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Nous croyions qu’elle était folle…

Agaichatou* est une petite fille de dix ans, vivant à Gao, dans le nord du Mali. Aujourd’hui, elle va à l’école, joue avec ses camarades de classe et aide sa maman à vendre des beignets. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, tout le monde disait d’elle qu’elle était folle. Sa maitresse d’école, ses camarades de classe, sa famille, personne ne comprenait ce qui lui était arrivé.

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Lors du conflit en 2012, la plupart des voi¬sins de la famille d’Agaichatou avaient fui vers des villes jugées plus calmes et sûres. Mais sa maman n’a jamais voulu partir ou plutôt n’a jamais pu partir. Elles sont restées sur place malgré la proximité des combats, des balles et des projectiles qui atterris¬saient parfois tout près de leur maison. « Il nous arrivait de passer plusieurs nuits blanches, parce que nous avions peur d’être endormies si quelque chose de grave arrive à l’une de nous », explique Fadimata, la ma¬man d’Agaichatou. « La situation était très difficile et dangereuse, mais grâce à Dieu, nous avons survécu ».

Ce que la maman de la petite Agaichatou ne sait pas, c’est que sa fille a été terriblement bouleversée par cette situation. Pourtant, à cette époque déjà, Agaichatou commence déjà à faire ce que sa famille appelle « ses crises ». La jeune fille se réveillait au milieu de la nuit, criait et parfois courait hors de la maison sans raison apparente. Elle avait des poussées de fièvre et parlait de soldats qui tiraient sur elle. Elle avait constamment peur. « Elle faisait des crises tout le temps et nous pensions qu’il s’agissait de la mau¬vaise malaria qui fait souvent convulser les enfants », explique la maman d’Agaichatou.

« Nous l’avons plusieurs fois amenée à l’hôpital et malgré les soins, il n’y a pas eu de changement. Au bout d’un certain temps, nous avons compris que le problème était peut-être ailleurs ». Désespérés et convaincus qu’ils ne peuvent plus rien pour leur fille, les parents d’Agaichatou ne savent plus à quel saint se vouer. La petite fille devient l’objet de moqueries de ses camarades et des voisins. « Tout le monde, y compris nous-mêmes croyions qu’elle était folle. Les nuits, au moment d’aller au lit, j’attachais l’un de ses pieds aux miens, de peur qu’elle ne s’échappe dans la nuit comme c’était souvent arrivé », conclut sa maman.

Malgré tout cela, la jeune Agaichatou continue d’aller à l’école, car elle aime s’y rendre. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle est dirigée vers le CICR par l’ONG « Save the Children ». Au cours de sa prise en charge, Agaichatou a pu raconter ce qu’elle a vécu lors du conflit « Un soir, on entendait des tirs et des explosions très proches de la maison. Nous étions tous apeurés. Maman nous a cachés sous le lit et est allée fermer les portes de la maison. Je croyais qu’on allait la tuer », explique t elle.

Grâce au suivi de la psychologue du CICR, Agaichatou et sa famille comprennent enfin qu’il ne s’agit pas de folie, mais de troubles psychologiques. « La violence des combats a créé chez la petite Agaichatou un sentiment d’insécurité. La peur de mourir ou de perdre sa maman est restée très vive dans son esprit, provoquant chez elle des crises de panique à la tombée de la nuit ou au moindre bruit qui lui rappelle les armes », explique Seynabou Badiane, psychologue du CICR. « La prise en charge psychologique l’a aidée à donner du sens aux événements qu’elle a vécus et à regagner petit à petit un sentiment de sécurité avec l’appui de sa maman et du reste de la famille »

Après quelques mois de prise en charge, Agaichatou se sent beaucoup mieux. Elle a repris une vie normale et va à l’école sans peur, même si de temps en temps elle craint que la guerre revienne. Sa maman et sa famille sont soulagées, « Nous sommes vraiment très heureux de voir notre fille enfin reprendre une vie normale. Nous sommes soulagés », dit la maman, visiblement satisfaite.

Source: CICR

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