Pour amorcer ensemble l’entrée en 2020, l’Ambassadeur du Maroc au Mali, Son Excellence Hassan Naciri, a offert, le 28 décembre 2019, un déjeuner de presse pour faire le point, avec les hommes de médias, de la situation au Mali en proie à une crise multidimensionnelle depuis 2012, mais aussi jeter un regard sur les 20 ans de règne de Sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc. C’était en présence du ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement, Yaya Sangaré, des patrons des faitières de la presse au Mali et de nombreux confrères.
Diplomate chevronné et présent au Mali depuis des années, Son Excellence Hassan Naciri a saisi l’occasion pour magnifier le travail de la presse malienne qui, pour lui, constitue aujourd’hui une marque de vitalité démocratique et sociale et qui prend sans aucun doute une place considérable dans la vie du pays. Surtout en ces temps de crise ! Et de déclarer que « la presse a encore un nouveau rendez-vous avec l’Histoire et se doit aujourd’hui de prôner et défendre pro domo l’unité du pays, sa sécurité intérieure et la cohésion de toutes ses composantes dans un pays pluriel, réconcilié et apaisé ».
S’agissant des relations entre le Royaume du Maroc et le Mali, l’Ambassadeur Naciri a estimé qu’elles ont connu une nouvelle impulsion depuis les visites royales de 2013 et 2014. Sans revenir sur les multiples résultats positifs de ces visites royales historiques, Naciri pense que force est de constater que les mois suivants ont connu une dynamique générale ayant touché tous les secteurs, les deux pays ayant ratifié les conventions signées, et entamé la mise en œuvre de 17 accords et conventions.
A la faveur de ces conventions et accords, plusieurs actions ont été réalisées dont la formation (recyclage) de jeunes inséminateurs maliens en 2014 et en 2015 ; l’octroyé au Mali d’un lot de semences ainsi que des équipements et des matériels d’insémination pour une valeur estimée à trois millions de dirhams financé entièrement par la Fondation Mohammed VI pour le développement durable ; la réalisation d’une clinique périnatale à Bamako par la Fondation Mohammed VI pour le développement durable ; la réalisation à Bamako d’un Centre de formation professionnelle ; la formation de 500 imams maliens, dont la dernière promotion est sortie en mi-décembre. Dans le cadre des programmes de coopération bilatérale et tripartite, l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) organise périodiquement, en partenariat avec des organismes maliens, des sessions de formation en faveur des cadres maliens.
De 50 à plus de 200 bourses par an
Et Son Excellence Mohamed Naciri de souligner : « Il y a lieu de noter aussi que le Maroc a procédé depuis 2013 et via l’AMCI au quadruplement du nombre de bourses passant de 50 à plus de 200 bourses par an. A cela s’ajoutent des formations de courts séjours profitant aux cadres civiles sécuritaires et militaires maliens. Six autres accords ont été signés en 2018, dont un accord de coopération militaire. Au cours de la même année, une convention de partenariat a été signée entre le Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) et l’Ecole de maintien de la paix (EMPABB) de Bamako qui a instauré une coopération fructueuse et régulière entre les deux Institutions. Dans le même esprit, une vingtaine d’accords de coopération ont été finalisés ou en passe de l’être ».
Le partenariat Mali-Maroc occupe, selon lui, une place privilégiée au regard du caractère historique et multidimensionnel de nos relations sous l’impulsion de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI et de Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta. Profitant de cette occasion, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré a salué les avancées réalisées par le Maroc sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI tout en faisant part de la volonté du Mali de renforcer davantage cette coopération fructueuse dans tous les domaines au service des intérêts des deux peuples frères.
Le ministre Yaya Sangaré, au nom du gouvernement du Mali, a salué la coopération exemplaire et multiforme entre le Royaume du Maroc et la République du Mali. Selon lui, a République du Mali et le Royaume du Maroc sont deux pays frères et amis dont les relations d’amitié remontent à plusieurs séculaires. Des relations qui sont au beau fixe sous la vision éclairée du Roi Mohammed VI, et qui se renforcent davantage depuis l’arrivée de l’Ambassadeur Hassan Naciri au Mali.
Vingt ans de dur labeur
Parlant des actions de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, l’Ambassadeur Hassan Naciri dira « Au Maroc, l’année 2019 a une résonnance particulière puisqu’elle a marqué le 20è anniversaire de l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et a offert une occasion précieuse de faire le bilan du travail abattu et de déterminer les défis futurs ». Vingt ans après, comme l’avait souhaité Mohammed VI, « le Maroc du troisième millénaire apparait en effet plus moderne et développé, mais aussi plus démocratique » aujourd’hui.
En témoigne la réalisation d’énormes projets et réformes politiques et socio-économiques au profit du peuple marocain. Aussi citera-t-il, entre autres, la création de l’Instance équité et réconciliation (IER) dont la mission consistait non pas à “juger”, mais à “rétablir la vérité” pour “se réconcilier”. Concilier le Maroc avec son passé et ce, pour consolider, maintenir et promouvoir les droits de l’Homme ; la promulgation d’un nouveau Code de la famille “Moudawana” en 2004 ; la réforme constitutionnelle de 2011 (6e Constitution de l’histoire du Royaume, après celles de 1962, 1970, 1992 et 1996) ; la régionalisation avancée qui vise le renforcement de la participation de la population de chaque région dans la prise de décision ; l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), programme lancé en 2005 et axé sur la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale.
Au-delà de la création de richesse par l’accélération de l’investissement dans l’infrastructure et la réalisation de grands projets, on peut citer le grand projet Noor visant à réduire la dépendance énergétique aux combustibles fossiles dont le Maroc est importateur à 95 %, les Autoroutes, le Port Tanger-Med, le TGV Albouraq.
« Le Maroc dispose aujourd’hui de près de 1800 km d’autoroutes opérationnelles. Et 70 % des grandes villes du pays sont reliées par des autoroutes. Le Tanger Med est l’un des plus grands projets structurants réalisés ces dernières années. Tanger Med est devenu un hub portuaire, logistique, industriel et commercial de dimension internationale. Avec son dernier agrandissement achevé en 2019, il devient le premier port et la première plateforme de conteneurs en Méditerranée et se hisse dans le Top 20 mondial. Ce qui permet de hisser le Maroc à la 16e place du classement mondial de connectivité maritime établi par la Cnuced”.
Sur le plan de la politique étrangère, le Maroc a connu de profondes transformations dans ses priorités thématiques et spatiales, avec l’inauguration de plus d’une trentaine d’Ambassades et de Consulats marocains à travers le monde. Dans ce registre, la question du Sahara et la défense de l’unité territoriale du Maroc constituent la priorité de la diplomatie marocaine. Toujours sur la question du Sahara, Naciri a rappelé que le 31è Sommet de l’Union africaine, réuni à Nouakchott en juillet 2018, a consacré définitivement la primauté du processus onusien dans la gestion de cette question.
L’Afrique au cœur des priorités
Durant ces deux dernières décennies, l’Afrique a aussi été au centre d’intérêt du Maroc suivant une conviction royale selon laquelle “l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique”. Ainsi, on note dans ce registre qu’en moyenne, depuis 2008, 45 % des flux annuels d’investissement directs marocains à l’étranger se font sur le continent, dont environ 90 % en Afrique subsaharienne, tout particulièrement au sein de la Cédéao, où le Royaume est devenu le premier investisseur africain.
Depuis son retour au sein de l’Union Africaine, le Maroc s’inscrit dans cette dynamique et plus particulièrement par son entrée au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans l’espérance d’un avenir commun de paix et de sécurité à construire entre Africains, sachant que le Royaume possède une réelle expérience en termes de médiation et d’intervention dans les questions de paix et de sécurité en Afrique. Déjà en 2018, il a été élu à la majorité, membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avant d’en présider, pour la première fois, les destinées durant septembre 2019.
De plus, le Roi du Maroc a été choisi comme leader de l’UA sur la question de la migration et a produit une politique africaine volontariste dont les premiers fruits sont l’Observatoire africain de la migration, basé à Rabat. Mais avant d’apporter sa contribution continentale, le Maroc avait adopté une politique nationale de migration qui a permis la régularisation à ce jour, de 34 000 personnes sur son sol.
SEKOU TAMBOURA
JE TEMOIGNE
« Grâce à la magnanimité de Sa Majesté le roi Mohammed VI, j’ai pu éviter l’amputation du pied »
La coopération diplomatique et (de plus en plus) économique entre la République du Mali et le Royaume du Maroc est suffisamment vantée et assez connue du milieu intellectuel et, désormais, de la société. Mais, ce qui l’est moins du grand public, c’est ce grand élan humanitaire et de solidarité à l’endroit de personnalités et citoyens maliens de la part du Souverain chérifien, le roi Mohammed VI, notamment dans le domaine des évacuations sanitaires. Je suis un témoin privilégié de ces actions spontanées de cœur de Sa Majesté, saisie des faits et sollicitée par ses Ambassadeurs au Mali. En effet, je suis un rescapé à l’amputation. Voici le récit :
« Jeudi 12 août 2010, 1er jour de ramadan, peu après la rupture du jeûne, je quitte la ville pour aller remettre le matériel de travail à mon rédacteur en chef, Idrissa Abocar Maïga, à son domicile, avant dernière maison avant le rondpoint de Sabalibougou sur l’autoroute de l’Aéroport de Bamako. Et pour cause : je devais rester en permanence au chevet de ma chère mère, plongée dans un coma profond suite à un AVC survenu le 08 août et dont le pronostic vital était engagé (je tais le verdict du personnel médical des CHU Gabriel Touré, puis Point G).
Au bord de la route, je sors de ma voiture, câble le chef, qui me rejoint. Je lui fais part de l’objet de cette visite inopinée et lui remets le dictaphone et l’appareil photo. Ensuite, nous engageons les bénédictions d’usage sur l’état de santé de la maman et les discussions sur l’avenir du journal. On était entre 19h et 20h. Puis, plus rien. Tous les deux, nous nous reveillons aux services des urgences de l’hôpital Gabriel Touré. Que s’est-il passé ? Nous avons tout simplement été mortellement fauchés par une voiture de marque Toyota RAV dont le contrôle avait échappé à sa conductrice, la fille d’une ministre de la République en activité à l’époque et d’un ancien ministre.
Au CHU Gabriel Touré, le double verdict des imageries est sans appel : « traumatisme crânien » pour Idrissa Abocar Maïga et « fracture fermée du tiers inférieur de la diaphyse fémorale gauche » pour moi-même. En français facile, mon fémur gauche avait été broyé.
Vu la gravité de la fracture, j’ai décidé d’être transféré à l’hôpital de Kati, réputé être mieux équipé en matière de traumatisme. Mais, au bout de près d’un mois, mon pied était toujours suspendu en l’air sous le poids de l’attelle installée. La raison ? Pas de plateau, ni de matériel adéquats et nécessaires pour procéder à l’opération. Solution : l’amputation ou l’évacuation.
Alors, j’en informe mon patron, Cheickna Hamalah Sylla, directeur de publication du journal L’Aube. L’homme connait la générosité, le sens de l’entraide et la magnanimité du souverain le roi Mohammed VI. Alors, il sollicite son concours par l’intermédiaire de Son Excellence Moulay Driss Fadhil, Ambassadeur au Mali de Sa Majesté le roi. La réquête est acceptée et le dossier confié à l’Agence marocaine de Coopération internationale (AMCI).
Après 29 jours d’hospitalisation à Kati sans espoir d’éviter l’amputation, SM le roi Mohamed VI, le commandeur des croyants (Amir Al Mouminine), arrive en sauveur.
Le jeudi 09 septembre 2010, à 06h00, je voyage « en immobilisation provisoire et en position allongée sur civière » à bord du vol AT 524 de Royal Air Maroc. Douze places assises à l’arrière de l’avion sont pliées pour suspendre mon lit royal. A 09h00, à l’Aéroport de Casablanca, le peloton d’accueil est royal. Je suis transféré dans une ambulance médicalisée, direction Rabat. A 12h, je suis admis au prestigieux Hôpital militaire d’instruction Mohamed V de Rabat. Après un premier diagnostic rapide, il s’avère que ma situation, telle que décrite sur les documents médicaux transmis aux responsables du service Traumatologie par mon médecin accompagnant, Dr Ousmane Diakité, ne nécessite pas le plateau d’urgence. Au contraire, à cause d’un médicament que je prenais tous les jours au Mali, j’étais interdit d’être opéré entre 38 et 10 jours.
Le lundi 20 septembre, le Pr. Zakariaa Raissouni, traumatologue-orthopédiste, en charge de mon dossier, et son équipe, procèdent à l’opération de mon pied, qui, rappelons-le, avait déjà des séquelles de poliomyélite. J’ai suivi l’opération de bout en bout pendant 3 heures d’horloge sur anesthésie locale. Un moment, j’ai dû dire « aux bouchers » de placer l’aluminium entre ma tête et le reste du corps. Passionnant, impressionnant, admiratif, mais difficile à regarder pour les âmes sensibles ! Au bout du compte, un franc succès ! Dès le lendemain, j’ai commencé la rééducation.
Dans la nuit du vendredi 1er au samedi 02 octobre, j’étais à l’Aéroport international de Bamako Sénou (actuel Aéroport international Modibo Kéïta Sénou) et parmi les miens une heure plus tard.
Voilà comment j’ai pu éviter le pire et, Dieu MERCI, je marche toujours sur mes deux plantes de pied. Grâce au Tout puissant et à Sa Majesté le roi Mohammed VI, le responsable du domaine religieux.
Selon des sources dignes de foi, depuis son arrivée au Mali en janvier 2012, Hassan Naciri, actuel Ambassadeur de SA Majesté, œuvre beaucoup et en toute discrétion dans ce genre d’actions humanitaire et de solidarité.
Après cette épreuve douloureuse, dont je continue à gérer malgré tout les séquelles, je trouve ici l’occasion de remercier particulièrement certaines personnes, en plus de celles dont les noms sont déjà cités plus haut. Il s’agit, pêle-mêle, de Hamady Tamboura dit Samba, Habib Sissoko, Dramane Doumbia, Alou Badra Haïdara, Amadou Toumani Touré, Pr Sékou Sidibé, Pr Aly Guindo, Pr Zakaria Raïssouni, Mahamadou Samaké dit Sam, Boukary Sidibé dit Kolon, Seydou Nantoumé et Arouna Modibo Touré. A elle, s’ajoute ma famille, notamment mes enfants. Chacun se reconnaîtra dans le geste qu’il a fait ou sacrifice qu’il a consenti.
Enfin, je rends grâce à Allah d’avoir retrouvé à sa maison ma mère dont « la mort n’a plus eu lieu ». Pour la petite histoire, son réveil du coma (pronostiqué fatal) m’a été annoncé quelques minutes seulement après la bonne nouvelle venue du Maroc. »
SEKOU TAMBOURA*
*Directeur de publication du journal « Info Soir »
Infos Soir