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Mag’ culture:Sékou Ahmadou : UN HOMME D’ÉTAT HORS DU COMMUN

Quand Sékou Ahmadou fondait le royaume théocratique du Macina en 1818, les grands empires avaient pris fin. L’empire du Ghana a disparu au VIIIè siècle, l’empire du Mali au XVè siècle et l’empire songhaï avait vécu à la fin du XVIè siècle. Seuls les royaumes du Kénédougou, de Ségou et du Khasso existaient encore.

 

Arrivés du Fouta Toro (actuel Sénégal) par vagues successives, les peuls sont présents dans le delta intérieur du Niger depuis le XIVè siècle. Principalement animistes, ils étaient sous la domination des Ardos, les chefs du clan peul des Diallo. Ces derniers rendaient compte aux empires successifs puis, à partir de 1670, au royaume bambara de Ségou.
Mais en 1818, Sékou Ahmadou, membre du clan Barry (des peuls musulmans), décide de livrer bataille contre les Ardos coalisés avec l’armée du royaume de Ségou. Après avoir gagné une bataille décisive, il lance alors le djihad, la guerre sainte. L’année suivante, après un siège de 9 mois, il entre victorieux dans Djenné où il avait appris le Coran.

La ville de Djenné était déjà islamisée. Mais pas assez au goût de Sékou Ahmadou. Il détruira la mosquée qu’il considérait trop ostentatoire et construira un nouveau lieu de culte, plus sobre. Pour ce guide spirituel, l’islam est une religion qui prohibe l’exubérance.
Ainsi, débuta l’histoire du royaume du Macina, un royaume théocratique administré par la «Diina», la foi musulmane. Intelligent, fin connaisseur de la société peule et érudit de l’islam, Sékou Ahmadou a réorganisé de fond en comble la société de son époque. Il était adepte d’une religion dépouillée de tout artifice, donc austère, mais protectrice des droits de tout un chacun. Ce guide spirituel et chef de guerre, était un partisan de la méthode, de l’ordre et de la discipline.
Le nombre des réformes qu’il engagea est sans précédent. Ce qui fera dire à certains que sa capacité organisationnelle est digne d’un universitaire de nos jours. Traditionnellement nomades, les peuls se verront imposés la sédentarisation par Sékou Ahmadou. Ainsi se créèrent des villages peuls, accroissant la richesse de la communauté. En effet, en plus de l’élevage, cette sédentarisation a permis de développer une agriculture dont la main d’œuvre était constituée des nombreux captifs animistes appelés «Rimaïbés».
Le mérite de Sékou Ahmadou est également d’avoir renforcé le commerce en uniformisant les unités de mesure pour le tissu, les grains et les liquides. Il a réorganisé aussi l’espace à travers la création de quartiers, de villages, de cantons, de provinces, administrés par un pouvoir politique particulièrement organisé. La justice fut également totalement réformée sur la base des principes coraniques. Sa réforme agraire, qui a permis d’organiser l’occupation territoriale avec les zones de pâturage et de transhumance, était «une première dans le monde», dit-on. De nos jours, ni le colon, ni l’administration malienne n’ont réussi à faire mieux. Sékou Ahmadou est à l’origine du Yaaral et Dégal, qui désigne la traversée du fleuve par les troupeaux de retour du Sahel après l’hivernage. Cette traversée est classée «chef d’œuvre de l’humanité» par l’UNESCO.
A l’actif également du fondateur de la « Diina », le service militaire obligatoire, tout comme la scolarisation pour tous les garçons et toutes les filles dès l’âge de 7 ans.
La fin de la « Diina » du Macina correspond à l’expansion du dernier grand empire d’Afrique de l’Ouest issu, là encore, du djihad mené par le Toucouleur El Hadj Oumar Tall.

L’Essor

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