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Quelles missions pour la transition ? Mes propositions citoyennes pour remettre debout la République

En prélude aux concertations nationales des 10, 11 et 12 septembre 2020, devant aboutir à la mise en place de la Transition, je reste convaincu que le vrai problème du Mali n’est pas l’interchangeabilité́ des hommes politiques à Koulouba, mais son architecture institutionnelle.

 

Il nous faut mettre en place des instruments et mécanismes de gouvernance qui empêcheraient tout abus du pouvoir. De quel instrument avons-nous besoin, par exemple, pour empêcher que les médias publics, comme l’ORTM, ne soit exclusivement au service du locataire de Koulouba ? De quel mécanisme avons-nous besoin, par exemple, pour qu’un ministre de la République, ne soit au service d’un seul candidat pendant l’exercice de sa fonction ? De quel mécanisme avons-nous besoin pour empêcher l’achat de conscience des électeurs ou des citoyens pendant les élections ?

Fondamentalement, c’est la Constitution de 1992 qu’il faut revisiter dans son entièreté́, c’est l’État malien qu’il faut refonder, c’est une nouvelle république qu’il faut inventer, une république adaptée à nos réalités.

L’une des  voies pour parvenir à̀ la refondation reste une Transition avec des hommes et des femmes intègres, patriotes.

Un Gouvernement de consensus et de mission doit être mis en place qui nous conduira à la quatrième république. Ce Gouvernement  devra avoir une feuille de route claire avec, entre autres priorités, l’élaboration d’’une nouvelle constitution,  la mise en place d’une nouvelle gouvernance en rupture totale avec le mode actuel.

 

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs des Transitions de mars 1991 et de 2012, il sera important de préciser dans la feuille de route du Gouvernement de missions, qu’aucun acteur de la période de Transition ne pourra prétendre à une fonction élective cinq ans après la parenthèse.

Pour mettre en place cette nouvelle gouvernance, voici mes propositions citoyennes aux futurs acteurs de la Transition :

  1. Mentionner dans la future Constitution que « le Mali est une République …. Décentralisée » et fixer que 30% au minimum des ressources budgétaires de l’État soit affectés aux collectivités territoriales décentralisées. ;
  2. Reconnaitre et donner un rôle de régulation publique dans la Constitution à nos autorités coutumières.
  3. Mettre dans la Constitution que les langues nationales sont des langues officielles en plus du français .
  4. Prévoir dans la Constitution le partage (l’aide aux partis politiques) comme une modalité́ de l’exercice des responsabilités publiques et définir les modalités de ce partage dans la loi électorale ;
  5. Fixer dans la Constitution (la liste des départements ministériels qui stabilisent l’État en laissant la possibilité́ d’en rajouter 3 ou 4 pour la gestion politique) la limite de porte feuilles ministériels (max 21) ;
  6. Rendre obligatoire la prestation de serment à tous les niveaux sur le livre sacré de sa religion (coran ou bible, fétiche) ;
  7. Rendre obligatoire la prestation de serment de toutes les directrices et tous les directeurs centraux, gouverneurs, préfets et sous-préfet, (élus locaux et nationaux) avant les prises de fonction ;
  8. Rendre public le patrimoine de toutes les personnes en fonction au niveau central et décentralisé et par les voies appropriées à l’entrée et à la sortie de toute responsabilité́ publique
  9. Rendre obligatoire la publication annuelle du patrimoine de toutes les directrices et tous les directeurs centraux, gouverneurs, préfets et sous-préfets,….

Pour baliser le terrain de la nouvelle gouvernance publique pour les futurs dirigeants qui seront issus des élections post transition, je proposerai de mettre en œuvre, au cours de la transition, les mesures et actions suivantes :

  1. Limiter à̀ 5 ans, la durée de service des directeurs de services nationaux et généraux des structures publiques et parapubliques ;
  2. Instituer la semaine de la bonne gouvernance (une journée d’interpellation publique des gestionnaires publics et à toutes les échelles du territoire (locale, régionale et nationale) et instituer des journées porte ouverte visite des structures avant-garde dans la lutte contre la corruption (Bureau du vérificateur général, cour des comptes, contrôle général de l’État, etc.) ;
  3. Lutter contre la corruption dans l’administration: identifier des usagers de l’administration (sensibiliser) pour dénoncer tout abus de corruption a un numéro vert gratuit ;
  4. Lutter contre l’enrichissement illicite : que l’accusé fasse la preuve de l’origine de ses richesses et de l’acquittement de ses impôts locaux et nationaux ;
  5. Réinstaurer le service civique obligatoire et apprendre aux jeunes la valeur de la chose publique et l’amour de la patrie (dans les camps des pionniers durée 3 mois, brassage des jeunes de toutes les régions) ;
  6. Mettre en place des brigades d’actions civiques dans les établissements scolaires pour sécuriser l’espace scolaire (et responsabiliser entièrement l’administration scolaire et universitaire) ;
  7. Réintroduire l’obligation de l’instruction civique et morale dans tous les cycles d’enseignement fondamental, normal et universitaire ;
  8. Réinstaurer l’internat au niveau secondaire pour la prise en charge des boursiers méritants, ceci pour booster le sentiment nationaliste des futurs dirigeants du pays ;
  9. Réinventer les politiques fiscales en instituant deux nouvelles taxes sur tous les transferts d’argent et sur les appels téléphoniques internationaux en direction du Mali ;
  10. Créer des emplois jeunes dans les communes du Mali : GIE de jeunes dans la protection de l’environnement, transformation des déchets et ordures des familles, production d’engrais et de biogaz.
  11. Mettre en place une système de bonus-malus pour la préservation de l’environnement par l’utilisation de moyens de transport moins polluant : taxer fort l’importation des véhicules usagers de plus de 10 ans sur le territoire ; revoir la politique douanière en la matière pour encourager l’importation de véhicules moins polluants.
  12. Repenser la gouvernance locale en organisant des États généraux de la décentralisation afin de mieux adapter la décentralisation a la réalité́ du moment.
  13. Refonder notre système de gouvernance: renouveau démocratique par la Promotion des jeunes à des postes électifs : pour permettre le renouvellement des dirigeants politiques au niveau (député́, conseiller municipal, conseiller national), limiter à̀ trois mandants pour tout élu ;
  14. Opter pour le renouveau démocratique par l’obligation de démission de la fonction publique, dès lors qu’on se lance dans une fonction politique, pour éviter tout conflit de responsabilité́ ;
  15. Encourager l’Egalite des chances pour les personnes vulnérables et personnes vivant avec un handicap, en utilisant la discrimination positive dans la fonction publique et parapublique.

Il faut oser, car ce sont les grandes idées qui ont fait les grandes nations. Osons et tout deviendra possible.

Je termine en guise de conclusion par cette réflexion tirée de la leçon inaugurale donnée par le Juge Kéba Mbaye, à l’Université́ Cheikh Anta Diop de Dakar, le 14 décembre 2005

« Déterminons-nous à débusquer et à encarter sans complaisance, au besoin à punir sans faiblesse ceux qui ruinent ce pays ou le desservent : les corrompus et les antinationaux, les roublards et les paresseux. Cultivons l’honnêteté́ et le courage au travail. Que chacun, au poste où il est, du ministre au planton, du chef d’entreprise au manœuvre, considère comme reposant sur ses seules épaules, le destin de la nation. Inventons un système qui ne récompensera désormais que la compétence, le travail et la probité́ » …. Debout pour le travail et pour l’éthique avant qu’il ne soit trop tard. Debout en nous rappelant devant chaque choix, chaque action, la pensée d’Emmanuel Kant. Demandons-nous chaque fois que nous sommes tentés d’avoir un comportement non éthique, ce que serait la vie si chacun faisait comme nous. Demandons-nous ce que serait une société́ de délateurs, de profiteurs, de voleurs, de corrupteurs et de corrompus, d’indisciplinés, d’insouciants, d’égoïstes, de fraudeurs ; la liste est longue mais la réponse est une : ce serait une société́ vouée à l’échec et peut-être à la déchéance et à la misère matérielle et intellectuelle. Alors, évitons de tels comportements ».

Bamako, le 8 septembre 2020

Yachim MAIGA,

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