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Polémiques à Niamey à deux ans de la présidentielle

Mahamadou Issoufou président Niger

Dans Appels sur l’actualité, Iska, de Niamey, revient sur le lourd climat politique qui prévaut au Niger. Une enquête judiciaire a été ouverte le 23 janvier, sur fond d’accusations de détournement de deniers publics.L’ancien président Mamadou Tandja a en effet affirmé, le 26 octobre dernier, devant son parti, le Mouvement national pour la société de développement, MNSD, avoir laissé à son départ plus de 400 milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat… Sans plus de détails. Cette fois, ce sont les autorités judiciaires qui veulent l’auditionner. Explications.

Iska : Pourquoi avoir attendu le mois d’octobre pour révéler cette affaire ?
Cette révélation de l’ancien président Mamadou Tandja est arrivée au moment où certains membres du MNSD, et pas des moindres – il y avait notamment le secrétaire général du parti, Albadé Abouba -, venaient d’intégrer le gouvernement d’union nationale souhaité par le président Mahamadou Issoufou. Il se disait à Niamey que ce rapprochement s’était fait avec le consentement de l’ancien président Tandja. On parlait même d’un accord politique entre le MNSD (opposition) et le PNDS, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (au pouvoir) – accord qui ne s’est finalement pas fait. Mamadou Tandja tenait donc ce jour-là à expliquer à ses militants qu’il n’était pas d’accord avec l’entrée au gouvernement de personnalités du MNSD. L’entretien a été enregistré. Il n’avait pas vocation à être diffusé mais il l’a pourtant été largement via des CD vendus sur le marché de Niamey et les téléphones mobiles. Selon les confidences d’un responsable du MNSD, c’est Tandja lui-même qui aurait souhaité sa diffusion. Ce document de 25 minutes est une accusation en règle contre le pouvoir actuel. Tandja accuse le président Issoufou d’être incapable de lutter contre la corruption et explique que le pouvoir de transition, conduit par Salou Djibo, a facilité son arrivée au pouvoir. Il évoque ces fameux 400 milliards de francs CFA, qu’il assure avoir laissés à son départ dans les caisses de l’Etat – soit plus de 600 millions d’euros, c’est-à-dire beaucoup d’argent. Sans plus de détails. Mais le débat arrive sur la place publique et dans la presse. Qu’est devenu cet argent ? L’opposition accuse les autorités en place de vouloir couvrir les acteurs de la transition, soupçonnés de les avoir aidées à prendre le pouvoir. Et rappelle que, depuis l’arrivée au pouvoir du président Issoufou, elle demande un audit sur la période de transition.

Pourquoi avoir attendu jusqu’en janvier pour ouvrir une enquête ?
Pour tenter de désamorcer cette cabale, le directeur général du Trésor a publié un document censé indiquer le montant présent des caisses de l’Etat au 18 février 2010 – jour du putsch. Mais rien n’y a fait. Début janvier, le gouvernement décide donc de saisir la justice et d’ouvrir une enquête, à travers laquelle tous les protagonistes de l’affaire seront entendus : le président Tandja, les ministres des Finances et du Budget de l’époque, mais aussi le général Salou Djibo et des personnalités de la transition. Les participants à la réunion du 26 octobre ont déjà été entendus. Et les auditions se poursuivent, selon des sources judiciaires qui affirment que l’ancien président Tandja a refusé de répondre aux questions des gendarmes qui souhaitaient l’entendre, fin janvier, et qui s’étaient déplacés à son domicile. Il aurait invoqué son immunité présidentielle pour refuser un interrogatoire. Immunité qui ne peut pas être activée, selon le ministère de la Justice, car il s’agit d’une simple audition et que cela ne concerne pas des faits ou des propos tenus durant sa présidence. On ne sait pas grand-chose de plus.

A deux ans de la prochaine élection présidentielle, que représente ce dossier très polémique et délicat pour le pouvoir ?
A n’en pas douter, ce dossier participe d’une ambiance politique très lourde à Niamey. Après le départ de la majorité présidentielle de Hama Amadou, l’été dernier, et de son parti Lumana Moden, l’échiquier politique se reconstitue. Désormais, le président Issoufou, qui a perdu son partenaire majeur de la victoire de 2011, a récupéré des personnalités qui comptent au sein de Lumana mais aussi du MNSD.  Et il conserve la majorité à l’Assemblée nationale. Quant à l’opposition, elle se transforme en coalition, avec le MNSD, la branche Lumana de Hama Amadou et le CDS de Mahamane Ousmane. Désormais, entre majorité et opposition, c’est la guerre en vue de la prochaine présidentielle : Hama Amadou, toujours président de l’Assemblée nationale, vient de confirmer dans Jeune Afrique l’intention de son parti de présenter un candidat pour la présidentielle de 2016. Il fait feu de tout bois et ne manque plus une occasion de dénigrer le pouvoir en place dans la presse et surtout lors de réunions publiques au Niger, particulièrement à Niamey, son fief. Le pouvoir l’accuse d’utiliser des arguments communautaristes, opposant Hama le Djerma à Issoufou le Haoussa… Des relents ethnicistes que l’on a récemment entendus dans des débats radiotélévisés et qui ont valu à des journalistes et à des activistes de l’opposition d’être placés en garde à vue par la justice. Ces arrestations ont soulevé l’indignation à l’intérieur du pays, mais aussi à l’étranger, au nom de la défense du droit à la libre expression. Au Niger, la loi sur la presse interdit la détention préventive des journalistes au nom de la dépénalisation des délits de presse… Tout ceci dans un climat social lourd, avec l’interdiction, tout récemment, de manifestations à Niamey et à Agadez.

rfi

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