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Négociations sur le sort du nord du Mali : Non à la partition du pays

Les Maliens ont célébré dans l’anxiété et la sobriété, le 54èmeanniversaire de l’accession de leur pays à la souveraineté nationale et internationale. Voilà plus d’un demi-siècle que le Mali, du président Modibo Kéita, est indépendant. Mais, l’ancienne puissance coloniale, la France, veut refaire la carte du Mali. Dans le sang. La partition du Mali, programmée sous Sarkozy, est, en train, d’être parachevée par son successeur, François Hollande.

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Si la France est intervenue militairement au Mali, en janvier 2012, ce n’était, nul doute, pas pour « finir » la guerre entre le Mali et des groupes rebelles alliés à des groupes terroristes venus de la Libye après la chute du régime Kadhafi. Aujourd’hui, au regard de ce qui se passe, on peut qualifier cette intervention d’ « interposition ». Car, pour la France, le principal groupe armé (le MNLA) qui combat l’armée malienne, ne peut être associé aux groupes terroristes quand bien même, il utilise des méthodes terroristes.

 

 

Cette position de la France et des alliés européens et occidentaux, donne un statut particulier à la région de Kidal, considérée comme le bastion des groupes terroristes et rebelles. En effet, alors que tout semblait rentrer dans l’ordre pour le Mali avec les frappes de la force Serval, l’armée malienne va se voir confiner à l’entrée de Kidal, interdite d’y avancer par crainte d’ « épuration ethnique » sur les « peaux rouges » du MNLA, dira-t-on pour justifier l’ « ordre ». Les Maliens, euphoriques après l’intervention française, sont restés stupéfaits, puis, incrédules avant de se rendre à l’évidence : le Nord leur échappe. En un mot, les groupes armés, adossés à la France, veulent leur indépendance et celle du nord du Mali considéré comme la République d’Azawad. Le sursaut d’orgueil de l’armée malienne et de ses autorités ne donne rien. Au contraire, les groupes armés reçoivent du soutien qui leur permette de prendre (définitivement ?) le dessus. Et, depuis, on tente de négocier… loin du Mont Hombori.

 

Pendant ce temps, une grande partie de la population prône l’unicité territoriale. A Alger, où des négociations sont engagées entre groupes rebelles et gouvernement du Mali, on parle beaucoup plus d’ « autonomisation », de « régionalisation », d’« indépendance » que d’union, unicité…

 

On annonce que les négociations ont été suspendues, en Algérie. A l’évidence, il y a beaucoup de difficulté à avancer dans le processus. Pendant qu’on négocie à Alger, les armes continuent de crépiter au nord du Mali. Un paradoxe. La France, bien que pointée du doigt par de nombreux Maliens d’être complice des groupes rebelles, essaie de jouer l’équilibre. Ses forces armées sont toujours présentes sur le sol malien aux côtés des forces de la coalition internationale. Mais, au sein de la population, certains pensent que ceux qui parlent encore d’autonomie ou d’indépendance des régions du nord, espèrent bénéficier de soutiens extérieurs. A l’étape actuelle des négociations, il y a un éveil de conscience collective au sein de la population. Il semble que les Maliens, toutes sensibilités confondues, du sud comme du nord, appréhendent bien, cette fois-ci, les enjeux des négociations engagées à Alger.

 

Ces derniers temps, des mouvements de protestation contre ceux qui caressent encore des velléités indépendantistes et séparatistes, se multiplient. La preuve, à Tombouctou comme à Gao et Bamako, les Maliens, toutes sensibilités confondues, sont sortis massivement dans la rue, pour protester sinon dénoncer toute velléité d’indépendance des régions du nord. Cette réaction est très éloquente et témoigne de la solidarité du peuple aux autorités actuelles dans les efforts de recherche de solutions durables à la crise, excluant tout projet d’indépendance ou d’autonomie. C’est un déclic et un signal fort, traduisant un éveil de conscience. Il faut s’attendre à ce que, dans les jours à venir, d’autres régions du pays emboîtent le pas à Tombouctou, Gao et Bamako.

 

Cette réaction correspond à la sollicitude des autorités, selon laquelle, le peuple doit se lever comme un seul homme pour désavouer les propos et pratiques subtiles tendant à encourager les idées et projets d’autonomie ou d’indépendance. L’implication des communautés, sans doute, facilitera la recherche de solutions à la crise. La communauté internationale ne saurait faire fi de cette volonté populaire.

 

L’exemple écossais ?

La France, gardienne des valeurs démocrates et républicaines, ne saurait être le cheval de Troie d’un mouvement rebelle à la recherche d’autonomie par les armes. Et, pourtant, la France est dans ce rôle quand elle apporte son soutien politique au MNLA, un groupe armé malien qui revendique par des armes. La position des autorités politiques maliennes, est connue : si le MNLA se veut un mouvement politique avec des revendications légitimes, il doit accepter de se désarmer et aller aux négociations. Au pire des cas, la question d’indépendance des régions du nord, doit être réglée par voie référendaire et non par l’imposition des armes. C’est ce langage de vérité que la communauté internationale doit tenir à l’égard de tous ceux qui espèrent un changement politique par les armes. Les Ecossais, dans leur majorité, ont dit non à l’indépendance. Les partisans de l’indépendance, ont-ils pris les armes contre la Grande Bretagne ? Non ! Alors, pourquoi au Mali, on encouragerait des groupes à revendiquer par des armes ? Pourquoi, forcer un gouvernement légitime à négocier avec des groupes armés et terroristes alors que le sacro saint principe veut qu’on ne puisse pas négocier avec des terroristes. Le MNLA est-il un groupe terroriste ou un groupe politique qui a des revendications politiques légitimes ? C’est à la communauté internationale de répondre à cette question.

 

Tiémoko Traoré

 

SOURCE: Le Pouce  du   26 sept 2014.
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