Peu de cadres savent par quel bout prendre l’équipe qu’ils ont la charge ou encore quelle position prendre vis-à-vis de ce nouvel environnement. L’actuel président directeur général de l’Office du Niger fait partie des exceptions à la règle.
Après avoir pris les rênes du géant agricole malien et sous-régional, Mamadou M’Baré a mûri son projet en amont et a pris le temps, dès sa prise de fonction, de connaître les personnalités auxquelles il avait à faire. Assumant résolument le rôle de protecteur des administrateurs, des paysans et de l’entreprise -et tout cela dans le respect des textes statutaires de l’office du Niger-, il a apporté une nouvelle culture axée sur la synergie d’action, l’esprit d’équipe et le travail collégial, à savoir : tous pour un seul et même résultat.
En trois mois d’expérimentation d’une administration jeune et compétente, de meilleure gouvernance et de gestion adéquate de l’eau, la diversification agricole, l’augmentation des superficies et de la productivité sont devenus une réalité et donnent de l’espoir quant à la souveraine alimentaire, un axe principale des Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD) dans le secteur de l’agriculture.
Vision du président de la République
Après sa prise de fonction à la tête du géant de l’agriculture de la sous-région, le 1er Septembre 2016, Mamadou M’Baré Coulibaly chercheurs hors-pair, n’a formé une équipe qu’au bout de nombreux entretiens et rencontres. Une équipe pour la première constituée de jeunes cadres expérimentés. Il s’agit, à titre d’exemple, de la nomination au poste de Dga de Tidiani Traoré, dont l’expertise et le talent sont avérés, de Bakui Koné, directeur de la gestion de l’eau, de Souleymane Koné, chef service aménagement, Moussa Diarra chef service administration ou encore Daouda Diarra à la Zone de Kologo. La liste n’est pas exhaustive.
L’objectif, selon lui, est non seulement d’injecter du nouveau sang dans les ressources humaines, mais également de mettre la nouvelle administration en confiance avec les paysans et les partenaires techniques et financiers.
Constance sur le terrain
Dès sa prise de fonction, le Dr Coulibaly a multiplié les visites de terrain en vue de rapprocher davantage l’administration des producteurs, les paysans. L’ensemble des zones a été sillonné, lui permettant ainsi de prendre la mesure de l’état des lieux et des défis à relever. Pour lui, ils ont pour nom la bonne gouvernance, une meilleure gestion de l’eau, la diversification puis l’augmentation des superficies et de la productivité. Faut-il noter par ailleurs que ces visites de terrain ont eu un éclat particulier avec la présence du ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, en décembre 2016. La présence d’un locataire de l’Hôtel des Finances dans les champs est une première à l’Office du Niger et restera désormais gravée en lettre d’or dans les annales de l’histoire. Elle est le résultat d’une intense plaidoirie de l’actuel ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon en faveur du développement agricole au Mali et singulièrèrement en zone Office du Niger.
Les grands projets à l’Office
Les points saillants de ses projets sont la progression de la mutation d’une société paysanne d’exploitation traditionnelle vers une société d’exploitation agricole moderne à travers les moissonneuses batteuses acquises dans le cadre du PAPAM en rapport avec la SOCAFON, d’une part, la création de «Nouveaux Villages Agricoles » sur l’ensemble du territoire national dans le cadre de la mise en œuvre de la politique présidentielle, d’autre part. L’objectif est de permettre l’aménagement de 3 300 ha dans la zone de M’Béwani et l’installation de Nouveaux Villages Agricoles. A titre de rappel, un village agricole est un espace géographique abritant des aménagements hydro-agricoles où se déroulent de façon holistique les activités de développement économiques touchant les sous-secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la foresterie, de l’agro-industrie, des infrastructures socio-économiques de base.
Respect des réunions statutaires
Handicapé depuis un certain temps par la lourdeur administrative, l’Office du Niger, sous la houlette du PDG Mamadou M’Baré Coulibaly, a pu renouer avec un rythme plus soutenu des réunions statutaires et dans un délai record. Ainsi, il y a eu successivement des rencontres du comité de gestion, le 29 novembre 2016, la cinquième réunion du comité de suivi du contrat-plan 2014-2018 entre Etat-Office du Niger et les exploitants agricoles, les 7 et 8 décembre 2016, la revue et le cadrage des projets et programmes, le 10 novembre 2016 ainsi que les 38ème et 39ème sessions ordinaires du conseil d’administration, les 14 et 29 décembre 2016.
A nouvelle équipe, nouvelle vision
Après la composition de la nouvelle équipe dirigeante, la direction a initié des rencontres avec l’encadrement, les paysans et les partenaires techniques et financiers. L’objectif consistait de partager avec ses acteurs sa vision qui sera éventuellement transformée en plan d’actions. Celui-ci s’articule essentiellement autour des axes suivants : la sécurisation du barrage de Markala face à l’augmentation du trafic routier avec le développement des filières végétales et animale et à la menace terroriste, le renforcement de la sécurité foncière des exploitants agricoles avec l’application stricte des textes régissant la gérance des terres, la poursuite de la politique de responsabilisation, d’organisation et de défense des intérêts des exploitants agricoles conformément aux dispositions de la Loi d’Orientation Agricole, la mise en œuvre d’un programme gouvernemental d’aménagement à un rythme soutenu de nouveaux aménagements à hauteur d’au moins 15 000 ha par an, la gestion des aménagements avec la maitrise totale de l’eau en se basant sur les contours du changement climatique, l’ouverture des réseaux principaux d’irrigation (3ème bief du Fala de Molodo, dragage des 1ers et 2ème biefs du Fala de Molodo, élargissement du canal du Macina et du Fala de Boky-Wèrè) pour non seulement améliorer le pâturage des animaux, mais également pour reconstituer l’écosystème dans le cadre du changement climatique. Ce n’est pas tout au nombre des axes on peut ajouter également la promotion des structures privées de production de semences (riz, maïs, oignons pomme de terre…) adaptées au climat en vue d’accroitre la production et la productivité des exploitations agricoles et de réduire la dépendance extérieure, la promotion d’unités de transformation et de conservation des produits agricoles (cultures maraichères, riz, maïs, pomme de terre, agrumes…) permettant d’accroitre la valeur ajoutée desdites filières agricoles et, last but bot the least, l’assainissement du crédit agricole et la forte implication du système bancaire dans le financement à des taux bonifiés des investissements et l’exploitation des terres ainsi aménagées avec une prise en compte de la mécanisation et de la modernisation des systèmes d’exploitation des terres, des Exploitations Agricoles Familiales et Entreprise agricoles.
Figure rassurante de bonne gestion
Elles consistent à procéder à la remise en l’état du fonctionnement normal du réseau hydraulique principal existant de l’Office du Niger, des réseaux primaires connexes de distribution et de drainage. S’y ajoutent l’immatriculation et le cadastrage systématique de toutes parcelles agricoles de l’ON afin de maitriser non seulement la facturation de la redevance eau, mais aussi les besoins en eau d’irrigation. Le recensement systématique des terres attribuées en bail et leur état d’exécution, ainsi que le zonage des parcelles selon le mode de tenure des terres et conformément au Schéma Directeur de l’Office du Niger font également parties des actions prioritaires à entreprendre. Et dire que l’objectif visé par la réalisation de ces actions est de permettre à l’Office du Niger de jouer pleinement son rôle de leadership en matière d’agriculture irriguée en maitrise totale de l’eau. Toutes choses qui permettront au Mali d’aller vers l’atteinte des Objectifs Millénaires de Développement, selon la ferme conviction du PDG de l’Office.
Amidou KEITA
Source : Le Témoin