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Les ”voix” impénétrables de la justice malienne

Il a fallu 7 ans à la justice malienne pour convenir d’une libération provisoire du Général (populairement Capitaine) Amadou Aya Sanogo. La gestion de ce dossier hautement politique, parce qu’intimement lié à la stabilité au sein des forces armées du Mali, est un cas d’école à ne surtout pas enseigner.

L’affaire dite Sanogo émeut une partie de l’opinion depuis 2013 et fascine une autre partie pendant que les avocats des deux camps se livraient une bataille à peine de haute facture. Durant ces nombreuses années, il s’agissait pour la défense et l’accusation de jouer le jeu qui est le leur, avec chacun l’ambition de faire libérer ou de confirmer l’emprisonnement du célèbre accusé.

Ce jeu aura duré 7 ans. Pendant tout ce temps, notre système judiciaire n’a pu organiser un procès serein pour une des affaires les plus emblématiques de notre système démocratique. L’accusé Sanogo, qui s’est rendu coupable du seul et unique crime imprescriptible répertorié dans notre Constitution, est passé dans le camp de la victime du système judiciaire. La durée de sa détention est la première voix gênante de la volonté de justice face à la gravité des charges qui sont les siennes.

La deuxième voix pesante est l’origine même de l’affaire Sanogo. Il nous souviendra que le Coup d’Etat de 2012 a donné lieu à une guerre fratricide entre bérets verts et rouges. Un charnier sera découvert et révélera qu’il s’agit des corps des bérets rouges arrêtés et assassinés lors de la riposte au contre coup d’Etat. Craignant donc de réveiller les vieux démons, le procès est passé de report en report avec pour toutes ces fois, une explication judiciaire. La dernière qui a conduit à la libération provisoire du Général-Capitaine Sanogo est une explication du Gouvernement.

Le Champion des communiqués, le ministre en charge des relations avec les institutions et accessoirement de la communication gouvernementale, a montré la grande crainte qui saisissait aux tripes le Gouvernement vis-à-vis de ce procès. Cette crainte a mené à passer la fine ligne de la séparation des pouvoirs. L’exécutif a décidé du report, le judiciaire l’a acté.  Dans le fond, il peut être compris cette combine au sommet de l’Etat pour préserver le peu de quiétude indispensable aux règlements des nombreux problèmes qui sont les nôtres en ce moment. Mais, dans la forme, il s’agit d’un camouflet, au sens militaire du terme. Cette décision, concertée pour le moins, imposée pour le plus, est une charge qui asphyxiera les bonnes intentions de la justice malienne, aux yeux du peuple.

Les voies de la justice devraient être parsemées d’indépendance mais les voix de la dépendance lui chuchotent la conduite à tenir sur le dossier Sanogo. Reste à espérer qu’il s’agit là du seul dossier où il est toléré ces concertations entre l’exécutif et le judiciaire. Ceux, en cours, sur la corruption viendront sans doute nous donner tort.

Y.K

Source: Bamakonews

 

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