Les Comoriens étaient aux urnes hier afin de se prononcer sur la nouvelle constitution qu’entend mettre en place le président Azali Assoumani. Ce référendum est vivement dénoncé par l’opposition ainsi que la société civile. Malgré les demandes des organisations de défense des droits de l’homme, M. Azali Assoumani ne veut rien entendre.
Contrairement à certaines opinions réductionnistes qui estiment qu’une fois que nous parlons de référendum voire d’élection en Afrique, il faut s’attendre à des tensions, c’est le lieu de leur dire que l’Afrique n’est pas la seule à être dans cette situation. Hier, lundi 30 juillet 2018, l’Union des Comores, composée de trois archipels : Grande-Comore, Mohéli et Anjouan, faisait face à un référendum constitutionnel fortement décrié.
Cet archipel indien de moins de 800 000 habitants était depuis 2001 gouverné selon une méthode de présidence tournante permettant aux différentes îles de se succéder à la tête de l’Union. La nouvelle constitution en vue, pour laquelle les Comoriens sont passés dans les urnes pour le référendum ce lundi matin, sera adoptée si les Comoriens répondent à la question : « Approuvez-vous le projet portant révision de la Constitution du 23 décembre 2001 révisée en 2009 et en 2013 ? » Ce scrutin s’est soldé par de fortes tensions dans la matinée ; des matériels de vote ont été brûlés ; des agents électoraux se sont absentés de leurs lieux de vote.
Rappelons que la constitution qui gouverne présentement les Comores est celle qui a mis fin aux vives tensions qui menaçaient la survie de ces îles. La nouvelle démarche du président Assoumani veut compromettre cet état de stabilité en voulant coûte que coûte imposer un référendum à l’issue duquel une île pourra désormais faire deux mandats soit deux quinquennats à la tête de cette union. Outre cela, la nouvelle constitution, une fois validée, prévoit la suppression de la Cour constitutionnelle ainsi que de la vice-présidence. Elle prévoit également de faire de l’islam sunnite la religion d’État, selon l’article 97 de ladite constitution : « L’islam est la religion d’État. L’État puise dans cette religion les principes et les règles d’obédience sunnite et de rite chafiite qui régissent le culte et la vie sociale. »
Ces dispositions, bien qu’ayant déjà coûté cher à l’opposition, continuent à être dénoncées. L’opposition et la société civile n’entendent point baisser les bras sans amener le président à renoncer à sa volonté monarchiste. Elle entend lui forcer la main jusqu’à ce qu’il laisse le pouvoir à un habitant de l’île d’Anjouan, comme l’exige la constitution en vigueur. Aux dires du secrétaire général de l’opposition, Ahmed el-Barwane, « Le président Azali veut se tailler une Constitution sur mesure qui lui permet de faire ce que bon lui semble ».
La validation de cette nouvelle constitution verra organiser de façon anticipée les élections en 2019. Lors de ce scrutin, le président aura devant lui la possibilité de se présenter afin de briquer un second mandat. Cette situation qui pourrait se comprendre comme un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir en place est non moins inquiétante, mais elle peut se solder à des crises désastreuses au sein de cette union. Le président Azali doit opter pour la voie pacifique pour ne pas menacer la stabilité régnante dans l’Archipel, laquelle lui a permis d’être au pouvoir.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays