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MALI : Le glas des Casques bleus de la Minusma

Washington a-t-il signé lundi soir l’arrêt de mort de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali ? Pour le moins, la déclaration du Département d’État sonne le glas de cette mission créée en 2013 et dont le mandat, renouvelé en 2022, expire le 30 juin.

Lundi soir en effet, Washington, tout en regrettant la demande de la junte malienne de retirer la mission de l’Onu dans son pays, a déclaré que “le retrait de la Minusma doit être ordonné et responsable, en donnant la priorité à la sécurité des Casques bleus et des Maliens”.

Vendredi, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait en effet réclamé devant le Conseil de sécurité de l’Onu le “retrait sans délai” de la Minusma qui compte environ 13 000 militaires et policiers. Le ministre Diop avait justifié cette décision par une “crise de confiance” entre les autorités maliennes et la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali.

Le Mali est en droit, effectivement, de réclamer un tel retrait. “Le maintien de la paix est basé sur le principe du consentement du pays hôte, et sans ce consentement, les opérations sont presque impossibles”, a rappelé El Ghassim Wane, le chef de cette mission onusienne après les déclarations fracassantes du ministre malien.

 

Les trois options du secrétaire général de l’Onu

Ces développements interviennent donc peu avant le vote onusien du 29 juin. En janvier, en amont de cette décision, Antonio Guterres avait publié une évaluation stratégique de la mission, à la demande du Conseil de sécurité. Le secrétaire général de l’Onu avait alors mis sur la table trois options, allant d’une augmentation des effectifs à un retrait total des troupes si des conditions clés n’étaient pas remplies.

Il avait choisi une option médiane, recommandant au Conseil de sécurité de “reconfigurer” la Minusma, pour la concentrer, à effectifs constants, sur un nombre limité de “priorités afin d’en améliorer l’efficacité globale jusqu’à la fin de la transition politique, prévue pour mars 2024”.

C’était sans compter avec l’intransigeance de la junte malienne qui a demandé le retrait des Casques bleus.

 

La Minusma, quel bilan ?

L’effectif maximal théorique est fixé à un peu plus de 13 000 militaires et 1 900 policiers. Plus de cinquante pays, dont beaucoup d’Africains, contribuent à cette force militaire devenue une cible privilégiée des djihadistes qui visent la présence étrangère et les symboles de l’État.

Depuis 2013, 187 de ses membres sont morts dans des attaques, dont beaucoup menées avec des bombes artisanales et des mines. Dont deux Casques bleus burkinabé tués dans une attaque la semaine passée.

Selon son mandat, la mission de la Minusma n’est pas à proprement parler de livrer bataille aux djihadistes ; c’est la mission des forces armées nationales (les FAMA) et c’était la mission des forces françaises de Barkhane. Si une partie des Maliens apprécient sa protection et son aide, d’autres Maliens et leurs dirigeants, mais aussi des pays contributeurs, lui reprochent son mandat limité et son impuissance.

En outre, depuis que la junte en place à Bamako a fait appel au groupe paramilitaire russe Wagner en 2021, la mission onusienne a été entravée par des restrictions sur ses opérations aériennes et terrestres, limitant son efficacité face aux violences des groupes insurgés (photo MINUSMA/Harandane Dicko).

Enfin, la Minusma joue un rôle important au Mali, où son budget d’un milliard de dollars a permis la création de milliers d’emplois et d’installer des éclairages de rue et des commissariats, entre autres. Une manne bienvenue alors que l’économie locale est plombée par des sanctions imposées par les pays voisins en réponse aux coups d’État.

 

Les options ?

En fait, il n’y en a guère désormais.

“Si vous partez, vous laissez place à l’anarchie et la guerre, particulièrement contre les civils et les plus faibles”, a résumé vendredi Ahmedou Ould-Abdallah, ex-chef de la diplomatie mauritanienne et ancien haut représentant de l’Onu en Afrique de l’Ouest. “Si vous restez, vous êtes quasiment discrédités”, a ajouté celui qui dirige désormais un centre régional de réflexion.

La morale de cette histoire : il faut se résoudre au retrait “ordonné et responsable”, mais qui pourrait prendre deux ans, de cette mission qui fait selon la junte malienne “partie du problème”.

 

 

Philippe CHAPLEAU

Source: asafrance

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