L’idylle, s’il en existait, entre le Rpm, parti du président IBK, et l’actuel Premier ministre ne tiendrait plus. Des cadres du Rpm tiennent désormais à ce que le président IBK fasse un choix : se débarrasser de son Premier ministre Moussa Mara ou semer une grave zizanie au sein de la formation politique qu’il a personnellement bâtie de toutes ses forces.
Au Rpm, on ne blague plus. La réflexion sur le pourquoi de la nomination de Moussa Mara à la primature n’est plus d’actualité. L’heure est au règlement de compte. Le moins représentatif des amis du président IBK à l’hémicycle, avec seulement 01 élu sur 147, ne saurait occuper le plus prestigieux des fonctions gouvernementales, rumine-t-on, chez les Tisserands et alliés.
Cité par la presse, un haut cadre du Rpm dit : «Nous avons calmement expliqué au président de la République IBK, qu’il faut la nomination d’un nouveau Premier ministre, issu cette fois-ci, de nos rangs. Je crois qu’il nous a compris». Pour d’autres cadres, la nomination de Mara est tout simplement un déni de la démocratie. «Dans toute démocratie, il faut respecter le fait majoritaire», disent-ils.
Or, estiment-ils, «Mara est loin de ce statut». Par conséquent, Moussa Mara est considéré à tort ou à raison comme un militant de seconde zone. Une évidence, cependant, il n’a rallié le candidat IBK qu’après sa défaite au premier tour du scrutin présidentiel. Donc, pour nombre de mécontents «Ibkistes», «Moussa Mara ne saurait aucunement mériter le fauteuil de Premier ministre…». Bref, des gros bonnets du Rpm assimilent aujourd’hui Moussa Mara à un «usurpateur» à combattre avec toutes les armes disponibles.
Évidemment, c’est un ouragan qui souffle aujourd’hui sur le Rpm. Le vent est si fort qu’il ébranle même Koulouba. Et, au sein de la majorité, on ne compte point faire de cadeau au grand boss. Désormais, plus d’hésitation à dire haut ce que l’on murmurait jadis.
Oumar Tangara, un militant de première heure du Rpm, résume l’état d’esprit de ses camarades. «IBK ne nous a rien expliqué. Il évite de nous rencontrer depuis qu’il est élu et échange très rarement avec les responsables du parti. IBK fait seul ce qu’il veut. Cela ne peut pas continuer ! Nous n’allons plus désormais nous taire parce que ça devient un manque de respect pour nous».
Moussa Mara sur les traces de Tatam Ly ?
Rien n’est moins sûr. Un fait est tout de même clair : Oumar Tatam Ly a jeté l’éponge parce qu’il sentait fortement qu’il perdait la guerre enclenchée contre lui par des hauts gradés du Rpm. Motif : le technocrate était perçu sous l’angle d’un «arriviste», un «usurpateur» qui voulait être plus royaliste que le roi lui-même (cadres du Rpm).
Au rythme où évoluent les choses, rien ne garantit une longévité de Mara à la Primature. Son sort ne tient pas à beaucoup de chose et un simple coup de vent pourrait tout faire basculer.
Mais, faudra-t-il le lui reconnaître, le jeune homme ne manque pas d’armes pour se battre. Ce n’est surtout pas les députés de l’opposition qui diront le contraire. Ils en ont eu pour leur compte lorsqu’au cours des débats sur la motion de censure contre lui, Moussa Mara leur a véhément signifié qu’il ne bougera pas d’un iota. À travers son fameux «n’tè démissionné. N’tè, n’tè ta yorossi» ; littéralement, «Non, je ne démissionnerai pas ! Non, je n’irai nulle part !». Reprendra-t-il les mêmes mots face aux ogres du Rpm ?
Seybou Kéita
SOURCE: Le Débat