Le suspect, âgé de 29 ans, est né dans la capitale alsacienne. Il était toujours en fuite, mercredi en début de soirée.
La traque se poursuit. Les autorités sont toujours à la recherche, mercredi 12 décembre en fin d’après-midi, de l’auteur présumé de l’attentat perpétré la veille au soir dans le centre-ville de Strasbourg et qui a fait au moins deux morts, une personne en état de mort cérébrale et 12 blessés, selon un dernier bilan de la préfecture du Bas-Rhin. Voici ce que l’on sait de Chérif Chekatt, 29 ans, identifié par la police comme étant le tireur.
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Il a un casier judiciaire “bien fourni”
“Il est très connu des services de police et de justice pour des faits de droit commun, principalement pour des faits de vols et de violences”, a indiqué le procureur de Paris, Rémy Heitz, lors d’une conférence de presse. Chérif Chekatt, né le 24 février 1989 et qui fait désormais l’objet d’un appel à témoins, a ainsi été condamné 27 fois pour des faits de droit commun, commis principalement en France, mais aussi en Allemagne et en Suisse.
Selon Fabrice Poli, délégué dans le Grand Est du syndicat Alliance Police nationale, Chérif Chekatt “a commencé relativement jeune dans la délinquance” et est progressivement devenu “un habitué des hôtels de police”. “Il avait le profil type du délinquant de droit commun issu des quartiers sensibles”, précise-t-il à franceinfo. Une source pénitentiaire ajoute que le suspect a été incarcéré plusieurs fois, quand il était adolescent, dans des centres pénitentiaires pour mineurs de la région. “Il n’était pas particulièrement violent à l’époque, mais il ne faisait pas non plus partie des détenus les moins virulents. Ce n’était pas un détenu modèle.”
“Dès l’âge de 10 ans, il avait déjà un comportement qui relevait du pénal” , a précisé le ministre de l’Intérieur lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Chérif Chekatt a été condamné une première fois à l’âge de 13 ans, ajouté Christophe Castaner.
Le suspect est sorti de prison à la fin de l’année 2015. Il avait été incarcéré pour des braquages en France. Selon les informations de France 2, il a été condamné courant 2016 à deux ans et trois mois de prison par le tribunal de Singen (Allemagne), pour divers cambriolages aggravés outre-Rhin, celui d’un cabinet de dentiste à Mayence en 2012, et celui d’une pharmacie à Engen, en 2016. Chérif Chekatt a été libéré en 2017 et expulsé vers la France.
Depuis sa sortie de détention en 2015, il faisait l’objet d’un suivi effectif de la DGSI. Il était inscrit au FSPRT depuis janvier 2016, fichier qui recense les personnes surveillées au titre de leur radicalisation islamiste. En juin 2016, lors de la Fête de a musique, il avait été contrôlé, à Strasbourg, avec un autre homme. Il avait été placé en garde à vue, après des propos inquiétants prononcés devant des policiers, selon les informations de franceinfo. Il avait déclaré vouloir “tuer du flic”. Chérif Chekatt avait été mis en examen pour “apologie du terrorisme”, mais un non-lieu été rendu, faute d’éléments probants.
Chérif Chekatt a aussi fait l’objet de multiples surveillances de “toute nature”. Et il ne présentait “aucun signe avant-coureur de passage à l’acte”, assure une source proche du dossier à franceinfo.
Il est fiché “S”
Chérif Chekatt était également connu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour sa radicalisation islamiste. “Il était inscrit au FSPRT [Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste] et il était fiché ‘S’. Il a fait l’objet d’un suivi par les services de la DGSI”, a confirmé le procureur de la République.
Il a été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l’administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en détention en 2015.
“C’est à ce titre uniquement qu’il était suivi, de manière assez sérieuse, par les services de renseignement mais comme beaucoup d’autres individus qui ont pu manifester une pratique radicale religieuse en détention”, avait expliqué plus tôt le secrétaire d’Etat Laurent Nuñez. D’après Le Parisien, l’assaillant était activement suivi depuis sa sortie de prison, fin 2015. Il “n’a pas essayé de se rendre en Syrie”, a précisé Laurent Nuñez. “Il avait un profil qui ne paraissait pas inquiétant outre mesure, il avait un peu basculé dans la radicalisation”, précise Fabrice Poli, du syndicat Alliance Police nationale à franceinfo.
Selon les informations de franceinfo, Chérif Chekatt fréquentait un bar du quartier du Neudorf. Cet établissement a fermé il y a plusieurs mois en raison de soupçons de blanchiment d’argent pour financer le terrorisme islamiste.
Il devait être interpellé mardi matin
Selon le procureur, une perquisition a été menée mardi matin au domicile du tireur présumé, à Strasbourg, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour “tentative d’assassinat, violences aggravées et association de malfaiteurs”. Une source syndicale au sein de Synergie-Officiers précise qu’il s’agit d’un braquage à domicile ayant fait un blessé grave, survenu en août 2018. “Plusieurs personnes se sont introduites chez la personne pour lui voler son argent et cela a mal tourné. La personne s’est défendue et a été grièvement blessée.” Les faits se sont déroulés à Eckbolsheim, près de Strasbourg.
Cette perquisition était menée par les gendarmes. Mais les services de la DGSI et les services des renseignements territoriaux étaient également concernés. “Son appartement a été perquisitionné ce matin, mais il n’était pas à son domicile, relate l’un des voisins du suspect. J’étais là, j’étais en train d’aller au travail au moment de la perquisition. J’ai vu des hommes cagoulés et masqués rentrer. Je suis rentré à la maison car ils ne m’ont pas laissé sortir.”
Les forces de l’ordre ont interpellé cinq personnes, notamment des membres de sa famille (qui vivent aussi à Strasbourg), a expliqué Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, mercredi sur France Inter. Les enquêteurs n’ont pas pu mettre la main sur Chérif Chekatt. Les enquêteurs ont saisi une grenade défensive, une arme 22 Long rifle chargée, plusieurs munitions et quatre couteaux, dont deux couteaux de chasse.
Il est toujours en fuite
“Entre 20h20 et 21 heures, il s’est confronté par deux fois à nos forces de sécurité, avec systématiquement des échanges de tirs”, a expliqué Christophe Castaner lors de son point-presse, dans la nuit de mardi à mercredi. Au cours de la soirée, le suspect a braqué un chauffeur de taxi afin qu’il le conduise hors du centre-ville. Il l’a ensuite libéré sain et sauf, avant de prendre la fuite à pied, précise une source policière.
Selon le chauffeur, le suspect était blessé – l’assaillant a en effet été touché par des soldats de l’opération Sentinelle qui sécurisent le marché de Noël de Strasbourg. “Les recherches se poursuivent pour interpeller l’individu”, a indiqué le ministre de l’Intérieur vers 2h30 du matin, précisant qu’il y a “actuellement 350 personnes mobilisées pour tenter de mettre un terme à sa fuite”, appuyées notamment par deux hélicoptères.
Mercredi matin, 670 membres des forces de l’ordre sont mobilisés pour retrouver l’auteur des coups de feu. Une fuite en Allemagne “ne peut être exclue”, estime Laurent Nuñez, qui indique que “le bouclage aux frontières est assuré”.
Il est décrit comme “calme” par ses amis
Plusieurs amis du suspect, interrogés par LCI, dressent un portrait qui constraste avec son parcours judiciaire. “C’est vraiment quelqu’un de très calme, je ne comprends pas”, assure l’un d’entre eux. “Ça nous touche, les jeunes, on ne veut que travailler, on se fait laver le cerveau en deux minutes comme ça”, poursuit-il. “C’est une personne gentille, on n’aurait pas douté (sic) qu’un jour, il aurait pu faire ça, en arriver là”, décrit un deuxième ami.
“Tous les matins, avant d’aller au travail, je lui serre la main, on parle ensemble, c’est une personne comme tout le monde, poursuit son voisin, interrogé par France 3. Devoir faire ça, c’est vraiment choquant.”
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