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« Les visites du CICR sont essentielles pour les personnes détenues en relation avec un conflit »

Lamine Follé est un jeune militaire de 33 ans, en service à la 3ème compagnie de la Garde nationale du Mali. Nous l’avons rencontré en marge d’une séance de sensibilisation de son unité sur le droit international humanitaire (DIH). Il a souhaité partager avec nous son histoire et son expérience, en guise de témoignage et de reconnaissance au CICR pour son action en faveur des personnes arrêtées et détenues en lien avec le conflit.

Lamine Folle soldat militaire garde national mali

C’est en 2012, que Lamine Follé est enga­gé comme garde à la 6ème unité Mehariste¹ dans le nord du Mali. C’est là que sa vie a basculé. Suite aux violents affrontements entre groupes armés et l’armée malienne, Lamine est arrêté et fait prisonnier. « Je n’oublierai jamais cette date, j’étais persua­dé que c’était le dernier jour de ma vie », se souvient-il. « Nous avons été capturés avec d’autres compagnons d’arme et transférés vers un site où nous avons été détenus pen­dant de longs mois. Sur le chemin vers le lieu de détention, je m’attendais à chaque instant au pire. J’étais convaincu que nous serions tués ».

Environ deux mois plus tard, alors qu’il avait totalement perdu espoir et que tout le monde le croyait mort, ses compagnons et lui ont reçu la visite surprise d’une équipe du CICR. « C’était en mai 2012 », se sou­vient-il. « Quand je les ai vu arriver, j’ai été totalement envahi par l’émotion. J’avais les larmes aux yeux, parce que je savais qu’ils venaient pour nous.

Après plus de deux mois de détention dans un endroit tota­lement isolé, dangereux et sans aucune nouvelle de ma famille, c’était la première fois que nous avions une telle visite. Per­sonne d’autre n’était passé par-là avant ». Se soigner et se nourrir étaient totalement hors de portée. Lamine et ses compagnons devaient pourtant s’y faire. « Nous étions tous conscients que les moyens du groupe armé étaient très limités, et devions nous contenter de ce qu’ils pouvaient nous don­ner. Ils partageaient avec nous tout ce qu’ils avaient mais ce n’était évidemment pas suffisant ». En raison du manque évident de moyens, les conditions de détention étaient très difficiles.

« Les agents du CICR nous ont enregistrés et ont remis à chacun de nous un récépissé. Ils nous ont permis de contacter nos parents, j’ai pu parler à mon épouse et à mon père. Tous les deux m’ont dit qu’ils croyaient que j’étais mort depuis bien longtemps. Nous avons aussi reçu des vivres, du matériel d’hygiène, et d’autres choses très utiles pour nous », se souvient-il, visiblement très ému. « Les employés du CICR venaient de temps en temps nous voir. A chacune de leur visite, ils discutaient avec nous de nos conditions de détention et s’assuraient de notre traitement. Ils nous donnaient aussi une assistance pour nous permettre de te­nir ».

Lamine explique qu’un jour des agents du CICR lui ont proposé d’écrire des messages pour donner de ses nouvelles à ses proches. « C’est lorsqu’une autre équipe du CICR, re­venue nous voir, m’a apporté les réponses à mes messages que j’ai été très agréa­blement surpris de savoir que toutes mes lettres ont été reçues et lues par mon père à Kati et mon épouse à Gao ». L’autre fait dont Lamine affirme en avoir été marqué, c’est la prise en charge médicale d’un des leurs. « En mai 2012, un de nos compagnons était gravement malade ; un délégué du CICR a discuté avec ceux qui nous détenaient. Il a demandé et obtenu l’autorisation d’éva­cuer le malade sur Niamey où il fut soigné », explique Lamine, le regard perdu. « Je vous laisse imaginer ce qui aurait pu arriver à ce dernier si le CICR ne l’avait pas pris en charge. Aujourd’hui, il est en vie et j’en parle souvent avec lui ».

 

C’est en septembre 2012 que Lamine et ses compagnons sont finalement retournés à Bamako, convaincus d’avoir eu la vie sauve grâce au CICR. « Nous n’avions aucun autre document d’identité que les récépissés d’enregistrement que les équipes du CICR nous avaient remis. Ces documents repré­sentaient pour nous la seule preuve de notre existence », dit‑il. « Je reste à jamais reconnaissant à cette institution. Je pense que les visites du CICR sont vraiment es­sentielles pour les détenus en lien avec les conflits ».

Source: CICR

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