Les violences à l’égard des femmes sont un phénomène en pleine recrudescence dans les sociétés contemporaines. Paradoxalement, elles se passent à cette période où l’on se bat le plus souvent pour la cause de ces êtres toujours ignorées dans les sociétés. Tout compte fait, toute forme de violence relève d’une certaine ignorance ou de la non-maîtrise de soi, donc d’une bassesse intellectuelle. Pour donner un avant-goût au sujet traité, méditons sur ce passage tiré de Parité hommes-femmes: une énigme à briser: « Une fois que nous évoquons le nom de la femme, il s’agit de l’histoire d’un « être-de-seconde-classe », d’un « être-sans-voix », d’une « esclave » qui n’a aucun droit et par conséquente victime de toutes les formes d’exploitations, de toutes les injustices. »
La violence physique, psychologique et morale sont quelques formes de violence que subissent ces « êtres-sans-voix », ces « déclassées-sociales » que sont les femmes. Les coups, les flagellations, les injures, les conditions de vie misérables malgré tous les moyens à la disposition du mari sont le sort de beaucoup de femmes dans nos sociétés.
À ces violences, il convient d’ajouter les mariages forcés, l’excision, etc. En effet, le choix des jeunes filles n’est pas respecté lors de leur mariage. Elles sont forcées d’aller vivre avec des hommes qu’elles n’aiment pas ou encore pendant que leur âge ne leur permette pas de consommer un mariage. La plupart de ces mariages nourrissent des formes de violences qui vont des viols jusqu’au suicide.
À côté de cela, nous avons l’excision qui continue d’être une pratique au sein de nos sociétés et cela, malgré l’interdiction de nos autorités. Cette pratique constitue une violence à l’égard de la dignité, mais aussi des droits de la jeune fille puisqu’il est interdit de faire saigner ou de couper une partie d’une personne sans son accord. À ces propos, voici l’auteur de Parité hommes-femmes: une énigme à briser : « La violence n’est pas que physique, elle peut être psychologique ou verbale. Alors ces inégalités auxquelles les femmes sont victimes constituent une méconnaissance de leur « être-au-monde ».
Cependant, il convient de remarquer que la plupart de ces violences se profitent de la faiblesse de la condition féminine; faiblesse due au poids des traditions culturelles et religieuses. Ces violences sont entretenues par le genre masculin à l’égard du genre féminin.
La plupart de nos traditions considèrent la femme comme un être de « seconde-classe », un « sous-homme », une « prisonnière » dont toute la fonction se résume à la reproduction. C’est ce qu’Edgar Morin tente de nous dévoiler à travers ce passage de son livre, la Voie: pour l’avenir de l’humanité : « La femme s’occupe des enfants, ramasse le fourrage et les végétaux pour l’alimentation, fait la cuisine, confectionne poteries, tissus, bijoux. »Cela est une vérité de nos sociétés traditionnelles et résume parfaitement l’activité des femmes dans ces sociétés phallocratiques.
Toute l’éducation de la femme se faisait dans le sens de son rôle de la maternité. C’est dans cette optique que Simone de Beauvoir écrivait dans le Deuxième Sexe: « On ne naît pas femme, on la devient. » C’est également ce que j’écris dans Parité hommes-femmes: une énigme à briser: « L’inégalité n’est pas naturelle, mais provoquée. »
Dans le cadre des religions, c’est tout récemment que les femmes ont été autorisées à conduire seules les voitures en Arabie Saoudite sinon elles étaient tenues de se faire accompagner. Les religions font de la femme une soumise. Elle doit rester soumise à son mari de qui il vient puisqu’elle est issue des côtes de ce dernier. On fait d’elle l’origine des péchés pour avoir violé le pacte divin.
Les hommes se fondent sur ces préjugés sur la femme pour leur faire subir toutes les formes de violences dont on ne peut imaginer. Pour résumer, voici ce que nous rapporte un écrivain contemporain : « Si jusque-là, les femmes peinent encore à s’ « affirmer-dans-le-monde », c’est parce qu’elles ont toujours été réprimées, été sous le poids des pressions d’une société phallocratique qui ne les ait laissés aucune liberté, aucun épanouissement. Ces figures qui leur fussent pression et qui continuent jusqu’à présent sont la culture et la religion. Traditionnellement et religieusement, la femme fut de tout temps regardée comme une domestique, une prisonnière, un « objet-de-jouissance » entre les mains de son mari. »
Cependant, une sensibilisation de grandes ampleurs peut contribuer à diminuer les violences contre les femmes. Il faut éduquer les femmes dans le sens de l’égalité et de leur liberté. C’est tout le sens des propos suivants tirés d’un livre: « […] Il importe de mener une sensibilisation voire une éducation afin d’améliorer l’image de la femme dans la société. Elle ne doit plus continuer à être considérée comme un « sous-homme », mais comme un « ayant-droit ». Les droits de l’homme sont aussi ceux de la femme. Alors, les femmes méritent tout le respect ; elles doivent s’impliquer désormais dans tous les secteurs d’activité. »Cela doit constituer tout le sens des combats féministes dans le monde comme nous laisse entendre Kirikoustra dans son ouvrage le Voyage de Krikoustra: « Le véritable féminisme est donc celui qui se bat pour les libertés de la femme. »
Aucune violence n’est justifiable, alors, les droits de l’homme et de la femme doivent être strictement observés afin de diminuer les violences à l’égard de ces êtres meurtries dans nos sociétés. À cet effet, les instances chargées de la défense des droits des femmes doivent jouer pleinement leur rôle d’instance de juridiction pour une diminution certaine de ces violences physiques, psychologiques, morales, maternelles, etc.
Fousseni TOGOLA, journaliste-blogueur à Doniblog
Le Pays