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Pourcentage infime,

DON VOLONTAIRE DE SANG

Pourcentage infime, conséquences alarmantes

Patients attendent désespérément poches de sang… Il s’agit là d’une scène dramatique à laquelle nos CHU, nos CSREF, nos polycliniques etc. ; sont hélas ! devenus coutumiers. Une réalité terrible qui ne cesse d’empirer car, malgré les cris de cœur repris en refrain, et en dépit des échos émouvants émanant de nos hôpitaux, rien ne semble nous décider. Nous sommes si peu nombreux à nous placer dans la file des donneurs volontaires de sang ! Or, pendant ce temps, les stocks constitués, déjà cruellement insuffisants, se réduisent à la vitesse de l’éclair.   

Un rappel. Terrible mais nécessaire. « En 2020, les 60.000 poches de sang prélevées dans la capitale, ont été insuffisantes pour les besoins de la population. » C’est ce que nous avait confié le Dr Amadou Bakary Diarra, à l’époque directeur général du Centre National de Transfusion Sanguine, dans une interview qu’il nous a accordée le 24 novembre 2021. « La fréquence de dons volontaires de sang est extrêmement lente, et les stocks de poches de sang constitués sont nettement insuffisants », avait-il déploré, la désolation de la voix, pendant le même entretien.

Un terrible rappel dont les données sont malheureusement d’une actualité saisissante. Un souvenir dont les détails évoqués sont encore très visibles dans le quotidien présent de nos centres hospitaliers. CHU du Gabriel Touré, CHU du Point G, Hôpital du Mali, Centres de santé de référence multiples, établissements sanitaires privés… à tous les strates de notre système de santé, le déficit de stocks de sang disponibles est alarmant.

Un sombre constat qui nous met tous face au miroir de notre indifférence passive. Car il ne peut s’agir que d’une indifférence passive et non délibérée de notre part, c’est certain. Ayant mille et une choses à régler en même temps, étant constamment pressés par le temps et accaparés par l’urgence sans fin de nos occupations du quotidien, bref… hyper « pris » que nous sommes à chaque minute de chaque heure, nous omettons d’accorder (ne serait-ce qu’un laps de notre mois) à ce qui est pourtant un acte majeur de solidarité et d’humanité. Il s’agit du don volontaire de sang.

Combien sommes-nous, en effet, à faire la démarche la plus altruiste qui soit : celle d’aller donner volontairement un peu de notre sang pour sauver des vies ? Très peu, nous sommes si peu, en vérité. Trop obnubilés à faire fructifier nos affaires et à chercher à nous faire une place au soleil bamakois, nous sommes presque tous devenus avares de notre sang. En voici une preuve supplémentaire. Notre équipe de reporters a pris le temps d’interroger un échantillonnage de Bamakois sur le sujet. Le sondage a concerné des personnes comprises entre 24 et 59 ans. A la question « Avez-vous déjà eu à aller donner volontairement votre sang au niveau du Centre National de Transfusion sanguine ? », les réponses laissent clairement voir une inquiétante réalité : les Bamakois ne se bousculent guère dans la salle d’attente des donneurs volontaires de sang. Sur 103 habitants de la capitale que nous avons abordés (parmi lesquelles 91 personnes âgées de 22 à 47 ans), seulement 07 personnes au total nous ont expliqué s’être « présentées au moins une fois à la banque de sang comme donneurs volontaires ».

L’aveu des 88 autres répondants de l’enquête prouve à quel point est dramatique le problème du manque cruel de poches de sang dans nos centres de santé. A quoi est due cette réticence ou, comme nous l’avons énoncé plus haut, cette indifférence passive qui freine notre élan vers le don de sang ? Pourquoi, alors que tous les codes de notre vie socio-éducative et religieuse nous incitent à la solidarité, sommes-nous si frileux ou si insoucieux de donner notre sang pour sauver notre prochain ? Le questionnement est autant sociologique que psychologique. Et il est urgent de lancer la sensibilisation à vaste échelle afin que le don volontaire de sang soit un réflexe chez les citadins, surtout chez la frange jeune de la population.

Oumar Diakité, imam de la mosquée de Niamana-poste, fait partie de ceux qui ont pris conscience de l’extrême gravité de la situation. L’homme de foi exhorte ses concitoyens à faire du don de sang une habitude car, souligne-t-il, il s’agit de l’accomplissement d’une prescription émise par Dieu Lui-même. « L’islam encourage de la manière la plus vive le don volontaire de sang. Il a été dit par le Tout-puissant que concourir à sauver une vie, c’est exactement comme sauver toute l’humanité », rappelle-t-il. « Mais, prévient-il, il est formellement interdit de monnayer son sang. Cela, l’islam le condamne absolument. Sous aucun prétexte, le donneur de sang ne doit réclamer ou exiger une contrepartie financière ou de valeur pour donner son sang. Le don de sang doit être un acte de compassion et de solidarité dans le seul but noble d’apporter de l’aide à ses semblables. » Et de lancer cet appel : « J’invite tous les Maliens et Maliennes qui n’ont pas franchi le cap des 60 ans, à aller très souvent faire don de leur sang. La porte grande ouverte du Paradis peut vous être accessible par ce geste de grande empathie, n’en doutez pas ! »

Donner spontanément son sang pour participer à l’œuvre bienfaitrice consistant à sauver des vies, c’est aussi ce que recommande Mathieu Perou, le pasteur de l’église du Badialan. « Nous, au niveau de notre église, nous avons déjà fait des dons de sang. Le message que nous avons lancé à l’époque aux jeunes était le suivant : “Jésus a donné son sang pour sauver le monde entier ; pourquoi toi aussi, tu ne donnes pas ton sang pour sauver une vie ? ” Notre foi nous enseigne le sens aigu de la solidarité. J’appelle donc les Maliens, principalement les jeunes, à être des donneurs volontaires de sang, tant que la santé de chacun le permet. D’ailleurs, donner ton sang pour sauver une vie aujourd’hui, peut être un moyen d’en avoir demain pour sauver la tienne propre car tout le monde peut se retrouver dans l’état de patient qui a urgemment besoin de sang. Ne l’oublions pas ! »

Il faut espérer que les échos de ces exhortations à la solidarité, ventilés par deux hommes religieux, résonneront dans les moindres recoins de la ville des trois caïmans, et pourquoi pas dans toutes les villes du Mali. Il le faut. Nécessairement. Impérativement. Urgemment. Car, en attendant, des centaines voire des milliers de malades sont en train de vivre la pire des angoisses en se demandant s’il y aura encore demain une poche de sang disponible pour sauver leurs vies.

Mohamed Meba Tembely, Mamadou Komina, Seydou Fané, Salimata Siguéta Dembélé, Sarr et Ketsia Konaté

Source: Les Échos- Mali

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