Le congolais Denis Mukwege et la Yézidie Nadia Murad, retenus pour leur combativité et leur détermination à lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes, ont été ce lundi 10 décembre 2018 primés à Oslo. Les deux ont été dotés, en plus du prix Nobel de la paix offert par le comité Nobel norvégien, d’une médaille d’or, d’un diplôme et d’une somme de 9 millions de couronnes suédoises (environ 880 000 £).
Au sujet du choix porté sur la personne de ces deux retenus, le président du comité Nobel Berit Reiss-Andersen, expliquait, le 5 octobre dernier, que Denis Mukwege « est le sauveur qui a consacré sa vie à la défense de ces vies ». Et quant à Nadia Murad, il précise que celle-ci « est le témoin qui raconte les abus perpétrés contre elle-même et si bien que les autres femmes ». Puis de préciser :« Chacun à sa manière, ils ont contribué à donner une plus grande visibilité aux violences sexuelles commises en temps de guerres afin que leurs auteurs puissent répondre de leurs actes ». Le gynécologue Denis Mukwége, également appelé « l’homme qui répare les femmes » par le titre du documentaire qui lui a été consacré, est né à Bukavu en 1955. C’était à l’Est de ce qui était alors le Conge belge.
Suite à ses études de médecine au Burundi et avant qu’il revienne au bercail, il exerce sa fonction à l’hôpital Lamera. Lieu où il découvre les souffrances des femmes qui, faute de soins, souffrent de lésions génitales après un accouchement. C’est grâce à une bourse reçue par lui qu’il a ainsi décidé de se spécialiser en gynécologie-obstétrique en Angers. Après laquelle étude, il fonde en 1999 l’hôpital de Panzi à Bukavu dans l’Est de la RDC. Lequel hôpital a, selon lui, traité 50 000 victimes de viols, des « armes de destruction massive ».
Quant à la situation de Yézidie Nadia Murad, celle-ci a connu l’esclavage sexuel, tout comme beaucoup de femmes et filles de cette communauté Kurdophone. Elle dit avoir été violée, torturée et même échangée par les djihadistes de Daech en 2014, avant de réussir à s’évader. Ainsi devenue victime également considérée comme l’ambassadrice de l’ONU pour la dignité de la femme et contre ce trafic humain, la jeune fille âgée de 25 ans dit avoir perdu sa mère et ses six frères qui ont été tous tués. Bien vrai qu’elle poursuit actuellement ses études en Allemagne, Nadia continue de se battre pour que les violations commises en 2014 par Daech soient punies et reconnues comme un génocide. Car, à se référer au rapport publié fin d’octobre par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), plus de 6 800 Yézidies auraient été retenues captives, 4 300 se seraient échappées ou auraient été échangées et 2 500 auraient encore été portées disparues.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays