La salle de conférence du rectorat de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), a servi de cadre, le samedi 23 juillet 2016, pour le lancement de l’ouvrage intitulé ”Évolution des systèmes fonciers au Mali : le cas du bassin cotonnier de Mali-Sud (zone office du Niger et région CMDT de Koutiala)’’ du professeur Bakary Camara, doyen de la Faculté de droit public (FDPU).
Disons que ce nouvel ouvrage sur la question foncière est reparti en deux parties : les systèmes fonciers du Mali précolonial ; les systèmes fonciers du Mali colonial et post-colonial. Ainsi, cet ouvrage explore l’évolution des systèmes fonciers dans le bassin du fleuve Niger au Mali.
Dans ce livre, l’auteur analyse les fondements de la tenure foncière et les différentes perturbations culturelles que les systèmes fonciers de cette région ont connues depuis le IXe siècle. Il explique que malgré la résistance des logiques paysannes, le processus d’individualisation de la propriété foncière amorcé depuis la colonisation continue et a commencé, ces vingt dernières années, à s’accélérer à cause des nouvelles politiques de développement de l’État. Il fera savoir que ce phénomène est mis en évidence par la multiplication et la complexification des différents acteurs qui interviennent dans le foncier. Le contenu du livre brise nos curiosités sur le fait que les grandes familles connues sous le nom de « Kabila » se disloquent suite à des contradictions liées au partage des revenus des cultures.
« Les conflits fonciers se transportent de plus en plus devant les tribunaux qui montrent le plus souvent leurs limites car les décisions de justice ne peuvent pas le plus souvent être appliquées sur le terrain. À côté des traditionnels agriculteurs et pasteurs, apparaissent des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des associations, des collectivités territoriales et des grands et petits privés exploitants agricoles » nous dit-t-il. Et d’avancer que l’émergence de ces acteurs et la politique de réformes institutionnelles de l’Etat qui se résument à la décentralisation et au toilettage et création de textes juridiques, contribuent inexorablement à promouvoir la concertation et à renforcer la démocratie basée sur le libéralisme économique et l’individualisme. Situation, ajout-il, qui favorise non seulement la déstructuration du foncier coutumier, mais aussi la reconnaissance partielle ou totale de certaines règles coutumières relatives au foncier.
En sus, cet ouvrage met en évidence le changement progressif du statut de la terre et des rapports à la terre au Mali en général et dans le bassin du fleuve Niger en particulier. Il est suggéré que malgré ces transformations inévitables, les réformes institutionnelles doivent être mesurées. Elles doivent se faire d’une manière prudente, méthodique avec patience et détermination tout en prenant en compte certaines réalités pour atténuer son impact sur les populations rurales.
Le Vice-recteur de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb), dira que la cérémonie constitue une rare cérémonie permettant à son université de se pencher sur sa seconde vocation qui est la recherche. « Nous sommes trop focalisés, on peut dire, sur la première vocation de l’université qui est l’enseignement, mais en réalité on ne devrait pas oublier qu’une université se définit par la cumulation de ces deux vocations à savoir l’enseignement et la recherche d’innovation », a-t-il indiqué. Et d’annoncer que cette cérémonie vise à montrer à la société que le monde universitaire contribue au développement du pays à travers des propositions de solutions aux problèmes qui se posent.
Bakary Camara : est Maître de conférences, agrégé des Facultés de droit et Doyen de la Faculté de droit public (Fdpu) à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb), Mali. Il est détenteur d’un doctorat d’Etat en Sciences juridiques et politiques, d’un doctorat de 3e cycle en politiques internationales et d’un Master of Art en Géopolitique (International security/affairs). Il dirige le Laboratoire d’études et de recherches en droit, décentralisation et développement local (Lerddl) de la Faculté de droit public (Fdpu). Il est aussi affilié à plusieurs associations ou centres d’études et de recherches en sciences sociales parmi lesquels l’Association américaine de sciences politiques (Apsa), le conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesrla) et Point sud-Centre de recherche sur le savoir local à Bamako. Il est auteur de plusieurs chapitres de livres et divers articles sur la démocratie au Mali, la décentralisation, le droit foncier, le pluralisme juridique, en Histoire du droit et des institutions, et les conflits en Afrique de l’Ouest.
Seydou Karamoko KONÉ
Source: Le Flambeau