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Pêche illégale au Sénégal : les autorités veulent plus de répression

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Dimanche 5 janvier, les autorités ont arraisonné un chalutier russe, l’Oleg Naydenov, qui comptait à son bord 62 Russes et 20 Bissau-Guinéens. Ce bateau, qui dispose de moyens importants, pêchait illégalement ces dernières semaines dans les eaux territoriales sénégalaises. Malgré la volonté politique, l’actuel code de la pêche est peu dissuasif, le texte, qui devrait bientôt être modifié, ne prévoit pas de peine de prison, mais une amende.

De notre correspondante à Dakar,

Le chalutier russe qui pêchait dans les eaux territoriales du Sénégal se trouve actuellement au port militaire avec son équipage et sa cargaison. Des négociations sont en cours, notamment concernant l’amende. Selon le capitaine de vaisseau Cheikh Sarr, directeur de la Protection et Surveillance des pêches, c’est un avion français qui assiste la marine sénégalaise, qui a repéré le navire russe et a donné l’alerte. Le navire a été retrouvé quelques jours plus tard lors d’une patrouille de la marine sénégalaise.

Cheikh Sarr insiste sur le fait que le bateau était bien dans les eaux sénégalaises quand il a été arraisonné. Le patrouilleur sénégalais s’est collé au bateau russe, une équipe de marins est montée à bord et a donné l’ordre à l’équipage russe de suivre le patrouilleur jusqu’à Dakar. Il y a eu un refus d’obtempérer et selon le ministre sénégalais de la pêche, Haidar el Ali, les marins sénégalais qui étaient en petit nombre, se sont retrouvés comme « séquestrés». Comme ils ne revenaient pas, il a fallu envoyer du renfort avant finalement de réussir à convaincre le commandant d’accepter de rallier Dakar. Les tractations ont duré une journée.

Le ministre sénégalais de la Pêche Haidar el-Ali assure qu’il n’ y a pas eu de blessés. Après plusieurs jours de discussions, un médecin militaire sénégalais a finalement pu monter à bord avec le médecin agréé par les Russes : « Il en ressort qu’il n’y a aucun blessé. Ni bras cassé, ni contusion », affirme le ministre « mais c’est vrai qu’il a fallu les obliger à accepter de rejoindre Dakar, que ça a donné lieu à quelques échauffourées », dit-il. « L’opération ne s’est pas vraiment passée en douceur ».

Un arraisonnement qui doit servir d’exemple

Le ministre de la pêche, Haidar el-Ali a annoncé un durcissement du code de la pêche. Ce code prévoit actuellement des amendes, mais pas de peines de prison. En matière de pêche illégale, les autorités sénégalaises se sont dans le passé montrées plutôt passives. Certaines voix ont même dénoncé des complicités car les bateaux étaient prévenus dès qu’ils étaient repérés et pouvaient ainsi s’échapper. Cette fois, le gouvernement veut faire de cette arraisonnement un exemple afin de dissuader d’autres pilleurs.

Il faut savoir qu’un bateau comme celui là fait 120 mètres de long ! Il est capable d’aspirer plus de 100 tonnes de poissons en une seule journée et cela illustre les ravages de la pêche illégale qui affecte particulièrement les populations.

Les pêcheurs sénégalais sont en effet confrontés à la raréfaction des ressources et sont obligés d’aller de plus en plus loin en mer pour pêcher. Qui dit aller plus loin, dit prendre des risques et dit aussi dépenser plus de carburant, ce qui provoque une hausse des prix du poisson sur les marchés. Selon l’Agence américaine USAID, le coût de la pêche illégale s’élève à 150 milliards de francs CFA (près de 130 millions d’euros) de pertes annuelles pour le pays.

Des amendes peu dissuasives jusque-là

Voilà pourquoi le gouvernement sénégalais s’engage avec la bénédiction du président Macky Sall. Haidar el-Ali, qui avant d’être ministre était un défenseur de la nature de renommée internationale, veut en profiter pour durcir les textes en vigueur qui sont peu dissuasifs. Un braconnier qui pêche à l’explosif écope d’une amende de 50 000 francs CFA seulement, c’est-à-dire moins de 100 euros. Le code actuel autorise par exemple la capture d’un mérou de 20 cm alors que tous les spécialistes s’accordent à dire que c’est trop tôt, qu’un poisson de cette taille n’a pas atteint sa maturité sexuelle et donc qu’il ne peut pas se reproduire.

Quand on attrape un navire industriel en train de piller les côtes, s’il masque son immatriculation avec une bâche par exemple, il écope d’une amende de 5 millions de francs CFA seulement pour défaut d’identification alors que ce genre de bateau a des capacités de stockage de plus de 1000 tonnes de poissons ! Et quand ils sont attrapés en flagrant délit, ils n’ont qu’une amende de 200 millions de francs CFA (300.000 euros), qui peut être doublée en cas de récidive.

« Il faut que ça change, on va revoir le code de la pêche sans plus attendre », insiste le ministre sénégalais qui ne compte pas seulement alourdir les amendes mais bien introduire des peines de prison et même la saisie du navire, comme cela se fait en Mauritanie. L’effet dissuasif est indispensable pour Haidar el-Ali : « C’est d’ailleurs parce que le Sénégal n’a pas un code suffisamment répressif qu’on a tellement de bateaux-pirates chez nous », ajoute-t-il. Haidar el-Ali veut donc soumettre une proposition dans ce sens, une réforme du code de la pêche et donc introduire des peines de prison. Il se dit confiant : il pense qu’il sera suivi par le gouvernement.

rfi

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