A la suite de la mission de vérification du bureau du vérificateur général à l’Université de Ségou, des malversations financières ont été décelées. Ainsi, le financier de cette université a été relevé et l’ordonnateur principal, le Recteur Abdoulaye Traoré, reste impunément à son poste. C’est pourquoi le personnel demande aujourd’hui son départ afin que l’université puisse relever les défis qui lui sont assignés.
Rien ne va plus à l’Université de Ségou. Pour cause, les collaborateurs du Recteur ne supportent plus le discrédit qu’il jette sur la structure. Notamment les magouilles rendues publiques par le Vérificateur général et l’absence répétée du Recteur Traoré. Soulignons que malgré nos multiples appels sans succès et les messages envoyés pour prendre sa version des faits, nous ne sommes pas parvenus à rentrer en contact avec le Recteur.
Faut-il le rappeler, dans nos précédentes parutions, nous avions rapporté les résultats du rapport de vérification financière du Vérificateur Général sur la gestion de l’Université de Ségou, pendant la période 2011, 2012 et le premier trimestre de 2013. Ce rapport dénonce la mauvaise gestion et la corruption qui caractérisent l’Université de Ségou.
Dans sa politique de création d’universités, d’instituts et d’écoles supérieures dans les capitales régionales, l’Etat a subventionné l’Université de Ségou à hauteur de 3,63 milliards de nos francs de 2011 au premier trimestre de 2013, précise le Vérificateur général.
Cependant, indique le même rapport, ces fonds ont souffert de nombreuses irrégularités aussi bien dans le processus de contrôle interne et dans la collecte de recettes que dans l’exécution des dépenses.
Les irrégularités se chiffrent à 1,73 milliard, dont 1,72 milliard FCFA au titre de la fraude, soit plus de la moitié de la subvention accordée par l’Etat à l’Université. Illustration: selon le rapport du Vérificateur, l’Université de Ségou a ordonné le paiement de 878,01 millions de nos francs pour la livraison et des prestations non effectuées. «Elle a, par contrats simplifiés, effectué d’autres dépenses fictives comme dans le cadre de l’installation et de l’entretien des réseaux téléphonique, informatique et de connexion à Internet dont le montant total s’élève à 41,91 millions de FCFA a été intégralement payé. La preuve de l’existence ou de l’utilisation des différents matériels objets du contrat n’a pas été fournie à la mission de vérification». Pire, le sac de ciment a été facturé à 35.000FCFA contre 5000FCFA son prix normale.
Le Chef de services des finances révoqué, le Recteur au Pôle Economique
Selon les informations qui nous sont parvenues, le Chef de service des finances de l’université de Ségou a été révoqué. Le Recteur doit se présenter régulièrement au Pôle Economique de Bamako.
Cependant, ce qui irrite le personnel de l’Université de Ségou, c’est la révocation du chef de service des finances et le maintien du Recteur qui juridiquement est le seul ordonnateur des finances de la structure. Nonobstant les accusations du Vérificateur, indiquent nos sources, la mauvaise gouvernance continue à l’Université de Ségou. La gouvernance académique aussi laisse à désirer du fait de l’incompétence technique et l’absence permanent du Recteur aux rencontres hebdomadaires des cadres du Rectorat et des autres structures. «Il n’est présent que s’il y a une mission des étrangers », ajoute un autre cadre de l’Université. Les programmes sectoriels conçus et adoptés souffrent cruellement de financement. Au même moment, s’indignent nos interlocuteurs, les dépenses de privilège n’ayant aucun impact sur l’amélioration des conditions de travail sont réalisées couramment. Selon les mêmes sources, le Recteur, outre sa location à 200.000Fcfa par mois, aurait construit des établissements scolaires privés et posséderait des parcelles de terrain un peu partout à Bamako. On appelle actuellement son fils Souleymane, «CFA Solo » qui s’amuse avec les billets de 10.000FCFA dans les boîtes et autres lieux de rencontre juvéniles, affirment-ils.
Aujourd’hui, le personnel de l’Université salue la révocation du chef de service des finances et s’inquiète du maintien du Pr Abdoulaye Traoré à son poste de Recteur. Car le ver demeure dans le fruit. Sa présence est une menace pour l’atteinte des objectifs de la structure. En plus, soutiennent-ils, cette décision d’injustice cristallisera davantage la frustration du personnel. Sur ce, pour la bonne marche de l’Université de Ségou, le personnel demande le départ immédiat du Recteur, même si ce dernier n’a que de justification : « j’ai été induit en erreur, mon contrat vient à terme en 2015». Car le même contrat est suffisamment éloquent lorsqu’il stipule qu’on peut mettre fin à la Fonction du Recteur pour faute grave.
Alors, les autorités sont interpellées à se pencher sur la question.
Oumar KONATE