Les Maliens ont retrouvé leur souveraineté. L’année dernière, le pays a fièrement organisé une élection présidentielle qui a connu un taux de participation record. En novembre, les législatives ont permis la mise en place d’une Assemblée nationale légitime. Le nouveau Mali est donc en chantier. Mais pour en arriver là, que de chemin parcouru !
Lorsque les mouvements djihadistes ont occupé en un temps record le nord du Mali et faisaient peser de grandes menaces sur Bamako, la capitale, la peur et l’inquiétude avaient gagné les Maliens et au-delà, tous les pays voisins. Pour construire à nouveau la confiance entre les Maliens, il a fallu trouver un homme capable de faire entendre raison aux protagonistes, leur faire préférer le dialogue aux bruits de canons.
La communauté internationale et la CEDEAO après une large concertation, n’ont trouvé d’autres recours, que le palais de Kosyam pour implorer le chef de l’Etat burkinabè de s’impliquer dans la recherche de solutions.
Profondément attaché à la paix et à la sécurité des populations, Blaise Compaoré a accepté cette lourde mission et s’est mis au travail avec le résultat que l’on connaît : le retour du Mali dans le concert des nations. Ce succès est reconnu par tous.
Ainsi, Richard Zink, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, a, au cours d’une conférence de presse, le mardi 28 janvier 2014 au siège de l’institution, rappelé l’apport de l’accord de Ouaga, qui, selon le diplomate, a permis l’organisation des élections et confirmé les principes de laïcité et d’intégrité nationale du Mali, prescrit des discussions inclusives pour arriver à une paix durable.
« L’Union européenne, a martelé l’ambassadeur, accorde une grande importance à ce document qui a permis l’organisation des élections sur toute l’étendue du territoire malien ». Et pour ceux qui ont encore des doutes, l’ambassadeur Richard Zink insiste pour dire qu’il « ne faut pas sous-estimer l’accord de Ouaga. J’ai souvent l’impression que les gens disent que c’était pour les élections.
Ce n’est pas tout. L’accord était, aussi, pour confirmer l’intégrité et la laïcité du pays. Ce sont des atouts énormes. Ces bases doivent mener à des discussions afin d’arriver à une paix durable ». Si l’on peut admettre que le succès de la médiation repose aussi sur la volonté des différentes parties à aller résolument vers la paix, on ne devrait pas oublier que le socle reste et demeure le médiateur qui s’est donné sans compter.
Ce rappel est important au regard de ce qui est donné à constater de nos jours. Certains observateurs tentent aujourd’hui de faire croire que l’intervention du Burkina Faso n’a pas été un succès. D’autres encore en arrivent à la conclusion que le président burkinabè tient coûte que coûte à son titre de médiateur. Que de telles supputations viennent des assemblées de thé cela peut se comprendre ou en tout cas s’expliquer.
Mais des personnalités étatiques au sommet de l’Etat en arrivent à épouser de si légers arguments est inquiétant. Or, mardi dernier, sur les antennes d’une radio étrangère, le ministre malien des Affaires étrangères, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a laissé penser que « le médiateur burkinabè faisait du forcing ». Il ne fait pas de doute que les négociations connaissent des difficultés. Mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Certainement pas.
Du reste, rien ne permet d’imputer cette lenteur dans les négociations au seul médiateur. Des sources diplomatiques rappellent, à juste titre, que l’accord appelle à des discussions inclusives après 60 jours. Elles notent que lesdites discussions n’ont pas eu lieu, même si le gouvernement assure qu’il est en contact avec les groupes armés. Peut-on raisonnablement incriminer le médiateur pour ces défaillances ? Raisonnablement non.
Mais peu importe. Que la communauté internationale comprenne que pour le chef de l’Etat burkinabè, être médiateur n’est pas une fin en soi. Ce que le président Blaise Compaoré souhaite par-dessus tout, c’est que la paix revienne au Mali et que toutes les énergies des filles et fils de ce pays frère et voisin soient consacrées à la construction de la République.
Si donc, le voyage du président malien Ibrahim Boubacar Keïta à Alger le dimanche 26 janvier 2014 où il a rencontré son homologue Abdelaziz Bouteflika entre dans le cadre de possibles négociations entre des représentants de groupes armés du nord du Mali, le Burkina dit tout simplement : bonne chance.
Talato BAMOGO
talatobamogo@yahoo.fr
Source: L’Hebdomadaire