Le dernier de l’année, l’OCHA a rendu public la semaine dernière son rapport humanitaire. Dans ce document périodique, l’Organisme international tire l’alerte : « Les taux de malnutrition aiguë restent élevés dans le nord ». Pour OCHA, la situation de la malnutrition aiguë reste préoccupante malgré la baisse des taux de malnutrition aiguë révélée par les résultats de l’enquête nutritionnelle et de mortalité rétrospective suivant la méthodologie Smart conduite en septembre 2019.
La prévalence nationale de la malnutrition aiguë globale (MAG) chez les enfants de 0 à 59 mois est passée de 11,2% en 2018 à 10% en 2019 et celle de la malnutrition aiguë sévère (MAS) de 2% à 1,5%. A l’analyse de ces chiffres, la situation actuelle du pays n’est pas reluisante. Selon le rapport de l’OCHA, le pays est au bord des seuils d’urgence tels que définis par l’OMS.
Concernant la malnutrition sévère, poursuit le document, la situation est particulièrement inquiétante dans les régions de Tombouctou et de Ménaka avec respectivement des taux de 2,5% et de 2,4%, dépassant ainsi le seuil d’urgence. Quant à la malnutrition aiguë, les régions de Tombouctou, Taoudéni, Kidal et Gao se trouvent dans une situation sérieuse, selon la classification de l’OMS, avec des taux qui varient entre 10 et 14,9%.
Cependant, c’est dans la région de Kidal que la situation s’est davantage détériorée avec des chiffres funestes. Dans cette région, la prévalence de la malnutrition aiguë est passée de 4 à 11% de 2018 à 2019 et celle de la malnutrition sévère de 0 à 1,6% durant la même période. Toutefois, les régions de Sikasso, Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti et le district de Bamako présentent, quant à elles, des taux de MAG inférieurs à 10%, correspondant à une situation précaire.
Du 1er janvier au 1er décembre 2019, quelque 235 448 cas de malnutrition aiguë globale ont été pris en charge sur un total de 241 340 cas dépistés selon le rapport hebdomadaire de la Prise en Charge de la Malnutrition Aiguë publié par la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique.
Plus de 1 000 écoles fermées
L’OCHA relève que le nombre d’écoles fermées dans les zones de conflit a considérablement augmenté. A la rentrée scolaire, 1 051 écoles étaient fermées selon les données du Cluster Education. Ainsi, de près 900 écoles, le nombre d’établissements fermés est passé à 1051, soit une hausse de 300. La région de Mopti, avec 62% des écoles fermées au niveau national, est la plus touchée. Mopti est suivie de la région de Tombouctou avec une hausse de 40% du nombre d’écoles fermées.
« Sur les 574 écoles ouvertes au début de l’année scolaire, 106 étaient fermées deux semaines après l’ouverture des classes. Dans cette région, des actes de violence ont ciblé des écoles dans lesquelles des documents et matériels scolaires (tables-bancs, chaises, bureaux, armoires, cahiers, livres, etc.) ont été emportés ou brûlés devant la population et les élèves », explique le rapport.
Par conséquent, au total, 80% des enfants déplacés âgés de 6 à 15 ans ne vont pas à l’école selon le rapport DTM d’octobre 2019. Les régions de Ménaka, Mopti et Kidal affichent les taux de non-scolarisation les plus élevés.
De même, le nombre de personnes déplacées internes a aussi doublé. En un an, l’effectif des déplacés internes est allé à 199 385 personnes. En 2018, c’était 80 302 personnes. Plus de la moitié d’entre elles sont des femmes et des enfants. Les régions de Mopti, Gao, Ségou, Tombouctou et Ménaka accueillent actuellement le plus grand nombre de PDI. L’accroissement du nombre de PDI s’explique par l’escalade des violences liées aux confits observés dans le centre et les zones le long de la frontière avec le Burkina Faso et le Niger.
Le phénomène des déplacements reste complexe et la région de Mopti pourrait être considérée comme l’épicentre. Les populations fuient les violences dans certaines zones de cette région pour trouver refuge dans d’autres localités de la région mais également vers d’autres régions du pays notamment Ségou, Gao, Tombouctou et Bamako.
Selon une enquête menée auprès de 33 933 ménages de PDI en septembre 2019, 97 pour cent des PDI se sont déplacées en raison de l’insécurité. Toutefois, il convient de noter que certaines personnes venant des zones de conflit justifient leur déplacement par l’insécurité alimentaire et les difficultés économiques.
Mariétou DOUCOURE
Source: Azalaï Express