« Les raisons sont multiples, diverses et liées à beaucoup de facteurs ». Cette explication est de Adam Dicko, directrice exécutive de AJCAD Mali. Dans certaines régions du Mali comme Kayes, la migration est une culture, explique-t-elle. À ses dires, la migration peut également être expliquée comme un manque d’accès à des opportunités économiques, à des services sociaux de base ainsi qu’à des injustices sociales. Beaucoup se sentant marginalisés des services de développement de leur pays préfèrent emprunter la voie de la migration irrégulière. À l’en croire, la crise sécuritaire a également un effet immédiat sur le phénomène.
Selon Pascal Reyntjens, chef de mission de l’OIM-Mali, les migrants irréguliers sont généralement des gens en quête « d’un avenir meilleur pour soi et pour leur famille ». À l’en croire, « La migration doit être un choix éclairé et non pas un choix par défaut ».
Pour Adam Dicko, les jeunes préfèrent braver tous les dangers parce qu’ils estiment que leur vie n’a aucune valeur dans leur pays respectif. Ils sont animés par un sentiment de désespoir, explique-t-elle.
Il importe alors de s’attaquer aux causes de l’immigration irrégulière. Parmi celles-ci, la directrice de l’AJCAD indique les images embellies qu’envoient les migrants ayant réussi à franchir le Rubicon à leurs frères restés au bercail. « Ceux qui arrivent à l’étranger véhiculent une image positive alors que ce n’est pas cela la réalité », fait-elle savoir. Ce qui amène les aspirants au périple à expliquer autrement toutes les mesures prises pour les empêcher à rejoindre leurs camarades comme des volontés de les empêcher à atteindre l’eldorado.
Selon le chef de mission de l’OIM-Mali, il convient de travailler sur les dangers de la migration irrégulière sans oublier de proposer des alternatives à cette pratique. Avec l’assistance de l’OIM, près de 17 000 jeunes ont pu retourner au Mali en provenance d’Afrique du Nord notamment la Libye, a-t-il souligné.
Toutefois, Adam Dicko estime qu’au lieu de braver tous les dangers, les jeunes peuvent travailler dans leurs pays respectifs et réussir, tant qu’ils sont animés par la volonté de rester. La jeunesse doit s’interroger sur ces ressources humaines que le Mali perd chaque jour dans cette migration irrégulière, fait-elle comprendre. Selon une étude de l’OIM, 89% de ces jeunes n’émettent pas une intention de repartir.
La solution à la migration irrégulière passe par l’adoption de réponses politiques cohérentes, selon la directrice de l’AJCAD Mali. L’Organisation internationale pour les migrations travaille d’arrache-pied dans ce sens. La gouvernance, la mobilité et la résilience constituent les trois grands axes à travers lesquels l’OIM appuie les États au sein desquels elle évolue dans la mise en œuvre de leur plan d’action pour le développement, indique M. Pascal.
Fousseni Togola
Source: Journal le Pays- Mali