Au Mali, le pari de la promotion féminine est loin d’être gagné avec de nombreuses violations de Droits humains. Les femmes sont toujours victimes d’actes de violences et la pratique de l’excision illustre bien cette violence commise sous l’œil démagogue des décideurs soucieux uniquement de leur électorat.
–Maliweb.net-La problématique des mutilations génitales féminines au Mali perdure faute de loi punissant la pratique. Une pratique datant d’une autre époque, selon l’EDSM-IV de 2006(enquête démographique et de la santé au Mali), le taux de prévalence de la pratique de l’excision est de 85% chez les femmes de 15 à 49 et 84% chez les filles âgées de 0 à 14 ans (enquête nationale sur l’excision réalisée par le MPFEF/PNLE de 2009). En 2013, les résultats de l’EDSM déclarent que 91% des femmes âgées de 15 à 45 ans ont subi l’excision.
Les mutilations génitales féminines dont la forme la plus connue au Mali, reste l’excision, elle a de nombreuses conséquences néfastes sur la santé de la fille et de la femme. Selon Dr Mahamane Maïga, médecin au centre de référence de Lafiabougou, l’excision nuit à la santé de la fille. « Nous faisons face au quotidien aux complications liées à la pratique de l’excision dans nos services surtout au niveau de nos salles d’accouchements. »
En effet, de nombreux spécialistes de la santé déclarent la pratique néfaste sur le plan sanitaire : ‘Il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière de pratiquer l’excision, il ne faut pas la pratiquer simplement car elle endommage les organes de la femme’ cite M. Maïga. A ses dires, de multiples infections observées chez les femmes et les jeunes filles sont des séquelles de l’excision. « Les conséquences de ces mutilations sont nombreuses à ne citer que les risques d’infertilité, les accouchements difficiles et la fistule … » continue notre agent de santé.
Pourtant la constitution malienne dans son article 1er déclare : la personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. Et le Mali célèbre depuis 14 ans la journée internationale de la lutte contre les mutilations génitales féminines, lors de sa dernière édition en 2017, le thème portait sur « Une loi contre les violences basées sur le genre ». Mais en dépit de l’évidence, une loi contre l’excision tarde à voir le jour. Les autorités maliennes trainent le pas pour voter une loi contre cette pratique non pas parce qu’elles n’ont pas conscience du lourd tribut payé par les femmes mais juste parce qu’ elles craignent pour leur place. Car la vraie entrave à la lutte contre l’excision au Mali demeure les stéréotypes, les fausses pesanteurs socio-culturelles. En effet, les défenseurs de la pratique sans vraiment avancer de solides arguments, menacent les décideurs politiques à ne pas voter de loi contre la pratique. Et ces derniers afin de maintenir leur électoral jouent à la politique de l’autruche. Ce faisant, les droits des femmes continuent d’être violés et leur santé menacée par cette pratique.
Avec la nomination d’une ténor de la promotion féminine au Mali, Traoré Oumou Touré, ministre de la promotion de la femme, de l’ enfant et de la famille, une grande militante des droits des femmes avant son entrée dans le gouvernement, espérons que la ministre en charge de la femme va booster le combat pour « Zéro MGF » et doter les femmes d’une loi contre les VBG/Excision comme l’était dit dans ses discours de présidente de la CAFO.