De nombreux Maliens appellent de leurs vœux un Gouvernement d’union nationale pour sortir de la crise multidimensionnelle qui frappe le pays. Par ailleurs, une frange importante de nos concitoyens veut discuter avec les djihadistes aussi illuminés qu’ils soient. Mais, pour que le président IBK accepte toute idée de Gouvernement d’union ou consente à » hisser les djihadistes à sa propre hauteur « , dans les deux cas cela n’exigera – t – il pas de lui humilité et intelligence politique ?
Dans les différentes définitions de l’humilité il y’en a une qui tranche à nos yeux elle est de Edward Franklin Albee. » L’humilité n’est honte que pour celui qui humilie « . Quant à l’intelligence, penchons-nous sur ce qu’en dit Emmanuel Kant, grand philosophe allemand. » On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter « . C’est dire que c’est au président IBK, en effet, de faire une introspection pour atteindre l’humilité, qui est loin d’être faiblesse et l’intelligence qui permet de supporter les fardeaux, en tenant compte du fait que le moment est crucial et son temps d’action limité.
Humilité nécessaire pour discuter avec des » terroristes « comme Kouffa ou Iyad car la paix passe très souvent par des sentiers tortueux qu’il faut savoir débroussailler. L’exemple nous vient de Colombie où les FARCs ont été amenés à déposer les armes après des années de massacres de civils et de soldats.
L’intelligence de céder une partie de son pouvoir à un Premier ministre de consensus, qui ne sera pas forcément de » pleins pouvoirs « , mais de plein emploi, entouré d’une équipe réduite, prête à la tâche et au don de soi, libérée de toute pesanteur partisane.
Par ailleurs ! Le président doit avoir l’humilité et l’intelligence de renoncer au DNI pour le moment. Vouloir coûte que coûte de ce » Dialogue National Inclusif « , c’est oublier un pan de notre histoire récente avec les intransigeances du Général Moussa Traoré à vouloir à tout prix » son congrès du 26 mars 1991 « ; alors qu’il tenait le pays, c’est oublié un peu vite l’arrimage de Amadou Toumani Touré à » ses élections transparentes de 2012 et au passage de témoin qu’il voulait assurer à son successeur » jusqu’à son départ précipité, quelques jours avant, tous les deux pour avoir oublié que le pays » brûlait « au nord et menaçait l’existence même de la Nation. Or, la situation actuelle, très semblable aux deux précédentes, est sans commune mesure avec celles qu’on vient de citer. Enfin ! Ce que beaucoup ignorent, y compris l’intéressé lui-même, peut-être, c’est que IBK est le plus âgé des présidents jamais élus dans l’histoire du Mali indépendant (une chance !). Il est aussi celui qui est arrivé au pouvoir avec une somme d’expériences jamais égalée précédemment de l’exercice du pouvoir (autre chance !). Qu’on en juge ! Conseiller du président, Ambassadeur, Ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre, avant de finir Président de l’Assemblée nationale et chef d’un grand parti. C’est cette somme d’expériences que les Maliens ont, semble-t-il, souhaiter avoir à la tête du pays en 2013 au moment où le bateau Mali tanguait. Mais, jusque-là, ni l’âge, ni ses passages au gouvernement, ni son séjour au perchoir ne se sont fait sentir » positivement » ou si peu dans ses prises de décisions de ces 6 dernières années à la présidence de la République. Donc, c’est maintenant ou jamais l’occasion pour IBK de prouver qu’il est peut-être le rassembleur dont le pays a encore besoin. Appeler tous les politiques à accepter le Gouvernement d’union, ouvert aux technocrates, chargé de repenser et d’organiser un DNI totalement inclusif, aux décisions impérieuses pour tous, ouvrir des discussions sérieuses avec tous les djihadistes maliens afin qu’ils déposent les armes.
Si cette ultime occasion lui échappe alors tout sera possible pour ce pays, tout y compris les extrêmes, comme le départ des troupes étrangères, l’arrivée des jihadistes ou des têtes brûlées de l’armée. C’est dire qu’après avoir échoué à prendre les bonnes décisions dans l’urgence, IBK risque de laisser à la postérité un pays en proie à l’anarchie.
Monsieur le président ne nous dites pas oui ! Ne nous dites pas non ! Réfléchissez, avant, à nos propositions avec l’humilité et l’intelligence du sage car » les deux mots les plus brefs et les plus anciens, OUI et NON, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. »Pythagore dixit.
Réfléchissons ensemble cette autre réflexion au moment où nous pensons toucher le fond, il reste un espoir dans les propos millénaires de chez nous : » Ne vous découragez pas c’est souvent la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte « .
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Source: l’Indépendant
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