Au terme d’une pertinente interpellation, Bakary Woyo Doumbia met Moussa Mara devant un constat patent : «Monsieur le PM, votre Gouvernement n’est assurément pas à la hauteur des tâches à lui confiées ! Pour le salut du pays, vous devez tirer les conséquences de cette situation en présentant votre démission».
Le dépôt d’une motion de censure est un acte républicain majeur prévu par la constitution qui permet à un groupe de parlementaires de marquer solennellement son défiance à l’égard du Premier ministre, de son gouvernement et de sa politique.
Si l’épilogue de cet exercice est le vote, sa spécificité est de permettre au préalable un débat approfondi sur tous les aspects de la gestion de l’Etat par les élus de la Nation, toutes tendances confondues et où l’opposition parlementaire, enfin libérée des innombrables obstructions qu’elle subit au jour le jour, expose clairement et de manière exhaustive ses critiques à l’encontre de l’action gouvernementale, sa vision et ses propositions alternatives à cette politique.
C’est dans ce cadre que l’honorable Bakary Woyo Doumbia s’est penché sur la situation de l’école. Le député Fare n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Nous vous proposons en intégralité son intervention
«Après le drame de Kidal en mai, nous voilà en ce mois de juin confrontés à celui de l’éducation nationale avec la calamiteuse organisation des examens du DEF et du baccalauréat où l’amateurisme le dispute à la cupidité, le cynisme au ridicule. Le DEF et le BAC 2014 resteront dans les annales et jamais depuis que le Mali existe pareils dysfonctionnements n’ont été constatés. À qui la faute ? Quand on s’empresse de placer à tous les postes ses partisans politiques en relevant systématiquement tous les cadres qui ne sont pas de votre parti dès votre prise de fonction, sans au préalable procéder à la moindre évaluation, sans discernement, on s’expose forcément à de désagréables surprises car la promotion partisane n’est pas toujours gage de compétence et surtout de probité.
À titre illustratif, le Directeur Général du Centre National des Examens et Concours de l’Education, son adjoint, le Chef de Division Examens et Concours, le chef de Division du matériel, ont été remplacés seulement deux à trois mois avant les dates des examens. Il en est de même pour le Directeur national adjoint, le Chef de Division Suivi et Evaluation, le Chef de Division Programmes scolaires, et enfin, le Chef de Division Manuels scolaires et Matériels didactiques de la Direction Nationale de la Pédagogie. On peut citer aussi les cas des 18 Directeurs d’Académie et des 52 Directeurs des Centres d’Animation Pédagogiques. Ce, en dépit du fait que vous avez, Monsieur le Premier ministre, dénoncé dans votre déclaration de politique générale les nominations de militants incompétents dans les cabinets ministériels et les directions. En outre, ces nominations contreviennent aux dispositions pertinentes de la loi portant statut de l’Opposition. À ce niveau aussi, il est évident que les subordonnés ne doivent pas payer pour les décideurs qui doivent assumer leurs responsabilités. Monsieur le PM, sous tous les cieux, gouverner c’est prévoir. L’improvisation est, entre autres, à la base de l’incurie constatée dans la préparation des examens. La conséquence de tout cela ? Nous avons vu, en plein examen du DEF, Madame la ministre de l’Education se débarrasser précipitamment -pour sauver sa propre tête- du Directeur des services des examens et concours, des centres d’examens éclairés à la bougie, d’autres transférés de Bamako à Siby, parce que les élèves n’avaient pas de pièces d’identité. On a vu, cette année, des élèves traiter des sujets à 20 heures quand d’autres les avaient traités au moins six heures plus tôt.
Monsieur le Premier ministre, savez-vous que la Commission de l’UEMOA a émis une directive invitant les pays membres à organiser le Baccalauréat courant de la même semaine afin d’éviter les tentatives de certains candidats de pouvoir se présenter dans plusieurs pays ? En outre, que ferez-vous de ce baccalauréat quand on peut raisonnablement penser que le BAC de cette année ne permettra pas aux lauréats de s’inscrire dans les universités de la sous-région ? Quelle suite réservez-vous à la demande du SNEC ? Les élèves, enseignants et parents d’élèves, sont-ils à l’abri d’une autre catastrophe dans l’organisation des examens de fin d’année et les concours d’entrée dans les instituts de formation des maîtres ? Quel est le sort que vous réservez à l’année universitaire eu égard aux nombreuses perturbations que nous avons constatées ? Monsieur le PM, votre Gouvernement n’est assurément pas à la hauteur des tâches à lui confiées ! Pour le salut du pays, vous devez tirer les conséquences de cette situation en présentant votre démission».
Bakary Woyo DOUMBIA, député Fare