique du Grand Sahara dans le village de Tigezifi. Et le 15 janvier, une embuscade contre le Mouvement pour le salut de l’Azawad des Daoussak à Inékar Ouest et Taghatert a fait 26 morts parmi les civils.
» 827écoles toujours fermées au centre et au nord «
Il a été fait mention de graves violations des droits de la personne, dont la plupart ont été enregistrés dans le centre du pays et le long de la frontière avec le Burkina Faso et le Niger. » La MINUSMA en a recensé 79, qui ont fait, au moins, 422 victimes, dont, au moins, 24 femmes et 11enfants « . La région de Mopti a enregistré, à elle seule, 54 cas de violations des droits de l’homme.
Le rapport a également mis l’accent sur les fermetures d’école, principalement liées à l’insécurité et aux menaces directes proférées par des groupes extrémistes armés qui imposaient des pratiques religieuses, entraînant le retrait des enseignants. « Au total, 827écoles étaient encore fermées au Mali, dont 513 à Mopti, 77 à Tombouctou, 74 à Gao, 77 à Ménaka, 36 à Kidal, 30 à Ségou et 20 à Koulikoro; de ce fait, environ 244 000 enfants n’allaient pas à l’école et n’avaient plus accès à l’éducation » a rapporté le Secrétaire général.
A.D
Source: l’Indépendant
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