«État de la situation sécuritaire au Sahel à l’aune de la multiplication des sources conflictuelles ». C’est l’intitulé du rapport de l’analyse faite par Olivier Ginolin, analyste au sein de la Commission sécurité & défense internationales de l’Institut d’études de géopolitique appliquée. Dans ce document publié durant ce mois de juillet, l’auteur affirme que l’année 2019 aura été marquée par une forte dégradation de la situation sur le front sécuritaire sur toute la bande sahélo-saharienne (Bss).
«Face à des groupes armés terroristes (Gat) toujours très mobiles et répartis sur un territoire vaste comme l’Europe, les armées régulières nationales, comme les forces internationales (Barkhane, Minusma) peinent à juguler des violences commises, en particulier dans la région dite des trois frontières, à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso », lit-on dans le document.
Il souligne que malgré l’implantation de postes avancés de la force Barkhane à Ménaka (Mali) et à Goussi depuis l’été 2019 de l’autre côté de la frontière du Burkina (région du Gourma), les attaques terroristes se poursuivent et le nombre de victimes tend même à augmenter, notamment dans toute cette région du Liptako-Gourma.
Selon M. Ginolin, les Gat, qui ont de nombreux relais locaux au sein des communautés villageoises, restent très difficilement neutralisables. Il explique que la nature hybride aussi de ces groupes, combinant plusieurs problématiques – jihadisme insurrectionnel, pillages et trafics – complexifie l’identification des leviers d’actions les plus pertinents pour stabiliser dans la durée le Liptako-Gourma, comme plus largement l’ensemble de la Bss.
«Les groupes affiliés à Daech, regroupés sous la bannière de l’État islamique au Grand Sahara (Eigs) dirigé par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, ne cessent d’étendre leurs capacités d’actions. C’est d’ailleurs dans le cadre du ciblage de certains de ces groupes que la force Barkhane a subi de lourdes pertes fin 2019 dans la région de Gao, lors du crash de deux hélicoptères en situation de combat, provoquant la mort de 13 militaires français », explique l’auteur.
Pour autant, poursuit-il, cette focalisation sur les tensions au Liptako-Gourma, ne doit cependant pas faire oublier que c’est l’ensemble de la sécurité du Mali qui demeure précaire, comme le montre l’attaque récente mi-juin d’un convoi de véhicules militaires au centre du pays, dans la localité de Bouka Weré, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière mauritanienne, faisant 24 morts parmi les forces de sécurité.
Adou FAYE
LEJECOM