Avec la fin de l’audition de la société civile malienne, plusieurs représentants des communautés ont tenu à nous livrer leurs impressions sur le déroulement des travaux. Dans cet entretien réalisé avec Mme Sidibé Dédéou Ousmane, représentante du conseil, économique, social et culturel, elle nous dévoile la promesse faite par la communauté internationale d’impliquer la société civile dans les phases restantes du processus d’Alger. Elle profite de l’occasion pour révéler les messages livrés par les différentes personnalités qui les ont reçus. Rappelons que Mme Sidibé a siégé au niveau du troisième groupe thématique qui traitait les questions de développement, économique, social et culturel dans les audiences et les séances d’écoute des communautés à la base.
Quelle appréciation faites-vous des cinq jours d’audition de la société civile dans le cadre de la seconde phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger ?
Ces cinq jours de travail ont été des moments très intenses, des journées très longues mais riches en enseignements parce que pour la première fois on peut dire que Alger II a été exceptionnel. Et ce, à plusieurs titres, car c’est la première fois que la société civile malienne à travers toutes ses composantes a pris part à ce processus. Toutes les sensibilités confondues ont pu s’exprimer librement et chacune a donné son point de vue. Donc, les préoccupations des communautés ont été fidèlement rapportées à l’équipe de médiation.
Nous avons surtout remarqué un ballet de personnalités venues vous rendre visite à votre site d’hébergement. Quelle a été la teneur des messages livrés ?
Nous avons d’abord été reçus par le gouvernement à travers le Haut représentant du président de la République. Il nous a rassuré que lui-même se reconnait dans la société civile avant de nous exhorter à travailler ensemble. Le résultat auquel nous sommes parvenus a été d’ailleurs au nom de toute la société civile dans son homogénéité. C’est ainsi que l’on n’entendait plus parler de société civile d’Etat ou celle des mouvements armés, c’était la société civile malienne dans toutes ses composantes. Nous avons eu l’honneur de rencontrer également les leaders du MAA et celui de la coordination qui regroupe le MNLA, le HCUA et le MAA à travers la personne de Bilal Ag Cherif, secrétaire général du MNLA avec qui nous avons discuté pendant deux heures de temps. Il nous a livré un message très rassurant qui prône la paix dans tout le Mali. C’est la deuxième fois depuis notre arrivée à Alger que nous le rencontrons et le message est le même. Toutes nos populations aspirent aujourd’hui à la paix. Nous avons ainsi profité pour lancer un appel en direction du gouvernement et des groupes armés pour que la paix puisse revenir et que nos déplacés et réfugiés qui vivent dans des conditions difficiles regagnent leurs terroirs.
Maintenant que votre mission à Alger s’achève, quel sera votre rôle ?
A travers la rencontre avec la MINUSMA qui était la dernière institution avec qui nous avons eu des échanges, nous avons compris que c’est grâce au soutien de la communauté internationale et de l’Algérie qui assure le chef de file de la médiation que la société civile malienne a été représentée. La MINUSMA à travers ses plus hauts représentants nous a rassurés sur le fait que désormais la société civile prendra part à toutes les phases restantes de ce processus d’Alger jusqu’à l’aboutissement de la paix qui est une aspiration profonde des communautés et de toutes les populations du Mali.
Justement, comment voyez-vous les prochaines phases de ce processus notamment avec les négociations directes entre le gouvernement et les groupes armés dont le lancement est prévu bientôt ?
En tout cas, nous avons bon espoir que les différentes parties vont s’entendre sur les préoccupations que nous leur avons soumises. Notre travail consistait à tracer le chemin pour qu’elles aient de la matière à négocier. Dans les documents que nous leur avons présentés, nous avons mentionné nos besoins et les attentes des populations dans le court terme pour s’attaquer aux urgences. Entre autres problèmes que nous avons soulevés, figure en bonne place celui de l’école avec l’année scolaire qui se profile. Nous souhaitons que les enseignants puissent repartir en toute sécurité dans des zones comme Kidal et que les enfants reprennent le chemin de l’école dans un climat apaisé et sécurisé. Les deux parties nous ont rassuré qu’elles tiendront compte de tout ce que nous leur avons transmis comme attentes des populations pour aller vers la paix. C’est tout ce que nous souhaitons et nous avons bon espoir que cela se réalise pour que l’on puisse sortir le Mali de cette situation. Nous pouvons dire que le Mali un et indivisible est en marche avec espoir, sérénité et avec certitude.
Réalisé par M.DIOP
SOURCE: L’Indépendant