Matin du jeudi 13 août 2020. Au nord de la Direction nationale de l’hydraulique, à Bozola, plusieurs espèces d’oiseaux se partagent des graines, enfermés dans une dizaine de cages, en cohabitation forcée. Leurs plumes, aux couleurs chatoyantes, traduisent la diversité et la particularité de ces espèces de volatiles prisées par beaucoup pour leurs « vertus ».
Cheick Ahmed Tidiane Dembélé fait partie d’un grand réseau de vente d’oiseaux de Bamako. Jardinier également, il fait ce métier depuis huit ans. Il élève et vend des volatiles censés avoir des vertus « occultes et tradithérapeutiques ». Tourterelles, moineaux, perroquets, tisserins gendarmes, pigeons blancs, pigeons sauvages, ses cages sont pleines. À l’en croire, ces oiseaux lui sont fournis par des jeunes de plusieurs villages, qui les attrapent à l’aide de pièges et les lui vendent.
Usages multiples
« Voyez ce perroquet, on l’achète afin d’en faire de l’encens pour avoir des clients. Lorsqu’après plusieurs maternités une femme n’accouche que de filles, on travaille avec un moineau pour qu’elle puisse avoir un garçon », détaille-t-il. Il ajoute que la tourterelle est achetée par ceux qui projettent de partir à l’aventure, qui formulent leurs intentions sur elle et la relâchent. Cela permettrait de voyager sans problèmes.
Mais certains achètent des oiseaux uniquement par passion. « Certains achètent des perroquets juste par plaisir. Ils les élèvent et, au fil du temps, leur apprennent à parler », explique Dembélé. Qui ajoute que ce sont les clients qui viennent pour des usages « occultes » les plus nombreux.
Charges
Les oiseaux de Dembélé lui rapportent. « Je vends les perroquets entre 4 et 5 000 francs CFA et les pigeons blancs 20 000 francs CFA la paire ». Mais l’entretien des volatiles coûte cher. « Mes oiseaux peuvent manger chaque semaine jusqu’à 10 kg de mil et de maïs et je m’occupe de leur santé en leur achetant des médicaments ».
Les points de vente d’oiseaux à Bamako font partie d’un même grand réseau. D’après Dembélé, ils ont plus de mille oiseaux dans leur dépôt central, où plusieurs autres animaux sauvages sont également disponibles, ce que les services des Eaux et forêts voient d’un mauvais œil.
« Le agents nous créent souvent des problèmes pour certaines espèces d’oiseaux, qu’ils disent être protégées. Comme les hérons pique-bœufs, par exemple ».
Outre cela, les taxes municipales et les cambriolages des cages sont les difficultés auxquelles lui et ses collègues sont confrontés. C’est qu’ils n’ont pas encore trouvé d’oiseau dont les vertus les protégeraient de cela !
Boubacar Diallo
Journal du Mali