En ce début de l’année 2019, Me Mountaga Tall a, encore une fois de plus, respecté la traditionnelle présentation de vœux à ses amis de la presse et plaidé leur cause.
Le mercredi 30 janvier, à la Maison de la presse, Me Mountaga Tall, président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid/Fyt), a formulé des souhaits, fait des bénédictions et présenter des excuses à tous. C’était à l’occasion de la 20e édition de sa présentation de vœux à la presse, dont il est l’initiateur.
Il a profité de l’occasion pour faire le tour d’horizon des grands événements de l’année précédente. Pour caricaturer la situation générale du pays en 2018, il a affirmé que « de façon générale, il ne serait point exagéré de dire que l’année 2018 est l’annus horribilis ». Ainsi tous les grands aspects ont été abordés, de la situation de la presse à la vie politique, économique, sécuritaire.
Pour Me Tall les intimidations, interpellations, disparitions, procès et autres descentes extrajudiciaires dans des studios ou salles de rédaction voire disparition comme ce fut le cas de Birama Touré depuis trois ans et Issiaka Tamboura depuis quelques semaines ont contribué à maintenir notre pays dans la profondeur du classement annuel de 115e sur 180.
Il a réclamé la dépénalisation des délits de presse. « J’ai réclamé à maintes reprises et depuis de nombreuses années la dépénalisation qui n’est toujours pas une réalité dans notre pays, alors que nous avons bouclé un projet de loi sur la question avant de quitter le gouvernement en 2017 ». Il a ajouté que pour l’honneur du Mali, les cas de Birama Touré et Issiaka Tamboura doivent être élucidés.
Sur le plan politique, Me Tall a mis l’accent sur les troubles électoraux et les incertitudes des élections législatives, régionales, communales, le projet de réorganisation administrative du territoire qui ont suscité des contradictions de la Cour constitutionnelle et la violation de la Constitution. Pour lui, les élections présidentielles précédentes ont été fortement altérées par la corruption, l’achat de vote et les tripatouillages en tous genres dénoncés par une majorité de candidats et reconnus par tous y compris les observateurs neutres et indépendants. Il a conclu ce chapitre en affirmant que « l’année 2018 a été caractérisée aussi par des atteintes graves et inadmissibles aux libertés politiques ».
L’insécurité rythme avec la vie des populations tant au nord qu’au centre et même dans la capitale. Une situation largement évoquée par Me Tall pour qui, « déjà déstabilisé par les attaques jihadistes, le Centre et le Nord du Mali sont, en outre, le théâtre de violences intercommunautaires que notre Mali ne connaissait pas. Celles-ci ont fait l’année dernière des centaines de morts parmi les civils et des milliers de déplacés. L’année nouvelle a commencé sous de très mauvais auspices comme l’attestent les massacres voire génocides perpétrés à Aguelhok, Ansongo, Douentza, Koulongo, Ménaka, Tinian, Saye… »
À ce concert d’indignation, le président du Cnid/Fyt a ajouté les assassinats récents des imams et opérateurs économiques. Il a tenu à remercier les partenaires comme la Minusma, la force Barkhane…
Contrairement aux jubilations du pouvoir sur l’embellie économique, Me Tall tire la sonnette d’alarme sur la difficulté financière que traversent les entreprises et les ménages, « la pauvreté et l’inégalité restent élevées ».
Boncane Maiga
Source: Le Point