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Mag’Femmes journalistes : DISCRIMINÉES, A TORT OU A RAIS_ON ?

Beaucoup de facteurs empêchent les femmes de s’épanouir dans le journalisme. Si la jalousie des hommes en est un, le manque de détermination nuit aussi à l’affirmation de certaines consœurs.

 

La profession de journaliste à l’instar d’autres métiers était exercée dans la plupart des cas par les hommes. Au fil des évolutions de la société et des mentalités, les femmes ont commencé à faire leurs premiers pas dans ce cercle jadis réservé aux hommes. Au Mali, nombreuses sont les femmes qui sont attirées par le métier. Certaines d’entre elles brillent par leur talent aussi bien dans la presse audiovisuelle qu’écrite. D’autres voient leur carrière plombée aussi bien à cause de l’attitude des patrons, des pesanteurs socio-culturelles et de leur propre comportement. Il y en a qui pensent qu’elles doivent être propulsées au firmament du métier en raison de l’équité genre. Elles oublient qu’il faut se faire une place au soleil grâce à leur propre capacité et non grâce à la générosité des hommes à leur égard. Comme partout ailleurs, dans le monde de la presse, le mérite est indispensable à l’ascension vers les postes de responsabilité.

Bien que des progrès soient visibles dans plusieurs organes de presse pour éradiquer la discrimination des femmes journalistes, leur image renvoyée par les médias reste encore trop souvent négative et continue d’être stéréotypée.

« Quand je venais dans les années 2005, il n’y avait pas tellement de femmes dans les instances de prise de décision, mais, présentement, tel n’est plus le cas. Les choses se sont beaucoup améliorées, maintenant à l’ORTM, on a des femmes directrices au niveau des stations régionales (Ségou et Koulikoro), elles sont également présentes au niveau des divisions et sections. Je ne sens pas tellement cette discrimination à notre égard », a soutenu Sokona Kamissoko, journaliste à l’ORTM. Le seul point de discrimination des femmes journalistes à l’ORTM concerne les voyages à l’étranger. En effet, elles ne font pas assez de missions à l’étranger comme les hommes », a déploré notre consœur, Sokona Kamissoko. Cette affirmation est soutenue par Fatoumata Napho, journaliste à L’Essor qui estime également que les femmes sont pour la plupart exclues des voyages internationaux et plus précisément des missions présidentielles.

« Je n’ai pas été personnellement victime de ce phénomène et jamais on ne m’a dit dans ma rédaction que je ne peux pas ou ne dois pas m’occuper d’un tel sujet parce que je suis une femme. Je me rappelle la première fois quand j’ai proposé de me rendre à Kidal. Etonné, mon chef à l’époque des faits, directeur de publication à L’Essor m’a répondue : Kidal ? Apparemment très surpris de ma détermination et de mon choix sur une zone d’insécurité, il a finalement retenu mon sujet. J’ai été et j’ai fait correctement mon travail, se souvient Mariam Traoré, actuelle représentante de l’AMAP à Ségou. Aujourd’hui, on ne n’hésite plus à me mettre sur n’importe quel sujet tant sur le plan national et qu’ international, souvent sur des thèmes très sensibles.»

Détermination – Cependant, constate-t-elle, souvent dans la plupart des rédactions, on met les femmes sur les questions du genre qui sont déjà mal perçues au sein de notre société. Pour bon nombre de personnes, le genre fait allusion à la femme, or, le concept genre inclus des hommes également. « C’est ce qui est discriminatoire, car, autant les femmes journalistes peuvent s’occuper des questions de femmes, mais, elles peuvent aussi traiter d’autres sujets comme la politique qui est exclusivement dédiée aux hommes dans nos rédactions », souligne  Mariam Traoré.

Elle pense que cela doit être corrigé, mais, pas sans les femmes elles mêmes, car, il leur faut prouver qu’elles sont à la hauteur et que l’on peut leur faire confiance », estime-t-elle avant d’ajouter que « s’il y a discrimination, les femmes journalistes sont en partie responsables». Selon elle,  les femmes dans les rédactions doivent être sérieuses, courageuses et assidues, bref, convaincre qu’elles sont capables de forcer l’admiration des uns et des autres.

«J’ai toujours dis aux femmes que les hommes ne nous céderont pas leurs places et c’est tout à fait normal. Il faudra au-delà des textes en notre faveur, arracher notre place », lance-t-elle. Femmes journalistes, rédactrice en chef et rédactrice adjointe, on en trouve à l’hebdomadaire « Journal du Mali » et directrice de publication au journal « l’Annonceur ». A travers ces exemples et beaucoup d’autres, le président de l’Association des professionnels et éditeurs de la presse en ligne (Appel-Mali), Modibo Fofana, estime que la discrimination des femmes journalistes n’est pas un fait général dans les rédactions. En effet, elles se sont imposées dans certaines rédactions comme directrices de publication et rédactrices en chef, chefs de desks, autrement dit les premières responsables du journal. « Si la femme s’affirme en matière de compétences, elle s’impose facilement », ajoute Modibo Fofana et de déplorer qu’elles veulent un raccourci et préfèrent passer par des chemins peu orthodoxes. Le président de Appel Mali, estime plutôt que les femmes doivent s’affirmer au lieu de crier à la discrimination, car le journalisme est un travail intellectuel et il suffit de s’imposer seulement pour ne pas être l’objet de discrimination. Selon Boukary Daou, directeur de publication du quotidien «Le Républicain », il y a d’excellentes femmes journalistes au Mali, préférables de loin à certains hommes qui sont souvent trop prétentieux.

La question de discrimination est une question d’approche. « Nous avons des femmes qui se battent pour atteindre un niveau de formation respectable, et il en est de même pour les hommes d’ailleurs », indique notre confrère du « Républicain ». Et de conseiller à ses consœurs de cesser de pleurnicher en criant à la discrimination, mais, de se battre sans relâche pour ne pas être marginalisée grâce à l’excellence de l’écriture de leurs articles ».

Aussi, souligne-t-il, si une femme peut mieux faire un travail que l’homme, il faut le lui confier et comme ça, l’environnement du travail sera plus détendu et c’est l’efficacité qui doit commander les décisions. Selon lui, ce qui est très important est qu’il faut donner sa chance à tout le monde et particulièrement à nos sœurs pour une discrimination positive tant que cela est possible. Son conseil aux consœurs est de travailler et de compter sur leurs qualités intrinsèques.

Pesanteurs socio-culturelles. Contrairement à ce que pensent les premiers intervenants, Alexis Kalambry, directeur et promoteur du journal « Mali-tribune », pense qu’il y a beaucoup de discriminations à l’égard des femmes journalistes, car on les confine dans des missions peu valorisantes, comme traiter des sujets de cuisine, de mode… Cependant, ces discriminations ne sont pas toujours du fait des hommes. En effet, explique-t-il, le travail de rédaction joue énormément sur les nerfs et entre hommes, il y a des prises de bec et ça passe, mais avec une femme c’est plus compliqué.

De surcroît, ajoute-t-il, il y a des horaires qui ne conviennent pas aux femmes mariées, des conditions de voyage qu’elles ne peuvent pas accepter également. Sans compter que la femme, une fois mariée est de moins en moins maîtresse de son programme, Elle veut gérer l’humeur de son entourage ou de sa belle-famille, si ce n’est son mari, qui ne supporte pas de la voir rentrer à des heures indues. Ces raisons et d’autres font que dans la presse, surtout privée, les femmes creusent difficilement leur sillon, sauf à accepter d’être indexées. Cet avis est corroboré par Fatoumata Mah Thiam Koné du journal L’Indépendant qui ajoute que la discrimination des femmes dans les rédactions est surtout liée aux pesanteurs sociales.

Selon notre consœur, une femme journaliste, une fois mariée ne peut plus se permettre de rester tard au bureau ou sur le terrain, car elle doit s’occuper de son foyer à un moment donné de la journée.

Et ce n’est pas non plus facile de mobiliser une femme pour une mission qui tombe à l’improviste. Ce qui fait que généralement, les postes stratégiques notamment les desks « politique » et « économie » sont très souvent réservés aux hommes, même si la femme est plus instruite que l’homme. La disponibilité de l’homme le privilégie par rapport à la femme. Et elle soutient que c’est une discrimination imposée par la société sur les femmes journalistes.

Dans son journal, L’Indépendant, elles sont deux dames journalistes parmi une dizaine d’hommes et sont des chefs de desk. Avec cette responsabilité, elles sont obligées de rester au bureau jusqu’à 18h.

Pour le président de l’Union nationale des journalistes du Mali (UNAJOM) Fakara Faïnké, les femmes journalistes sont discriminées et subissent des pressions. Pour lui, on leur refuse des postes de responsabilité dans les rédactions, alors qu’elles ont souvent les mêmes compétences que les hommes ». D’ailleurs, indique-t-il, ceci est l’une des batailles de l’UNAJOM.

Anne-Marie KEïTA

L’Essor

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