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Médiation avec les groupes armés : Blaise se disqualifie et donne raison à IBK

En réfutant la « gravité » de la situation au nord du Mali, notamment à Kidal, pour se cramponner à l’accord du 18 juin signé à Ouagadougou entre les autorités du pays et les mouvements rebelles dont la mise en œuvre est torpillée par ses « protégés », le médiateur de la crise malienne se disqualifie lui-même et donne raison au président IBK dans sa logique de non-négociation avec un groupe armé.

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Médiation, quand tu nous tiens ! C’est certainement faire œuvre honorable que de vouloir aider les protagonistes d’une crise à trouver une solution pacifique. En Afrique, la médiation est un élément crucial dans le maintien de la paix sociale. Et il est fort honorable d’officier comme médiateur. Car, on ne choisit bien sûr pas le premier venu pour ce genre de travail. Cela, il faut en convenir.

Seulement, il y a des moments où il faut savoir mettre un terme à une médiation, appuyer sur le « stop ». À moins qu’on décide d’entretenir de fausses illusions ou qu’on soit soi-même dans l’illusion.

Pour beaucoup d’observateurs, la médiation burkinabée, dans la crise malienne, depuis le début, est une médiation de trop. Mais fort de son mandat reçu de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont il passe pour être le médiateur attitré, le président du Faso, Blaise Compaoré, s’est cramponné à cette mission contre vents et marées.

Depuis le début, cette médiation, qui a montré ses limites, a commis des erreurs d’appréciation, à moins qu’elle ait agi, sciemment.

On en veut pour preuve le fait qu’au moment où cette médiation s’évertuait à l’époque à convaincre l’opinion de la possibilité de dialoguer avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar dine, les mouvements extrémistes peaufinaient leur stratégie de conquête de l’ensemble du Mali. La suite, on ne la connaît que trop bien.

Il aura fallu la diligence et la force de frappe impressionnante de la France, conjuguée à la témérité du contingent militaire tchadien dépêché en urgence pour parer à l’incapacité des forces ouest-africaines, pour que le Mali soit encore un État souverain, relativement libre aujourd’hui.

La feuille de route d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Mali découverte par les forces françaises à l’occasion de cette opération Serval, a confirmé l’hypothèse d’une collusion entre les mouvements qui sévissent dans le septentrion malien dont le MNLA.

Mais la médiation a persisté et signé : les autorités maliennes devraient négocier avec les rebelles qui ont investi Kidal et en interdisent l’accès à l’armée malienne. Mais peut-on encore vraiment espérer quelque chose de la part du MNLA ? « Qui a bu boira », dit l’adage. Le MNLA, malgré ses dénégations, a eu des accointances avec les « barbus » qui faisaient la pluie et le beau temps au Nord-Mali.

Les liens se sont distendus entre-temps, mais il n’y avait probablement pas de divergence insurmontable entre ce mouvement et ses « amis » djihadistes.

De toute façon, rien ne permet aujourd’hui d’être sûr qu’avec ces rebelles, les djihadistes, ou du moins leur idéologie et leur fanatisme, ne réinvestiront pas le Nord-Mali. Ces mouvements, tant qu’ils sont armés et hors des rangs de l’armée régulière, sont des forces irrégulières et au regard des exactions, dont leurs éléments, ont pu se rendre coupables, ils sont des groupes terroristes. Ni plus, ni moins.

Ainsi, le MNLA, en dépit de la pertinence qu’on peut concéder à certaines de ses récriminations contre l’État malien, n’est pas vraiment fréquentable. Et au regard du traitement de mansuétude que la médiation lui réserve, on peut se poser des questions. De deux choses l’une : soit le médiateur a perdu la main et fait semblant de maîtriser la situation, soit il a pris fait et cause pour les rebelles.

Une des illustrations la plus parfaite de cet alignement derrière les rebelles séparatistes aura été sa déclaration la semaine dernière, dans la foulée de la contestation du président IBK sur la situation inacceptable à Kidal, selon laquelle la situation qui prévaut dans cette localité n’est pas une fin en soi et qui peut être surmontée par l’application de l’accord du 18 juin signé à Ouagadougou entre les autorités du pays et les mouvements rebelles.

« Les mouvements comme le MNLA se sont engagés sur l’intégrité du territoire du Mali et le rejet de l’extrémisme religieux. Il peut y avoir des difficultés à rentrer dans l’accord, mais l’accord est là. Il faut amener les groupes à rentrer dans cet accord. »

Par cette déclaration, le président du Faso confirme que nonobstant les progrès réalisés par notre pays dans la mise en œuvre dudit accord, l’équation de Kidal demeure avec les groupes armés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) qui ne donnent pas les meilleurs gages quant à une sortie définitive de la crise à Kidal

Tels comme une poule qui cherche coûte que coûte à protéger ses petits poussins en cas de danger, ces propos du médiateur conforte ainsi la position de bien des Maliens qui sont convaincus que les rebelles du MNLA ont de l’ascendant sur le président Blaise, et que ce faisant, ce dernier n’est pas qualifié pour avoir une approche objective de la question du statut du Nord-Mali.

Aussi, confortent-ils le président IBK dans ses craintes, inquiétudes et interrogations qu’il partage avec tous nos concitoyens quant à la situation inacceptable qui prévaut à Kidal. Convaincu du bon droit du pays et le droit inaliénable du peuple malien à la souveraineté pleine et entière sur l’ensemble de son territoire, le chef de l’État, sonnant le glas de la politique de surenchère des mouvements indépendantistes, a décidé de ne plus négocier avec aucun groupe tant qu’il ne déposerait pas les armes.

Par cette prise de position du Président IBK, il n’y a pas mille et une façons de dire que le Mali tient à recouvrer l’intégralité de son territoire, à restaurer l’autorité de l’État sur tout le territoire. Et pour ce faire, aucun groupuscule armé, fut-il sympathique pour certaines personnes, ne devrait rester maître d’une quelconque portion du territoire malien. Le message est clair et parfaitement compréhensible.

C’est également une façon de rappeler à quiconque qu’à force de vouloir ménager aux rebelles du Nord-Mali une porte de sortie au-delà du raisonnable et de l’acceptable, le l’on risque, par ce calcul politicien, de torpiller les efforts de sortie rapide de la crise.

Par Mohamed D. DIAWARA

Source: info-matin

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