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Margerie, symbole de la position difficile des multinationales en Russie

L’hommage très appuyé rendu par la Russie à son « ami » Christophe de Margerie, patron de Total tué en avion, met en lumière le travail mené en coulisses par les multinationales occidentales pour maintenir les liens avec Moscou malgré les sanctions liées à la crise ukrainienne.

Christophe de Margerie president petrolier total

« Nous avons perdu un vrai ami de notre pays », a déclaré Vladimir Poutine, saluant le « dévouement » du patron de Total dans les relations franco-russes.

Au gouvernement, le Premier ministre Dmitri Medvedev a déploré la « grande perte » d’un « ami et partenaire de notre pays » tandis que le ministre de l’Economie Alexeï Oulioukaev a souligné son rôle « significatif dans l’apport d’investissements étrangers en Russie ».

Total participe en Russie à des projets très ambitieux: production de gaz naturel liquéfié prévue sur la péninsule de Iamal, dans l’Arctique russe, avec le producteur russe Novatek et le chinois CNPC, ou encore de pétrole de schiste avec le pétrolier Loukoïl.

L’aventure russe n’a pas été sans risque pour la première entreprise française: son projet avec Gazprom pour exploiter le gisement géant Chtokman, en mer de Barents, est gelé depuis des années faute de solution rentable. Mais Total est resté engagé, contrairement à l’autre partenaire, le norvégien Statoil.

Avec Christophe de Margerie, Moscou disposait d’un soutien éloquent et écouté, précieux à l’heure de sanctions sans précédent contre l’économie russe qui font fuir les investisseurs étrangers.

Avec le franc parler qui le caractérisait, le patron dénonçait régulièrement, comme il l’avait fait pour l’Iran, les mesures de rétorsion imposées à la Russie.

Il a répété sa position lundi lors d’une réunion consacrée aux investissements avec le gouvernement russe, pendant laquelle il a critiqué des sanctions « injuste et improductives », selon le texte de son discours rendu public.

Il a cependant prévenu ses interlocuteurs que l’arrivée d’investissements étrangers en Russie exigeait « de restaurer une espace économique stable et pacifique entre la Russie et ses voisins ».

« Cet homme a fait beaucoup pour attirer des investissements en Russie, mais il faut bien comprendre qu’il le faisait dans l’intérêt de son entreprise », souligne Alexandre Frolov, directeur adjoint de l’Institut national de l’Energie, sur la radio Kommersant FM.

Comme Total mais souvent plus discrètement, les entreprises occidentales se sont montrées critiques envers les sanctions contre Moscou, avertissant qu’elles auraient des conséquences pour les économies des pays qui les appliquent.

« Toutes les grandes entreprises espèrent que les sanctions seront bientôt levées: beaucoup ont investi des milliards en Russie et ne veulent pas les perdre à cause de jeux politiques », explique le politologue russe Alexeï Panine.

« Rien ne remplacera un marché comme la Russie. S’y implanter a été compliqué et coûteux et personne ne veut le perdre », poursuit-il, interrogé par l’AFP.

Pendant plusieurs mois suivant le rattachement de la Crimée à la Russie, les multinationales ont voulu croire que la crise ne durerait pas et les affaires ont continué à coup de gros contrats, surtout dans le domaine énergétique.

En juin encore, lors d’un congrès pétrolier en Moscou, les dirigeants du groupe britannique BP, Bob Dudley, et du géant américain ExxonMobil, Rex Tillerson, tous deux citoyens américains, ont mis en avant le rôle incontournable que joue la Russie sur la scène énergétique.

Le climat s’est nettement refroidi après le crash du vol MH17 puis le déploiement présumé de troupes régulières russes dans l’Est de l’Ukraine.

ExxonMobil a fini en septembre par se retirer de travaux d’exploration lancés pendant l’été dans le Grand Nord russe.

Les grands patrons occidentaux ont adopté un profil bas et se font rares à Moscou. Ce sont désormais par l’intermédiaire de leur fédération, l’Association of European Businesses, que les multinationales implantées en Russie condamnent les nouveaux trains de sanctions et qu’elles tentent de maintenir le contact avec les autorités russes.

La visite de Margerie constituait donc une exception, effectuée « malgré les appels au boycott » selon la Chambre de Commerce et d’Industrie France Russie, qui a promis de continuer « d’oeuvrer à la défense de la cause franco-russe, pour laquelle il a tant fait ».

AFP

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