Ministre des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) sous la transition, BréhimaTolo a été convoqué, par le juge, au Pôle Economique et Financier. C’était mardi 21 octobre, en milieu de journée. Objectif : faire la lumière sur l’opacité, qui entoure la troisième licence de téléphonie mobile, acquise par Appollinaire Compaoré au prix de 55 milliards CFA.
Mardi 21 octobre, 10h30 mn. S’apprêtant à rejoindre son bureau, BréhimaTolo, ex-ministre des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) voit, subitement, un véhicule 4X4 banalisé freiner devant son domicile dans un grincement de pneus. Habillés en civil, quatre agents des forces de sécurité s’engouffrent dans la maison. Ils le trouvent devant le salon. Après l’avoir identifié, les agents le prient de bien vouloir les suivre au Pôle Economique et Financier pour, disent-ils, « affaire le concernant ». Ce qu’il fait. Sans broncher.
Sur place, BréhimaTolo est conduit dans le bureau du juge. Qui l’attendait, le sulfureux dossier de la troisième licence de téléphonie mobile bien en vue, devant lui. Dès lors, l’ex-ministre des Télécommunications et des NTIC comprend les raisons de son interpellation.
Pour l’heure, nous ne disposons d’aucune information sur ce qui s’est passé dans le bureau du juge. Mais à en croire une source bien informée, le juge entend voir clair dans « l’affaire de la 3e licence de téléphonie mobile ». Qui a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
OPACITE AUTOUR DE LA TROISIEME LICENCE DE TELEPHONIE MOBILE
Poursuivi, devant les tribunaux nationaux et français par ses partenaires maliens pour non-respect de leurs protocoles d’accord, Appollinaire Compaoré, peine à rendre opérationnelle la troisième licence de téléphonie mobile, acquise depuis, bientôt, deux ans. Et ses relations avec les nouvelles autorités ne sont pas au beau fixe.
Opérant dans l’hôtellerie et l’import-export, Cessé Komé était le principal, voire l’unique partenaire d’Appollinaire Compaoré, dans la course à la 3e licence de téléphonie mobile, mise en vente sous la transition. Coût : 55 milliards CFA.
Selon le protocole d’accord liant les deux partenaires, Appollinaire Compaoré devra verser 33 milliards CFA et Cessé Komé 22 milliards CFA. Mais dix jours après la signature du cahier des charges, Komé est déclaré défaillant. Il n’aurait pas assuré ses obligations contractuelles. Thèse qu’il conteste. Vigoureusement. Avant de saisir le tribunal international de commerce de Paris, devant lequel il porte plainte contre Appollinaire Compaoré.
Au Mali, aussi, l’acquéreur de la 3e licence de téléphonie mobile est poursuivi, cette fois-ci, pour non-respect du protocole, qui le lie à la Société Ouest-Africaine de Développement (SOAD-SARL).
Pour acquérir cette 3e licence, la société Planor Afrique –SA, dont le PDG n’est autre que Appollinaire Compaoré, a fait appel aux services de la SOAD-SARL, en qualité d’intermédiaire. Aux fins de l’assister auprès des autorités maliennes. Sa mission : aboutir à la signature d’une convention, entre Planor Afrique-SA et le gouvernement d’alors, dirigé par Cheick Modibo Diarra.
Selon le protocole d’accord, dont le canard déchaîné s’est procuré copie, SOAD-SARL devrait percevoir, à l’issue de la signature de la convention, une commission fixée au taux de 10% du prix d’achat de la licence. Soit la somme de 5 milliards CFA. En outre, Planor Afrique-SA s’est engagé à céder à SOAD-SARL 10% des actions qu’elle possède dans la société Alpha Telecom-SA, filiale burkinabè du Groupe d’Appollinaire Compaoré.
Mais une fois la convention signée, entre le gouvernement malien et Planor Afrique-SA, Appollinaire Compaoré met SOAD-SARL sur répondeur. Après avoir épuisé tous les délais sollicités, auprès de la direction de SOAD-SARL, il refuse de tenir ses engagements.
Comme Cessé Komé, SOAD-SARL porte plainte, mais cette fois-ci, devant le tribunal du commerce de Bamako. Avant de réclamer le paiement intégral de sa commission, estimée à 5 milliards CFA ; mais aussi, le versement de 500 millions CFA à titre de dommages et intérêts.
ENTRE CORRUPTION ET MAGOUILLES
Autres faits marquants dans l’acquisition dans cette 3e licence de téléphonie mobile : les accointances entre Appollinaire Compaoré et l’ex- junte militaire. De sources concordantes, il aurait distribuédes « mallettes » à Kati, ex- quartier général du capitaine Sanogo. Mais aussi, dans l’entourage du président de la transition, Pr Dioncounda Traoré. Nos sources citent ce ministre de haut vol qui, à lui seul, aurait empoché la bagatelle de 400 millions CFA.
Même l’entourage d’IBK n’a pas été épargné par le richissime Compaoré. Selon nos informations, certains membres – nouveaux comme anciens – du protocole d’IBK se seraient fait mouiller la barbichette. Là aussi, on cite le nom de ce proche d’IBK, très élégant, qui aurait palpé 20 millions CFA.
Depuis qu’il en avait été informé, IBK a décidé de se méfier d’Appollinaire Compaoré. Et malgré ses multiples demandes d’audiences, IBK a toujours refusé de lui accorder une audience.
C’est pour mettre la lumière sur cette opacité qui entoure l’acquisition de la troisième licence de téléphonie mobile, que le juge du Pôle Economique et Financier a interpellé BréhimaTolo, ministre des Télécommunications et des NTIC à l’époque des faits. Après avoir été entendu, des heures durant, il a été prié de rejoindre son domicile. Tout en restant à la disposition de la justice.
Oumar Babi