Concernant ses relations avec les militaires de la junte, depuis le coup d’État du mardi 18 août dernier, l’ancien Premier ministre sous le président déchu IBK, a expliqué, sur Radio France-Inter (RFI) que ce sont des rumeurs qui enflamment la toile mais qui n’ont rien avoir avec la vérité. » Il faut laisser aux jeunes officiers, qui ont fait leur action, la paternité de leur action, depuis l’étape probablement de la décision jusqu’à l’exécution. C’est d’abord un réflexe de citoyens et patriotes de leur part. Franchement, je ne participe pas aux tentatives, assez vaines d’ailleurs, de récupération « , a lancé Soumeylou Boubèye Maïga.
Se justifiant davantage, il a souligné que » la plupart (de ces militaires), je les ai connus, je les ai commandés directement ou indirectement. Je connais des milliers de militaires, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un qui aurait participé ou préparé un coup d’État. Mon rôle, c’est d’être dans une attitude de soutien, d’accompagnement. Je n’ai jamais rencontré le CNSP. Je ne suis jamais allé à Kati, contrairement à ce qui se dit « .
Pour l’ancien Premier ministre, le plus important aujourd’hui doit d’être d’abord dans un dialogue intelligent avec la communauté internationale, à commencer par la CEDEAO. » Parce que, à l’évidence, l’action qui a été menée est différente de celle de 2012 « , a-t-il précisé.
Evoquant son lien avec l’imam Mahmoud Dicko, l’autorité morale du M5-RFP, le président de ASMA-CFP a précisé: » Je n’ai pas de relations particulières avec l’imam Dicko, que je connais depuis 1991. Nous nous sommes connus à l’occasion de la conférence nationale souveraine de l’époque et nous entretenons des relations normales, de courtoisie. Maintenant, nous avons des désaccords assumés. Pour moi, ce n’est pas un problème insurmontable « .
» Les positions de la communauté internationale sont pour le moment calquées sur celle de la CEDEAO «
Auparavant, sur le plateau l’Office de Radio Télévision du Mali (ORTM1), il avait déclaré que les positions de la communauté internationale sont pour le moment calquées sur celles de la CEDEAO. Dans son raisonnement, il a rappelé que le Mali est membre à part entière de la CEDEAO. » La CEDEAO repose sur un certain nombre de protocoles et d’actes additionnels auxquels nous sommes partie prenante et qui édictent un certain nombre de normes politiques, de convergence institutionnelle, auxquels nous avons adhéré librement « , a-t-il rappelé. Poursuivant qu’il est également prévu qu’en cas de rupture avec ces normes, il y a des mécanismes de sanctions qui sont déclenchés.
Soumeylou Boubèye Maïga a ainsi rappelé que » depuis le 18 août, la CEDEAO a pris des mesures nous concernant qui se résument à un certain nombre de sanctions sur le plan financier, de la mobilité entre nos pays et, comme cela va de soi, nous ne participons plus aux différents organes de gestion de la CEDEAO « . Et de juger que » nous trouvons ces sanctions disproportionnées, nous les trouvons pénalisantes et un peu punitives, et qui sont de nature à impacter l’image et la perception de la communauté au niveau des opinions publiques « .
L’ancien ministre de la Défense estime que la communauté devrait s’inscrire plutôt dans une logique d’accompagnement et de soutien, dès lors que le principe de revenir à des normes institutionnelles fonda mentales n’est pas remis en cause. » De mon point de vue, la communauté devrait s’inscrire plus dans l’accompagnement de cette démarche que d’être dans une logique de sanctions, d’autant plus que les sanctions sont à double tranchant. Elles pénalisent d’abord les Maliens, toutes catégories confondues, mais elles pénalisent aussi nos partenaires des pays voisins « , a-t-il martelé.
Parlant des conséquences de ces sanctions, Soumeylou Boubèye Maïga a déclaré ceci : » Si nous prenons le plan économique et financier, nous avons un certain nombre de financements qui sont plus ou moins compromis. Au niveau de l’aide budgétaire, nous avons un peu plus de deux cents milliards d’aides budgétaires de la part de différents partenaires financiers que nous pourrions ne pas avoir ; au niveau de la dette intérieure, c’est-à-dire le financement de notre trésorerie, où nous mobilisons une trentaine milliards, tous les quinze jours, dans l’espace UEMOA, sur une prévision d’environ six cents milliards, il nous restait deux cents douze milliards à mobiliser pour le reste de l’année ; sur des accords prévisionnels de cinq cent quatre-vingt-quatre milliards, il nous restait deux cents-soixante-seize milliards que nous pourrions ne pas mobiliser « .
L’ancien Secrétaire général de la Présidence de la République regrette » la suspension des transactions financières internationales. Tout cela va, selon lui, » impacter notre vie économique et sociale. Or, s’il y a un resserrement de notre pouvoir d’achat, l’une des premières choses, c’est que notre outil militaire et sécuritaire sera impacté ».
Synthèse de D.S
Source : l’Indépendant