Près de 18 mois après le coup d’État militaire du 26 juillet 2023, la détention du président nigérien renversé, Mohamed Bazoum, et de son épouse Hadiza, continue de susciter l’indignation. L’ONU, par la voix de son Groupe de travail sur la détention arbitraire, a tranché. Cette séquestration est illégale et doit cesser immédiatement.
Depuis leur arrestation par les autorités nigériennes de la transition, Mohamed et Hadiza Bazoum sont confinés dans une aile isolée de la résidence présidentielle à Niamey. Sans inculpation, sans procès, sans aucun contact avec l’extérieur – ni famille, ni avocats. Seul un médecin est autorisé à leur rendre visite, apportant nourriture et médicaments.
Pour le collectif de défense du président déchu, l’avis des Nations Unies ne fait que confirmer ce que le monde savait déjà. « Les Nations Unies ont rejeté les explications bancales du Niger et confirmé ce que nous dénonçons depuis des mois : le président Bazoum est enfermé de manière cruelle et illégale », déclare Reed Brody, l’un des avocats de l’ex-chef d’État.
Un procès en suspens, une condamnation déjà écrite ?
Si aucune charge formelle ne lui a été notifiée, les autorités nigériennes l’accusent de « trahison » et de « complot contre la sûreté de l’État ». Des chefs d’accusation qui pourraient théoriquement le mener à la peine de mort. En juin 2024, la Cour d’État instaurée par le régime d’Abdrahamane Tiani a levé son immunité présidentielle. Une procédure expéditive, entachée d’irrégularités, selon ses avocats, qui dénoncent un simulacre de justice.
Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une instance internationale exige sa libération. En décembre 2023, la Cour de justice de la CEDEAO avait déjà rendu un verdict similaire. Mais Niamey est resté sourd à cette décision et a depuis claqué la porte de l’organisation régionale.
Le Niger sous pression internationale
Les pressions internationales s’intensifient, mais les autorités de la transition campent sur leurs positions. Officiellement, elles justifient cette détention par des « contacts téléphoniques suspects avec des forces obscurantistes ennemies du Niger ». Une accusation qui peine à convaincre.
« Aujourd’hui, nous n’avons plus aucun doute : le président Bazoum est l’otage [ d’autorités ] qui s’en servent comme d’un bouclier humain », assène Me Moussa Coulibaly, ancien bâtonnier du Niger et membre du collectif des avocats.
Le sort de Mohamed Bazoum, élu en 2021 et refusant toujours de démissionner, reste incertain.
La rédaction