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Mali : quand recherche d’emploi rime avec harcèlement sexuel pour les femmes

Le marché de l’emploi a ses tristes réalités pour la gent féminine. Avoir un emploi est parfois conditionné au sexe. Résultat, un nombre incalculable de femmes préfèrent jeter l’éponge au détriment de leurs compétences.

 

 

Les difficultés que rencontrent les femmes sur le marché de l’emploi sont nombreuses. Parmi elles, figure le phénomène récurrent du harcèlement sexuel. De nos jours, le curriculum vitae et les entretiens d’embauche ne semblent plus suffire à certains responsables pour embaucher des femmes.

En plus de leurs compétences professionnelles, nos sœurs doivent souvent mettre en jeu leurs atouts physiques pour prétendre décrocher un poste. C’est souvent le prix à payer pour quitter le monde du chômage.

 Long calvaire

Le chômage fait partie des problèmes majeurs de notre pays. Tout se passe comme si la valeur des diplômes accumulés dans les universités s’arrêtait à la porte du marché de l’emploi. A croire même que l’expérience ne suffit plus pour se faire une place sur le marché de l’emploi.

Ceux qui ont la chance de décrocher un emploi se battent bec et ongles pour préserver leur poste et y demeurer le plus longtemps possible.

En ce qui concerne les femmes, le calvaire est encore plus long : entre favoritisme, injustice salariale, harcèlement sexuel et abus, elles ne savent plus à quel saint se vouer.

Cette situation a plus d’impact psychologique qu’on ne le croit. « Dieu aurait dû faire de moi un homme pour que je puisse tirer mon épingle du jeu dans ce milieu majoritairement machiste », regrette Haby Konaté qui, après plusieurs années d’étude, est toujours au chômage à cause du harcèlement qu’elle subit après des entretiens d’embauche.

Sexe contre emploi

« Après avoir vu une offre d’emploi circuler, j’ai postulé. J’étais parmi les candidats sélectionnés et devrais donc me rendre à l’entretien d’embauche. Ma déception a été grande une fois dans le bureau du recruteur. Très à l’aise, il n’est pas passé par quatre chemins avant de me faire une offre pour avoir le job. C’est-à-dire avoir des relations sexuelles en contrepartie. Mon refus a évidemment causé la perte de cette opportunité », témoigne Haby Konaté.

Cette expérience est loin d’être isolée. Elle a dû refuser des avances de trois autres « prédateurs sexuels », selon ses mots, déguisés en chefs d’entreprise.

A l’image de Haby Konaté, beaucoup de femmes sont victimes. Ramata, ancienne stagiaire dans une radio de la place, confie : « Mon chef de service m’a fait la proposition d’avoir des rapports sexuels avec lui pour qu’il fasse de moi une grande voix de la radio dans ce pays. Face à mon refus, il m’invitait souvent dans son bureau. Lorsque je m’y rendais, il tentait des attouchements, en mettant sa main dans mon pantalon ou en attrapant mes seins ». Elle a dû interrompre son stage pour ne pas continuer à subir des traitements qui, selon elle, portent atteinte à sa dignité.

En revanche, d’autres femmes, ne trouvant pas d’issue pour quitter le chômage, cèdent aux avances. Tel a été le cas de Doussou (nom d’emprunt). « On s’adonne à des rapports sexuels avec des hommes qui ne nous donnent rien en contrepartie. Ils finissent même par nous laisser tomber ensuite. Ce n’est pas un problème pour moi d’avoir un rapport sexuel pour avoir du boulot », rassure-t-elle.

Dénoncer les bourreaux

Il est difficile pour certaines femmes de dénoncer les coupables, car la société ne tolère pas les victimes et elles sont au contraire indexées. « Une fois, j’ai dit à mon oncle que je suis victime de harcèlement dans mon lieu de stage. Il a osé me dire de changer d’accoutrement pour ne pas attirer mes chefs de service », explique Ramata Sangaré.

Si chercher de l’emploi doit rimer avec harcèlement sexuel, il faut alors en déduire que le chemin à faire est encore long pour les femmes au chômage. Par contre, pour lutter contre ce phénomène, il serait mieux de mettre en place un mécanisme pouvant permettre aux femmes de dénoncer leurs bourreaux.

Jusque-là, aucune disposition n’est consacrée au harcèlement sexuel dans le code pénal malien.

Source : Benbere

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