De la fin de 13 urgences de polio en Afrique à une nouvelle guideline pour le traitement d’Ebola, en passant par les défis de la rougeole… survol de l’actualité sanitaire en Afrique cette semaine écoulée.
Polio : les derniers progrès en Afrique
Les pays africains enregistrent de nouveaux progrès en ce qui concerne la lutte contre la poliomyélite. L’équipe de riposte rapide de l’agence onusienne en Afrique, qui a examiné les dernières flambées sur le continent, a en effet déclaré la fin de 13 urgences dans 5 pays africains.
« Bien que ces progrès soient louables, les efforts doivent continuer pour que chaque enfant éligible soit vacciné. », indique-t-on, alors que plusieurs pays déploient leurs stratégies vaccinales pour immuniser leurs populations contre le poliovirus. De nouveaux foyers qui sont en train de sévir sur le continent, font du reste suite à plusieurs années d’accalmie en ce qui concerne le poliovirus sauvage (PVS), responsable de la poliomyélite.
En effet, en 2020, cet agent pathogène avait été officiellement déclaré « éradiqué » de la région par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ceci suite à 4 ans consécutifs sans cas déclaré, grâce notamment à d’importantes campagnes vaccination des enfants.
Ebola : de nouvelles recommandations de traitement
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a introduit cette semaine ses nouvelles guidelines pour le traitement de la maladie à virus Ebola, avec notamment de nouvelles recommandations fortes pour l’utilisation de deux anticorps monoclonaux (mAb114 (Ansuvimab ; Ebanga) et REGN-EB3 (Inmazeb)). Ce guide « aidera les prestataires de soins de santé qui s’occupent de patients atteints d’Ebola, ainsi que les décideurs qui participent à la préparation et à la réponse aux flambées », espère-t-on à l’OMS. Les essais cliniques ont été menés pendant des épidémies d’Ebola, le plus grand essai ayant été réalisé en République démocratique du Congo, où la maladie est la plus active, avec plusieurs flambées ces dernières décennies, dont la plus récente a pu être contenue et déclarée close en juillet dernier.
L’Unicef va débloquer jusqu’à 170 millions $ pour la vaccination contre le paludisme
L’UNICEF, agence des Nations unies chargée de l’enfance, a attribué au laboratoire GSK, un contrat portant sur la fourniture d’un vaccin contre le paludisme, d’une valeur pouvant atteindre 170 millions de dollars. Dans son annonce du 16 août 2022, l’institution multilatérale relève un « contrat historique » qui « permettra de mettre à disposition 18 millions de doses de RTS,S/AS01 (RTS,S) au cours des trois prochaines années ».
« Ce déploiement de vaccins envoie un message clair aux développeurs de vaccins contre le paludisme pour qu’ils poursuivent leur travail, car les vaccins contre le paludisme sont nécessaires et recherchés », a déclaré Etleva Kadilli, directrice de la Division des approvisionnements de l’UNICEF. « Nous espérons que ce n’est que le début. Il faut continuer à innover pour développer des vaccins nouveaux et de nouvelle génération afin d’augmenter l’offre disponible et de permettre un marché des vaccins plus sain. C’est un pas de géant dans nos efforts collectifs pour sauver la vie des enfants et réduire le fardeau du paludisme dans le cadre de programmes plus larges de prévention et de contrôle du paludisme. », a-t-elle ajouté.
Selon les données de l’OMS, plus de 30 pays ont des zones de transmission du paludisme, modérée à élevée, où le vaccin pourrait apporter une protection supplémentaire à plus de 25 millions d’enfants chaque année, une fois que l’approvisionnement aura augmenté.
Zimbabwe : 157 enfants non-vaccinés meurent de rougeole
Au Zimbabwe, jusqu’à 157 enfants sont décédés à cause d’une épidémie de rougeole, signalée pour la première fois en avril. La plupart d’entre eux étaient des enfants non vaccinés (notamment pour raisons religieuses), selon l’information rapportée par Outbreak News Today. La plupart des cas signalés étaient ainsi des enfants âgés de six mois à 15 ans issus de sectes religieuses qui ne sont pas vaccinés contre la rougeole en raison de leurs croyances religieuses, notent les responsables. Au 15 août, 2056 cas étaient ainsi signalés, avec 157 décès, presque exclusivement chez des enfants, selon la ministre de l’information Monica Mutsvangwa. Une campagne de vaccination de masse est annoncée par le gouvernement, ciblant les enfants âgés de 6 mois à 15 ans. En ce sens, les autorités font d’ores et déjà appel aux chefs traditionnels et religieux, pour soutenir cette campagne.
Liberia : l’épidémie de rougeole s’intensifie
Au Liberia, la flambée de rougeole (qui a débuté le 13 décembre 2021), s’est intensifiée depuis mars 2022. Selon l’OMS, un total de 5923 cas suspects ont été signalés, dont 5528 cas confirmés (93,3 %) au 20 juillet 2022. En tout, 71 décès ont été enregistrés, ce qui donne un taux de létalité de 1,2 % parmi tous les cas suspects. Au 20 juillet 2022, l’épidémie reste active dans les 15 comtés du Liberia. À noter que sur les 5528 cas confirmés, un total de 2474 (44,8 %) étaient connus pour être vaccinés contre la rougeole. Cependant, 44% d’entre eux n’avaient pas été vaccinés, près de 10% avaient un statut vaccinal inconnu, et 1,5 % cas étaient âgés de moins de 9 mois et la vaccination n’était donc pas encore nécessaire. La deuxième phase des campagnes nationales de vaccination contre la rougeole dans les 15 comtés est en cours.
Le Nigeria en tête des pays touchés par la rougeole au premier semestre 2022
Toujours pour ce qui est de la rougeole, la même tendance à la hausse est relevée notamment au Nigeria. Selon des chiffres basés sur les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Nigeria est arrivé la semaine dernière en tête de liste des pays les plus touchés, avec 18 628 cas.
Le Nigeria est suivi par l’Inde (7283), le Pakistan (5506), le Liberia (5403), l’Éthiopie (4168), l’Afghanistan (2762), la République démocratique du Congo (2164), le Cameroun (1811), l’Indonésie (1503) et la Côte d’Ivoire (1238).
Crise humanitaire dans la Grande Corne de l’Afrique
La grande Corne de l’Afrique est actuellement confrontée à une crise humanitaire majeure en raison de l’insécurité alimentaire croissante due à un mélange toxique de chocs climatiques extrêmes (dont l’un des pires épisodes de sécheresse de ces 40 dernières années, après quatre saisons pluvieuses ratées consécutives depuis fin 2020), de conflits armés, des impacts socio-économiques de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, relève l’OMS. Ceci concerne notamment des pays comme l’Ethiopie, le Kenya, le Soudan du Sud et l’Ouganda.
L’institution sanitaire, ayant déjà tiré à plusieurs fois la sonnette d’alarme sur la situation dans cette partie du continent, indique qu’en Éthiopie, par exemple, près de 17 millions de personnes ont été ciblées pour recevoir une aide dans les zones touchées par la sécheresse au cours du second semestre de l’année. En comparaison, ils étaient 8,1 millions de personnes au cours du premier semestre 2022. Au Sud-Soudan, plus de 6,2 millions de personnes ont été ciblées pour une assistance alimentaire et nutritionnelle.
Choléra au Mozambique (3415 cas pour 15 décès)
Au Mozambique, l’épidémie de choléra – déclarée depuis le 24 mai 2022 – se poursuit dans huit districts des provinces de Nampula, Sofala et Zambézia, mais avec une tendance à la baisse, relève l’OMS. L’épidémie se poursuit dans le sillage des deux cyclones qui ont touché le pays, entre janvier et mars 2022, et affecté six provinces. Les deux sinistres ont ainsi entraîné des déplacements massifs de population, la mort de plusieurs personnes, la destruction d’infrastructures et la perturbation de l’approvisionnement en eau. Du 13 janvier 2022 au 31 juillet 2022, un total de 3415 cas de choléra et 15 décès ont été signalés dans deux provinces, avec un taux de létalité de 0,4 %, selon les données de l’OMS.
Guinée : des cas de fièvre de Lassa
Des cas de fièvre de Lassa sont signalés dans le pays d’Afrique de l’Ouest. Suite à une surveillance de routine, des cas ont été signalés, ce qui a amené à des analyses plus poussées, notamment des tests PCR au Laboratoire des fièvres hémorragiques virales de Guinée (LFHVG). Au 12 août 2022, un total de 6 cas confirmés de fièvre de Lassa et 1 cas probable ont été signalés à Conakry, la capitale, et à Kindia. 63 contacts ont été répertoriés dans le grand Conakry et 21 contacts ont été identifiés à Kouroussa. Maladie virale aiguë présente surtout en Afrique de l’Ouest, la fièvre de Lassa a été identifiée en 1969 au Nigeria. Le virus tire son nom de la ville dans laquelle les premiers cas sont apparus.
Sénégal : quelques cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC)
Près de la Guinée, au Sénégal, c’est plutôt un foyer de fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) qui est relevé par les autorités sanitaires, dans le district de Podor, région de Saint-Louis. Le premier cas, rapporté par l’OMS, serait une patiente âgée de 38 ans qui a été détectée par le système de surveillance de la FHV en place. Le sujet a un historique de voyage en Mauritanie, dans les semaines précédentes.
Ayi Renaud Dossavi
Source : Agence Ecofin