Le rapport d’analyse du Groupe de Suivi Budgétaire (Gsb) sur la cohérence du budget genre 2014 et le budget d’État 2014 met un accent particulier sur les difficultés de mise en œuvre de la stratégie genre au Mali. Dans le cadre de la réalisation de son projet d’appui aux initiatives de contrôle citoyen de l’action publique, financé par l’ambassade du Royaume de Danemark au Mali, le Groupe de Suivi Budgétaire (Gsb) vient de réaliser le rapport d’analyse de la cohérence du budget genre 2014 élaboré par le Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille et le budget de l’État 2014.
Il est important de signaler qu’à travers cette analyse, le Gsb veut donner un signal fort aux départements sectoriels pour faire de la réduction des inégalités de genre un objectif important de la planification et de l’affectation des ressources. Cette initiative qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’évaluation du processus budgétaire 2014, et de la stratégie nationale de planification et de budgétisation sensible au genre se justifie par l’intérêt et la forte attente des populations par rapport au respect des droits humains consignés dans les engagements internationaux d’une part, et leur besoin d’information des populations sur la prise en compte du genre dans la planification budgétaire d’autre part.
Le rapport d’analyse de la cohérence du budget genre 2014 et le budget de l’Etat 2014 précise qu’au total, le gouvernement a alloué plus de 323 milliards de Fcfa aux Ministères chargés de promouvoir le genre. Ce document prestigieux touche du doigt les difficultés de mise en œuvre de la stratégie genre. C’est pourquoi, les données fournies par le rapport signalent que plusieurs difficultés et contraintes s’opposent à la mise en œuvre de la Politique de Budgétisation Sensible au Genre (Pbsg) malgré les différents progrès réalisés au Mali depuis l’adoption de la politique nationale genre.
À ce titre la première difficulté concerne l’absence de capacités techniques des acteurs et actrices du genre et qui ne profitent pas des opportunités à leur offertes par les politiques et programmes sur le genre. Il convient de préciser que l’allocation de ressources insuffisantes par le Mali, les Partenaires Techniques et Financiers (Ptf) et les collectivités pour la réalisation du plan d’action genre entravent fortement le genre. Aussi, l’absence de données ou la difficulté d’obtenir des données genres demeure une source de problème.
Selon les constats, il est fréquent de rencontrer au Mali quelques données ventilées par sexe tant dans les administrations qu’en dehors de celles-ci. Raison pour laquelle, les données précisent qu’il faudrait produire davantage d’informations, si l’on veut éclairer réellement les différences et les inégalités entre les hommes et les femmes et entre garçons et filles en matière d’accès et de contrôle des ressources, ainsi que des perspectives de sécurité, y compris les droits des femmes et des filles.
Selon ces données, il peut y avoir des contraintes budgétaires telles qu’il devient difficile de hiérarchiser les résultats suggérés par une budgétisation prenant en compte le genre. C’est pourquoi, il convient de définir des cadres appropriés permettant de hiérarchiser les questions par sexe au sein d’un même secteur, pour l’ensemble des secteurs et dans le cadre du budget général.
Les constats précisent que nonobstant des difficultés, les parlements, en collaboration avec des experts et des groupes spécialisés de la société civile ont fait progresser considérablement la prise en compte du genre dans le budget notamment en Afrique du Sud, en Ecosse, au Pérou et en Ouganda. Toujours selon les données, la planification et la budgétisation sensible au genre suppose de la volonté politique, des ressources et des capacités suffisantes et une bonne maitrise des techniques budgétaires de la part des autorités en charge de la planification et de la budgétisation.
Selon ce rapport, au Mali, la mise en œuvre du plan d’action de la politique nationale genre a été affectée par les conséquences de la crise politico-institutionnelle et sécuritaire qu’a connue notre pays en 2012. Car de nombreuses activités prévues n’ont pu être réalisées avec la suspension des programmes de coopération et l’insuffisance du financement intérieur. Dans cette dynamique, la démarche de planification et de budgétisation sensible au genre souffre encore du retard dans la mise en place du mécanisme institutionnel de la politique nationale genre, de l’insuffisance de données sexo-spécifiques, du faible niveau d’appropriation du concept genre.
Le budget, dans les pays en développement en général et au Mali en particulier est confronté au même type de problème, tout particulièrement dans le domaine du genre. Les informations nécessaires pour mener une analyse en profondeur ne sont pas forcément disponibles. Lorsque les données pertinentes existent, d’autres problèmes de calendrier, d’accessibilité, de fréquence, de fiabilité et de cohérence peuvent se greffer.
Tougouna A. TRAORÉ