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Publication de Courrier International – Vu du Mali : Mettre Mahomet en une de «Charlie», c’est tuer l’esprit du 11 janvier

Le numéro historique de Charlie Hebdo s’arrache dans les kiosques. A la une, une caricature du Prophète. Cet éditorialiste malien regrette ce choix qui rompt un élan de cohésion pour faire face aux intégristes.

adam thiam journaliste editorialiste journal republicainLe prophète Mahomet aurait sans doute revendiqué sa «charlitude» après les insoutenables carnages de Paris. Car, si Lamartine l’a décrit sous des traits fidèles [auteur du XVIIIe siècle auteur d’un texte élogieux sur le Prophète], il n’aurait jamais ordonné de tirer sur Cabu et Wolinski. Il aurait même couvert Charb de son corps pour que force reste à la vie et à la tolérance. Et si Jésus avait été de quelque conseil nous n’aurions pas eu ce matin la caricature qui barre la une de Charlie Hebdo. 

Incompréhension 

Pourquoi ? Cette caricature amusera l’Hexagone, qui la couvre de sa Constitution. Mais elle agacera des centaines de millions de musulmans, dont la Constitution interdit toute image de leur prophète. Parce que le droit des uns peut offenser les autres, l’islam véritable aurait dit aux survivants de Charlie Hebdo : «Pleurez vos morts, célébrez ces génies qui auraient dû être en ce moment avec vous dans la salle de rédaction, mais ne cédez pas à la provoc !»

Le droit des uns peut offenser les autres

L’islam véritable aurait parlé ainsi, aux antipodes de la doctrine meurtrière lâchée contre le journal satirique et qui n’est autre que l’islam des hordes paumées né de l’enfer des banlieues contre le paradis illusoire promis par les fatwas à des martyrs qui sont autant de froids assassins. 

Donc, l’islam des Kouachi et des Coulibaly plutôt que celui de Merabet le policier abattu et de Bathily le sauveur du supermarché casher. Tous ces mots arrivent trop tard. Car 3 millions d’exemplaires [finalement 5 millions] de Charlie Hebdo sont dans les kiosques. Leur message n’est pas blasphématoire, mais le principe même de la caricature pourrait enflammer la rue musulmane, qui s’était sans doute reconnue dans l’esprit de la marche du 11 janvier. Reste seulement à espérer que cet esprit survivra à une décision éditoriale dont la sagesse est tout sauf évidente.

Adam Thiam

 

source : Le Républicain
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