Le Palais de la culture Amadou Hampathé BA a servi de cadre, ce samedi 7 septembre 2019, au lancement officiel des activités de la Coordination des Mouvements, Association et Sympathisant (CMAS) de l’Imam Mahmoud DICKO, dans le cadre d’un grand meeting placé sous la présidence du ministre chargé des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile, Amadou THIAM. L’occasion était donc bonne pour l’ancien président du Haut conseil islamique de lancer quelques piques à l’endroit de ses détracteurs.
Le lancement de ce Mouvement politico-religieux a enregistré la présence effective des leaders politiques de la Majorité comme de l’Opposition. On notait également la présence de l’Imam DICKO lui-même, des leaders religieux et de la société civile, des imams, des organisations de femmes, de jeunes, des représentants des Mouvements signataires de l’Accord de paix.
Si le mouvement qu’il a lancé samedi n’est pas officiellement un parti politique, son coordonnateur général, Issa Kaou NDJIM, porte-parole de Mahmoud DICKO, a souligné à la tribune que la CMAS était bien un Mouvement politique qui avait pour «idéaux» les «visions religieuses, sociétales et politiques» de l’Imam DICKO. «C’est un outil politique au service de l’imam Mahmoud DICKO», a-t-il précisé.
A la suite ces poulains, l’Imam Mahmoud DICKO, a pris la parole sous les ovations de la salle : «aujourd’hui, je vais parler ». Et la salle de l’y encourager en chœur : « allez-y ». «Je préfère mourir que de vous trahir après ce que vous avez fait le 5 avril dernier», a lancé sous les applaudissements nourris de ses partisans. «C’est pourquoi, quand les jeunes sont venus me voir, je l’ai dit que je les suivais. Et tout de suite, je me suis rendu à Nioro pour prendre l’avis du Chérif Bouyé qui m’a donné son soutien», a-t-il poursuivi.
Pendant plus d’une heure, l’Imam DICKO, comme à ses habitudes, a dénoncé les maux qui minent le Mali. «Le seul problème que nous avons aujourd’hui au Mali, c’est celui de la gouvernance», a-t-il martelé.
Répondant à ceux qui pensent qu’il a lancé ce Mouvement pour être candidat à la prochaine présidentielle, l’Imam répond : «je ne suis ni pas faiseur de roi, ni de président, mais je veux être un faiseur de la paix». D’ailleurs, sur sa probable candidature en 2023, l’ancien président du Haut conseil islamique veut que cela soit clair et entendu. «L’imam Mahmoud DICKO n’est pas un candidat potentiel. Que cela soit clair. Que mes détracteurs se mettent à l’aise », a-t-il indiqué.
De l’avis du leader charismatique, son problème n’est ni la France ni l’Amérique ; mais ceux qui ont trahi le peuple malien après la révolution de Mars 1991. Selon lui, tout ce que le Mali traverse aujourd’hui comme crise, n’est que la conséquence de cette trahison. «Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord eux », a-t-il déclaré avant de fustiger une «corruption à ciel ouvert et endémique qui gangrène », sous un tonnerre d’applaudissements.
Selon lui, le peuple malien a mené un combat historique en 1991 pour avoir la démocratie. Cependant, les objectifs de cette lutte ont été confisqués et pour donner un autre contenu à la révolution. «Tous les problèmes que le Mali vit aujourd’hui sont les conséquences de cette confiscation», a-t-il dénoncé. Avant de prévenir : «Le peuple ne peut pas rester éternellement dans ça».
«Il y’a des hommes et femmes qui se sont battus dignement pour avoir cette démocratie, mais il y’avait aussi beaucoup de vendeurs d’illusions parmi ses acteurs du mouvement démocratique», a dénoncé l’Imam Mahmoud DICKO. Comme conséquence de cette situation, à la place de la démocratie et de l’état de droit, on a eu droit à la corruption à ciel ouvert. Une corruption endémique qui est devenue un cancer qui est en train de ronger notre peuple. Et c’est pour cela que le Mali est devenu un grand malade. Selon lui, notre problème n’est pas ce qu’on est en train dire aux Nations unies et ailleurs, mais notre problème est un problème de gouvernance.
Pour lui, ils sont en train de nous distraire en accusant les gens d’être des djihadistes, des religieux politiques. «Mais je ne suis ni l’un ni l’autre, mais je suis un citoyen autonome», a-t-il tranché. Avant d’ajouter qu’il faut recadrer les choses.
Parlant du dialogue inclusif à venir, l’Imam Mahmoud DICKO dira que, certes, on doit dialoguer pour trouver des solutions, car dit-il, le dialogue est une vertu, mais dialoguer sur quelle base ? Sur la volonté du peuple ou du prince ? Ce qui est clair, c’est que la légitimité appartient au peuple. «Si le dialogue est initié dans le but de rectifier le tir, arrêter cette saignée, cette mauvaise gouvernance, cette corruption endémique, je le soutiens. Mais, il ne faut pas faire semblant. Et si ça se passe autrement, le peuple prendra ses responsabilités», a-t-il mis en garde.
Par Abdoulaye OUATTARA