Le Mali est l’un des pays africains riches de par son sous-sol. Notre Code minier, de par son caractère attractif, incite les investisseurs à la ruée vers l’or. Cependant, profitant du laxisme des autorités et la complicité de certaines structures de recrutement, les sociétés minières se transforment en esclavagistes.
Le Mali est une particularité en matière de protection des travailleurs, malgré une législation régissant le domaine. Les sociétés minières se comportent comme des démis-dieux. Elles semblent intouchables et au dessus des lois.
Ces sociétés, par le biais de certaines structures de placement véreuses, emploient des jeunes, qui, pour des raisons parfois aussi farfelues, sont remerciés au nez et à la barbe de nos dirigeants.
Ils sont parfois licenciés sans préavis, ni paiement de leurs droits. Alors interviennent des séries de procès en justice avec des condamnations en faveur des sociétés. Elles ne respectent jamais les injonctions des cours et tribunaux.
C’est ainsi que les licenciés, parfois grosse en main, n’arrivent jamais à rentrer dans leurs droits. Le hic, c’est que la majeure partie des licenciés sont des syndicalistes ou des délégués du personnel, qui se font licencier parce qu’ils défendent la cause des travailleurs. Les mines sont le seul secteur au Mali où le syndicalisme n’est pas toléré, alors même que c’est un droit constitutionnel.
A titre d’exemples, nous citerons la société BCM Loulou qui, suite à un mouvement relatif à une demande de régularisation des accords, établis entre BCM Loulou (Bays Water Constructing and Mining) et les travailleurs avec les témoignages de Somilo et de l’inspecteur de Kayes, a procédé au licenciement sans droits de 436 travailleurs et 26 délégués du personnel avec l’autorisation du Directeur régional du travail de Kayes (Boubacar Sissoko) qui, pourtant, était muté à Koulikoro un mois et 4 jours avant ces licenciements. Le dossier est toujours pendant devant la Cour suprême depuis 2012.
La société Semos SA Sadiola et LTA Mali SA Sadiola ont suspendu, en 2012, 14 syndicalistes parmi plus de 200 grévistes, suivi du licenciement sans droits de 11 d’entre eux pour avoir observé une grève de leur syndicat. La société LTA Mali SA Sadiola a procédé également, en 2014, au licenciement de 57 travailleurs dont 27 syndicalistes et 30 militants pour fait de grève, en violation de l’article 31 du Code du travail et de la Convention n°87 de l’OIT, relatifs à la liberté syndicale ratifiée par le Mali. Malgré l’intervention du Ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie, du Président de la Chambre des mines et du Directeur national du travail, LTA a maintenu sa décision de licenciement. Le laboratoire ALS Bamako Sarl a osé licencier abusivement 135 travailleurs, parmi lesquels figurent tous les leaders syndicaux.
Des leaders syndicaux qui ont été licenciés pour avoir réclamé des visites médicales et une prise en charge des travailleurs contaminés par le plomb (Art 50 de la convention collective Minière), Car certains travailleurs présentaient un taux de plombémie deux à trois fois supérieur à la normale. A Analabs Morila, malgré le protocole d’accord signé entre les travailleurs et la société depuis le 07 mars 2006 pour payer les heures supplémentaires, les travailleurs ne sont pas encore mis dans leurs droits. Aussi, nous vous rappelons que la même société avait été condamnée à payer la majoration de 7% de 1999, mais, au mépris des textes législatifs et réglementaires, elle ne s’est pas exécutée et les travailleurs courent toujours derrière leurs droits. La liste n’est pas exhaustive et les cas sont presque les mêmes. L’autorité compétente est pour la plupart complice de ces manquements au grand dam de ces pères de familles qui ressemblent à la limite à des immigrés clandestins dans leur propre pays.
A suivre.
Harber MAIGA