C’est une première en France : ce jeudi 23 janvier, l’Assemblée nationale examinait le texte de la proposition de loi des écologistes visant à réglementer l’exposition des citoyens aux ondes électromagnétiques.
Nous baignons dans les ondes électromagnétiques, puisque la lumière en est une. Mais le téléphone portable et ses antennes-relais, la connexion wifi à Internet, la radio, un écran cathodique de télévision ou un four à micro-ondes, émettent ou reçoivent également des ondes électromagnétiques. Pourtant, la principale source d’exposition est le téléphone portable.
Ces ondes sont caractérisées par leur longueur, leur puissance et leur intensité. La puissance, c’est par exemple ce que le corps reçoit quand nous avons un téléphone portable dans la poche. On parle de watts par kilo – et en France la puissance maximale autorisée pour un téléphone portable est de 2 watts par kilo. L’intensité, c’est la mesure du champ électrique émis par un appareil, en volts par mètre, qui décroit rapidement avec la distance : une antenne-relais de téléphonie mobile en 3G émet 41 V/m à 5 mètres et 5 V/m à 40m.
Des ondes potentiellement dangereuses
Dans un studio de radio, nous sommes inondés par les ondes électromagnétiques et a priori, on ne s’en rend pas compte. Mais chez certaines personnes, dites « électrosensibles », les champs électromagnétiques de radiofréquence, comme les réseau de télécommunication, les fours micro-ondes ou les lignes électriques à haute tension, peuvent provoquer en particulier de fortes migraines.
La dangerosité de ces ondes dépend de leur intensité et de leur puissance en fonction du temps d’exposition. Le Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC) a classé les champs électromagnétiques spécifiques dans les cancérogènes possibles. Mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’ANSES, dans un rapport rendu en novembre dernier, estime qu’il n’y a pas de risque sanitaire avéré mais préconise quand même de diminuer le niveau d’exposition au nom du principe de précaution. L’Organisation mondiale de la santé, l’OMS, recommande pour sa part un niveau d’exposition maximum de 41 volts/mètres.
Par exemple, on ne dort pas avec le portable allumé sous l’oreiller.
La proposition de loi des députés écologistes
Jusqu’ici, le développement du téléphone portable et l’installation d’antennes-relais se sont fait sans aucun contrôle et ce texte propose d’inscrire dans la loi un principe de « sobriété, de transparence et de concertation » par diverses mesures encadrant en particulier l’installation des antennes-relais.
La loi prévoit également l’interdiction de la publicité, sur les téléphones portables, destinée aux enfants de moins de 14 ans et l’interdiction d’installation du wifi dans les crèches, et non pour les établissements recevant des enfants de moins de 6 ans, ainsi que le stipulait la proposition avant les amendements.
Rappelons que cette proposition de loi avait déjà été présentée il y a un an, mais le groupe socialiste l’avait alors rejetée, prétextant que cela risquait de créer une « peur irrationnelle » chez les utilisateurs. Les écologistes s’étaient fâchés en retour, accusant les socialistes d’avoir cédé au lobbying des industriels du téléphone portable. Mais ce matin, les ministres de l’Environnement et de l’Économie numérique, Philippe Martin et Fleur Pellerin, ont soutenu la proposition de loi devant les députés.
Et cette fois, les écologistes affirment que quoiqu’il arrive, eux-mêmes ne cèderont pas aux pressions des lobbies.