Le Bureau du Vérificateur général (BVG) vient d’évaluer la Politique nationale de population révisée – Plan d’Action (2018-2022), en se basant sur quinze (15) questions regroupées en quatre (4) critères d’évaluation : la pertinence, la gouvernance, l’efficacité opérationnelle et les effets.
Le critère de la pertinence : à travers ce critère, la mission a examiné la mesure dans laquelle les objectifs visés par la PNP correspondent aux besoins de la population bénéficiaire. Les acteurs de la conception de la PNP connaissent les problèmes et les besoins de population, notamment sa structure, l’éducation, la santé, l’emploi, l’autonomisation des femmes et des filles, et la migration. Les spécificités par Région n’ont pas été prises en compte pour cause de non-validation de leurs Programmes régionaux de population (PRP). Les bénéficiaires déclarent que les activités les ciblent, mais ne sont pas exhaustives, car tous leurs besoins ne sont pas comblés.
Le critère de la gouvernance : à travers ce critère, la mission a cherché à savoir si les instances de coordination et de suivi-évaluation de la mise en œuvre de la PNP jouent pleinement leurs rôles. D’importantes réformes ont été conduites pour mettre en place un nouveau dispositif de coordination et de suivi-évaluation de la PNP révisée en 2018, mais on constate une timide opérationnalisation au niveau central, quasiment inexistante au niveau des régions. Par conséquent, la gouvernance de la PNP souffre d’énormes insuffisances qui ont rendu impossible l’encadrement des activités à hauteur de souhait et impacté son mécanisme de coordination et de suivi-évaluation.
Le critère de l’efficacité opérationnelle : la PNP doit permettre l’amélioration des conditions de vie de la population à travers la réalisation d’activités. Le coût prévisionnel du plan d’action de la PNP est estimé à 27,250 milliards de F CFA. La mobilisation et l’utilisation des ressources n’ont pas permis de mener toutes les activités en raison du contexte budgétaire, de la crise multidimensionnelle au Mali et de la timide intervention de certains partenaires. Quant aux activités réalisées dans le cadre de l’amélioration du capital humain, de l’autonomisation économique des filles et des femmes, elles ont varié d’un secteur à un autre, allant de peu satisfaisant à satisfaisant. Tous les acteurs sont unanimes que tous les objectifs de la PNP n’ont pas été atteints faute, de ressources. Selon la DNP, le niveau de mobilisation des ressources pour financer les activités s’élève à 10,2 % du montant prévu dans le plan d’actions. Le financement de la PNP est aussi dépendant des partenaires techniques et financiers (PTF) et des collectivités territoriales dont les contributions sont restées timides.
Le critère des effets : le critère des effets s’intéresse à la mesure dans laquelle la PNP a apporté des changements dans la vie de la population. L’analyse des données collectées auprès des acteurs et des bénéficiaires permet de soutenir que sa mise en œuvre a contribué à une plus grande utilisation des services de santé par la population. La majorité des bénéficiaires rencontrés fréquente les centres de santé. Des changements ont été observés tels que la présence de plus de sages-femmes qualifiées (523 sages-femmes recrutées par le Projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel – SWEDD) et l’amélioration des prestations fournies.
Par ailleurs, l’utilisation des services de santé par les femmes et les jeunes n’est pas effective. Cela est dû à l’absence de gratuité des produits et prestations fournies par les structures de santé.
Grâce à différents efforts réalisés, on assiste à une baisse de la natalité et à une diminution de la mortalité infantile et néonatale. Toutefois, cette contribution demeure assez faible, et les effets produits sont très peu perceptibles.
La PNP a aussi permis l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, des femmes et des filles à travers des activités génératrices de revenus (AGR). Cependant, les emplois créés ne sont pas tous permanents et ne génèrent que des revenus destinés à satisfaire exclusivement les besoins vitaux des bénéficiaires.