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Mme Diarra Raky Talla à propos de la marche du 5 juin 2020 : “Maliennes et maliens, ne participez pas à un coup d’Etat Institutionnel !!!!!!”

La marche organisée et prévue pour le 05 juin 2020 ayant pour objectif la démission du Président de la République fait couler beaucoup d’encre et de salive mais aussi suscite beaucoup d’indignation auprès de la population de façon générale. La majeure partie estime que même si aujourd’hui les problèmes et les maux qui assaillent notre pays touchent de plein fouet toutes les couches sociales et surtout vulnérables de la population et aussi toutes les composantes de l’Etat et de la Nation, n’en demeure moins qu’elle pense et est consciente qu’une telle démarche est aujourd’hui plus qu’inopportune et improductive.

En effet, dans un contexte de mondialisation et de crise multidimensionnelle, spécifiquement dans le cas du Mali, cette marche n’est point une menace pour   la première institution du Mali à savoir le Président de la République mais un acte inapproprié qui fera régresser le Mali et compromettra même son existence.

Soucieuse et respectueuse des droits humains et des libertés individuelles telles que consacrées dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et dans la Loi Fondamentale qu’est la Constitution du 26 février 1992, la marche est un droit encadré par la législation, mais celle du 05 juin suscite non seulement une indignation mais aussi un sentiment de négation et de rejet de cette grande lutte menée pour la liberté et la démocratie si chèrement acquises au prix du sang de citoyens maliens.

Les initiateurs de cette marche, que dis-je, de cette grande mascarade à l’allure de coup d’Etat camouflé doivent se rappeler qu’à l’issue de cette lutte pour la liberté, la consécration de la démocratie en République du Mali l’a été par le peuple souverain du Mali dans notre constitution ainsi que le mode de désignation du Président de la République et des autres présidents d’institutions. Souvenons-nous que certains parmi eux avaient affiché leur soutien à des auteurs de coups d’Etat en son temps ! Devons-nous encore leur rappeler que la voix privilégiée et choisie pour accéder à la magistrature suprême par le peuple malien au nom duquel, ils ont tous la prétention de parler, reste celle des urnes ? Pensent-ils que les maliens sont dupes après que certains des initiateurs eurent crée une espèce de parti hybride (politico religieux) en usant et en abusant de leur position et de la bonne foi d’honnêtes citoyens et de croyants ; et qu’au final, malgré leur détermination farouche à travers des annonces fracassantes, à présenter des candidats aux élections législatives, ils ont craint l’humiliation et ont renoncé à mesurer leur audience et leur influence par la voie des urnes ?

Les faits les plus choquants sont l’engagement et la participation de certains qui se réclament artisans et acteurs de la lutte pour la démocratie en 1991. Ceux-là se renient eux-mêmes.

Maliens, ne vous y trompez pas, leur seul objectif est de s’emparer du pouvoir de la manière qu’eux-mêmes ont dénoncée et combattue. Alors les stratégies qui consistent à tout mettre en œuvre pour empêcher les gouvernements successifs de travailler et le Président de la République de réaliser les ambitions du peuple ont été multipliées et diversifiées en vain. La quasi-totalité d’entre eux a fait partie d’un gouvernement et a été remerciée mais plusieurs parmi eux, les plus virulents ont été dans les gouvernements successifs du Président Ibrahim Boubacar KEITA et même dans ceux de ses prédécesseurs. Qu’ont-ils apporté ? Les entendiez-vous quand ils exerçaient ces hautes fonctions ? Vous êtes-vous posés la question à savoir pourquoi ceux-là qui ne sont plus retenus lors des remaniements ou des réaménagements ministériels et aussi pour des fonctions administratives, politiques, sociales et honorifiques se transforment pratiquement tous en opposants de façon injustifiée et systématique ? Ce n’est pas par conviction, rassurez-vous. Ce n’est pas non plus pour l’amour de la Patrie, c’est pour eux-mêmes, pour le confort et les privilèges dont ils ne bénéficient plus.

Etre privé de ces rangs et privilèges n’est pas chose facile à supporter pour certains, alors pour récupérer leur ancien statut ou en avoir un autre pourvu qu’ils y soient, ils manipulent sans décence la souffrance du peuple malien, la souffrance des familles de nos soldats morts sur le champ de l’honneur. Les massacres perpétrés dans le centre du pays, la gestion de la crise sécuritaire, les revendications sociales, la gestion de la crise sanitaire qui est d’ailleurs mondiale (COVID 19), les élections législatives, etc…, bref ; ils guettent ! ils sont toujours à l’affut des moindres faits et gestes ! Tout devient une opportunité pour arriver à leur fin ; parce que pour eux, la fin justifie les moyens !

Le peuple doit comprendre et retenir sans complaisance aucune que la responsabilité entière de tous ceux-ci demeure dans la gestion du pays, aussi bien celle de ceux qui ont eu à exercer des fonctions que de ceux qui se sont investis et n’ont eu de cesse à s’investir pour empêcher les gouvernements successifs d’exécuter le programme du Président de la République. Ils se doivent aussi d’en assumer les responsabilités.

Il est indéniable que les problèmes sont nombreux et persistent dans tous les pays du monde et plus particulièrement au Mali, mais des efforts colossaux ont été déployés par les gouvernements successifs pour y remédier au mieux. Il est aussi à rappeler que ces problèmes datent pour certains de bien avant la Première République et évoluent selon les contextes. Il est à reconnaitre aussi que tous les chefs d’Etat successifs de l’indépendance du Mali à nos jours ont œuvré à y apporter des solutions durables malgré leur complexité circonstancielle.

Les plaintes et complaintes sont réelles et les revendications qui en découlement sont légitimes, mais l’objet de cette marche n’est qu’un abus de la bonne foi des populations et leur instrumentalisation pour assouvir un dessein inavoué, celui de préparer le terrain de cette fameuse transition tant souhaitée par eux pour se hisser enfin à la magistrature suprême par une voie autre que celle des urnes.

Vous me direz que ce n’est pas la première fois, ce qui vrai. Mais rappelez-vous que c’est la crise institutionnelle de 2012 qui a précipité le Mali dans un chaos duquel nous avons du mal à l’en tirer.  Alors, encore une fois nous en appelons à la responsabilité de tous et de chacun. Privilégier la voie du dialogue est une meilleure démarche si leur souci réel est de trouver tous ensemble des solutions durables ! Nous voulons la Paix dans notre Pays, rien que la Paix !!!

Maliennes et Maliens de tous bords, ne participez point à cette marche !

Mme DIARRA Raky TALLA

Ancienne ministre du Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme de l’Etat chargée des Relations avec les Institutions

5ème vice-présidente de l’UM RDA fj

Officier de l’Ordre National du Mali

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